Ecole de commerce : le bac+5 fait toujours la différence

Ecole de commerce : le bac+5 fait toujours la différence
Ecole de commerce : le bac+5 fait toujours la différence

Retrouvez les articles dans notre supplément spécial Classements 2024 des écoles de commerce

A peine diplômé, Maxime n’a pas cherché longtemps à trouver son premier emploi. Lors de son master en ressources humaines à Kedge Business School, sur le campus de Bordeaux, son directeur aimait faire venir dans les cours des professionnels de différents secteurs. « L’un d’eux était consultant chez Sopra Steria Next. Je connaissais peu ce métier qui m’a tout de suite intéressé », raconte Maxime, diplômé en 2023.

En cours, il pose de nombreuses questions à cet expert en conseil (Sopra Steria est spécialisé dans le conseil et les services en technologies). À tel point que la conversation se poursuit par appels vidéo, avant que Maxime postule pour rejoindre l’entreprise, puis soit embauché.

Du rôle de consultant, le jeune originaire de l’île d’Oléron (Charente Maritime) apprécie les exigences, le fait de devoir s’adapter et passer d’un sujet à l’autre. « J’aimais beaucoup les ressources humaines mais craignais qu’un premier emploi dans ce domaine ne me donne une étiquette dont j’aurais du mal à me débarrasser plus tard », explique Maxime, qui n’exclut pas de revenir un jour à ses premières amours. . Aujourd’hui, il doit aborder un sujet bien précis, la santé. « Nous travaillons sur le portail numérique permettant à tous les acteurs du secteur de s’équiper et de financer leurs projets », explique Maxime.

Tout en sachant que, dans quelques mois, il pourra être amené à découvrir un tout autre domaine pour conseiller un client, qu’il soit une banque, un industriel ou un acteur public. « Cela ne me fait pas peur. J’ai acquis des méthodes de travail qui me permettent de comprendre rapidement une problématique, même complexe. Cela me surprend parfois moi-même», se réjouit celui qui se rend à son tour à Kedge BS pour inspirer les étudiants du master.

Un marché prudent

À l’échelle nationale, les jeunes diplômés des écoles de commerce restent populaires. « Le master reste une clé pour les recruteurs. Il n’y a pas de débat”, assure Oualid Hatroubi, directeur général du cabinet de recrutement Hays France. Le millésime 2024 ne devrait toutefois pas être aussi prolifique que les précédents. « Nous sommes actuellement dans un… marché de recrutement étrange. Les crises géopolitiques et l’inflation compliquent tout investissement. Cela vaut également pour le recrutement », explique Oualid Hatroubi.

Une prudence qui ne concerne pas certains secteurs en pénurie de talents, comme l’intelligence artificielle, le numérique dans son ensemble ou encore les fonctions liées à la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). En même temps, les grands classiques demeurent. « Banque et assurance, audit et conseil, commerce et distribution : ces trois domaines embauchent chacun plus de 20 % de nos diplômés », constate Tamym Abdessemed, directrice d’Excelia Business School, à La Rochelle.

Les prestataires d’emploi habituels sont donc présents. A cela s’ajoutent quelques avancées technologiques (12 % des embauches de jeunes diplômés Excelia l’an dernier) ou encore du luxe (15 %). Au total, l’école indique que 92% de ses diplômés 2023 sont désormais en emploi, dont 90% en CDI.

Bonus au réseau scolaire

Avant de recruter un jeune, les employeurs regardent-ils attentivement le classement de leur établissement ? Pas vraiment, selon le directeur général de Hays France. « Sortir d’une école du top 3 est un critère pour des entreprises bien précises. Il s’agit généralement de grands cabinets de conseil. Au-delà de ce podium, c’est plutôt le réseau qui joue un rôle. » Une entreprise qui cherche à recruter rapidement aura tendance à se tourner vers les écoles qu’elle connaît ou dont sont issus ses salariés. D’où l’importance pour les candidats de s’adresser au réseau des anciens élèves de leur école.

Certains parviennent à proposer une insertion professionnelle de meilleure qualité que ne le laisserait penser leur classement. L’Institut Mines Télécom Business School (IMT BS) située à Évry Courcouronnes n’est par exemple pas l’école de management la plus connue ni la mieux classée (18ème de notre classement). Pourtant, ses diplômés sont appréciés. « La rémunération qu’ils perçoivent est celle d’un établissement du top 7 », précise Herbert Castéran, directeur d’IMT BS. Soit 43 876 euros net par an en moyenne, selon les établissements. Et quoi qu’on pense de cet indicateur, “IMT BS est l’école qui place le plus d’étudiants dans les entreprises du CAC 40”, ajoute Herbert Castéran.

L’écart entre la classification et la qualité de l’insertion est dû à plusieurs raisons. A commencer par le positionnement historique de cette école, très liée au monde numérique. IMT BS fait en effet partie du groupe Mines Télécom et partage le même campus que l’école d’ingénieurs. « De ce fait, nos étudiants connaissent parfaitement la culture technologique. Cela leur permet de parler à tout le monde dès leur arrivée dans l’entreprise. Dans le domaine de l’audit ou même dans l’industrie, c’est un avantage évident», selon le directeur d’IMT BS. Sur le marché du travail, cela se traduit par un taux de 45% de jeunes diplômés occupant un poste lié aux TIC (Technologies de l’Information et de la Communication), contre 13% pour les autres écoles de commerce de la région. CGE (Conférence des Grandes écoles). Voire même 30 % dans un cabinet d’audit, contre 22 % pour l’ensemble des écoles.

« Les PME régionales sont poussées à proposer de bons salaires pour attirer des candidats extérieurs aux grandes villes »

Côté salaire, la rémunération affichée – 43 003 euros net par an (hors primes) en moyenne selon la CGE – ne dit pas tout. Des disparités existent selon le secteur choisi. Les jeunes managers qui se lancent dans la finance se voient proposer des salaires plus élevés que dans le marketing par exemple. Il en va de même pour les postes franciliens, mieux dotés que leurs homologues régionaux, même si l’écart tend à se réduire. « Les PME régionales sont poussées à proposer de bons salaires pour attirer des candidats extérieurs aux grandes villes », observe Oualid Hathroubi. Autrefois très attirés par la capitale, les diplômés sont désormais mieux répartis sur le territoire, constate-t-on chez Excelia. « On arrive presque aux trois tiers : un tiers en Île de France, un autre en province et le troisième à l’international », selon Tamym Abdessemed.

En période d’inflation, le salaire – déjà le critère n°1 dans le choix d’un poste – prend encore plus d’importance. « Entre 2022 et 2023, la rémunération d’un premier emploi est passée d’environ 42 000 à 44 000 euros. Le contexte économique y est pour beaucoup», constate-t-il encore. Sauf que ce même contexte pousse aussi les entreprises à rester prudentes sur le niveau de rémunération. « S’ils augmentent une position de 1 000 euros, cela leur coûte plus du double », rappelle Oualid Hathroubi.

D’où une propension à offrir des avantages en nature de plus en plus variés. « Plus personne ne joue au baby-foot ! » En revanche, nous proposons volontiers à nos salariés une place en crèche, une bonne assurance maladie, des abonnements à la salle de sport, Netflix, etc. Le tout hors taxes », explique le directeur de Hays France. Des prestations qui, prises ensemble, ont un impact bien réel sur le niveau de vie.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV La Chine oblige TSMC à produire des puces moins puissantes pour contourner l’embargo
NEXT Le salon automobile de Genève sabordé face à la baisse d’intérêt des constructeurs