« En parler ne fait pas mourir, mais cela facilite les choses »

« En parler ne fait pas mourir, mais cela facilite les choses »
« En parler ne fait pas mourir, mais cela facilite les choses »

La crémation est de plus en plus choisie par les Français pour leurs funérailles, une pratique particulièrement répandue dans l’Est de la , conduisant à la création de nouveaux établissements.

La crémation est de plus en plus choisie par les Français pour leurs funérailles (image d’illustration).

ats

Si en 1980, le taux de crémation en France était de 1 %, aujourd’hui il grimpe à 40 % et 250 000 crémations sont réalisées chaque année. À Haguenau, cela concerne plus de six personnes décédées sur dix.

« En Alsace, et en Alsace du Nord en particulier, les gens demandent de plus en plus à être incinérés », constate Isabelle Deutschmann, adjointe au maire de la deuxième ville du Bas-Rhin.

Face aux « longues listes d’attente » de familles qui ont dû se tourner vers les crématoriums de Strasbourg ou de Moselle, la ville a construit ses propres équipements, inaugurés en septembre. Il s’ajoute aux plus de 200 en France. « Il s’agit vraiment de répondre à un changement des pratiques face à la mort », explique l’adjoint au maire.

“Précurseur”

“Le taux de crémation augmente régulièrement en France, pour des raisons d’évolution des mentalités, de dématérialisation des mémoires, de rupture de la cellule familiale, etc. et dans certaines régions, ce taux augmente davantage, entre autres pour des raisons historiques et religieuses”, Michel Kawnik, fondateur et directeur de l’Association française d’information sur les pompes funèbres (Afif), s’en explique à l’AFP.

En Alsace, cela s’explique en partie par la présence de protestants, qui autorisent la crémation depuis la fin du XIXe siècle. « Certains me demandent si le fait d’être incinéré n’empêchera pas Dieu de les ressusciter mais je les rassure », rapporte le pasteur Jehan Claude Hutchen, inspecteur ecclésiastique de Strasbourg, rappelant le passage de la Bible : « vous êtes poussière et vous retournerez à poussière. Côté catholique, l’Église n’interdit plus la crémation depuis 1963.

Aujourd’hui, dans le Grand Est, plus d’un défunt sur deux est incinéré, ce qui en fait la région où cette pratique est la plus répandue. Dans le sud de l’Alsace, près de Mulhouse, deux crématoriums sont distants d’à peine 3 kilomètres l’un de l’autre. La première a été créée en 1978, à une époque où cette pratique était marginale.

“En 1978, il fallait encore être un peu pionnier pour s’orienter vers la crémation, ce n’était pas quelque chose de courant, mais ça a quand même décollé assez vite”, souligne Ingrid Bourgeois-Muller, responsable des affaires funéraires à Mulhouse. .

Depuis les années 2010, le taux de crémation à Mulhouse dépasse les 50 %. Un choix destiné à éviter d’imposer aux proches la « charge » de l’entretien d’une tombe : « Désherber, nettoyer un monument, faire des réparations de temps en temps quand quelque chose casse, ça peut être rebutant. »

« Plus de liberté »

Selon elle, la crémation offre « plus de liberté » : les cendres peuvent être dispersées dans un jardin commémoratif, dans la nature ou être conservées dans une urne placée dans un columbarium ou un caveau funéraire.

Aujourd’hui, la crémation est choisie par « toutes les catégories sociales, de l’ouvrier au PDG », souligne Ingrid Bourgeois-Muller. « Il y a encore des religions où cela n’est pas possible », note-t-elle, faisant référence au judaïsme et à l’islam, mais « cela pourrait évoluer, comme le christianisme a évolué ».

Pour M. Kawnik, l’intérêt des Français s’explique par “des raisons de coût et d’organisation : nous considérons que la crémation est beaucoup plus simple”. Evolution des mentalités, déclin de l’influence religieuse, mais aussi manque de place dans les cimetières, les explications sont multiples.

Selon une étude du Crédoc publiée en mai 2024, 51 % des sondés préféraient la crémation pour leurs funérailles contre 30 % pour un enterrement. Au total, 24% des sondés justifient cette préférence « pour ne pas gêner la famille » et 18% par des raisons écologiques. « On propose des cercueils qui ne sont pas en bois massif. Il existe même des cercueils en carton, beaucoup moins polluants», décrit M. Kawnik.

A Haguenau, Isabelle Deutschmann a fait son choix : “J’ai déjà dit à mon mari et à mes enfants que je voulais être incinérée”, ne se voyant pas “enfermée dans un cercueil souterrain”. Pour elle, quel que soit le choix, il est important de l’exprimer. « En parler ne tue pas, mais cela facilite les choses. »

 
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