Du gouffre budgétaire du MR à l’omission de l’écologie… Ce qu’il faut retenir du chiffrage des promesses électorales des partis politiques

Du gouffre budgétaire du MR à l’omission de l’écologie… Ce qu’il faut retenir du chiffrage des promesses électorales des partis politiques
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1. Le chiffre n’est pas un bulletin scolaire, juste un outil pédagogique

Ces chiffres ne constituent en aucun cas un rapport que le Bureau du Plan (BFP) remettrait aux partis. D’abord parce que ces derniers ont pu présenter une trentaine de priorités, et non l’intégralité de leur programme, et donc seules ces mesures ont été quantifiées. Et puis surtout parce que délivrer un tel bulletin n’est pas le rôle de l’institution. “Cette mission [du chiffrage]qui est au cœur du rôle du Bureau du Plan, est de fournir des personnalités neutres, objectives et indépendantesa commenté mardi Baudouin Regout, le commissaire au Plan. Nous ne portons aucun jugement sur les parties.

Comment le Bureau du Plan décortiquera et quantifiera les promesses électorales des partis

Par ailleurs, le BFP est soumis à des contraintes méthodologiques, scientifiques et de faisabilité qui font qu’il n’a pas pu quantifier l’ensemble des mesures. L’intérêt de l’outil réside dans son approche pédagogique et sa contribution au débat démocratique. Cela permet d’avoir une idée précise de l’impact des mesures des partis sur une série d’indicateurs, de les comparer, et d’éviter que les politiques ne disent des bêtises sur leur programme ou celui des autres…

2. La comparaison n’est pas une raison. Le MR en est l’exemple.

Le site conçu par le BFP permet de comparer l’impact de toutes les mesures proposées par les partis sur le déficit public, la dette de l’État, la création d’emplois, les émissions de CO2, etc. Mais ces comparaisons doivent être prises avec prudence. Comme les partis n’ont déposé qu’une trentaine de propositions tout au plus, il leur sera facile d’affirmer qu’un effet négatif généré par l’un d’entre eux pourrait être compensé par un autre trouvé dans leur programme électoral, mais non soumis au BFP.

De même, les partis ont pu soumettre les mesures qui parlaient le plus à leur électorat, sans trop se soucier de l’impact global. Le cas de MR est exemplaire.

Le parti propose d’augmenter le quota d’exonération d’impôt à plus de 15 000 euros d’ici 2029. Coût compris : plus de 10,2 milliards d’euros. Globalement, le bilan budgétaire du MR est catastrophique. Avec ces mesures, le déficit public plongerait à 7,6% du PIB en 2029 (contre 5,6% selon le scénario de référence, à politique inchangée, adopté par la BFP) et la dette s’élèverait à 121,5%.

A l’inverse, la MR affiche le meilleur bilan en termes d’emploi (un taux d’emploi porté à 75,9%, contre 74,3 selon le scénario de référence), en termes de croissance économique (+1,7% du PIB, contre +1,3% selon le scénario de référence). le scénario de référence) et le pouvoir d’achat (+11,9%, au lieu de +7%).

A noter qu’aucun parti ne parvient à réduire le déficit public en dessous de 3%, limite autorisée par l’Europe. Seule la N-VA s’en rapproche, à 3,6%.

Découvrez le coût des promesses électorales des partis politiques

3. Des effets très variables sur le pouvoir d’achat

Les partis augmentent tous le pouvoir d’achat des ménages (le revenu disponible pour être précis). Mais de manière inégale. Pour le PS, le MR et Défi, avec certes des nuances entre eux, plus un ménage a déjà des revenus élevés (sauf pour les plus riches), plus il bénéficiera des mesures que proposent ces partis (entre 28 euros et 224 euros de plus). par mois pour le PS ; entre 8 et 384 euros pour le MR ; entre 80 et 407 euros pour Défi). Pour Les Engagés, les revenus sont équitablement répartis entre tranches de revenus, mais très faibles (maximum 36 euros par mois).

Du côté flamand, les mesures proposées par la N-VA et l’Open VLD, qui prévoient de supprimer une série de prestations, feront perdre de l’argent aux faibles revenus (jusqu’à 122 euros de moins par mois pour la N-VA et 118 euros pour l’Open VLD). Enfin, les mesures proposées par Groen sont celles – de loin – qui favorisent le plus les revenus les plus faibles (+777 euros).

4. L’environnement, grand absent des priorités

Les parties ont été invitées à soumettre leurs mesures prioritaires. Ils ont apporté beaucoup en termes de fiscalité (24% des mesures soumises), de fonctionnement de l’administration (16%) ou encore de marché du travail (14%). Beaucoup moins sur le paquet « énergie, mobilité, environnement » (à peine 9 % des mesures). Si l’écologie avait été un marqueur de la campagne électorale de 2019, au moment des marches pour le climat, ce n’est plus le cas aujourd’hui.

Sur la base des propositions soumises, nous constatons que seuls six partis sur douze améliorent la trajectoire actuelle de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la Belgique. En tête, sans grande surprise, les Verts de Groen et Écolo, suivis de peu par le PTB, puis Les Engagés et, plus loin, le PS et la N-VA. En revanche, le Vooruit, Défi et surtout Open VLD, CD&V, Vlaams Belang et MR ont proposé des mesures qui, globalement, dégradent la trajectoire de réduction des GES.

« Il est facile de reprendre les propositions du PTB et de dire ensuite que c’est un parti qui ne propose pas de solutions »

5. Le salon de l’impôt sur la fortune

Quatre partis ont proposé un impôt sur la fortune, chacun avec ses propres critères. Selon les estimations utilisées par le BFP, la proposition d’Ecolo rapporterait plus de 3,6 milliards d’euros par an à l’État ; celui de Groen, 2 milliards ; celui du PTB, 3,9 milliards ; enfin celui du PS, qui bat tous les records, plus de 7,5 milliards…

« Au-delà de la fiscalité de la fortune elle-même, celle des revenus du patrimoine mérite tout un débat car elle a un impact visible », a constaté Baudouin Regout mardi. L’idée n’est donc plus de taxer directement la possession de biens, certes élevés, mais les revenus que cela génère. Ainsi, l’impôt sur les plus-values ​​sur les actions des Engagés et du PS rapporterait près de 2,9 milliards par an ; celui d’Écolo, relatif aux plus-values ​​générées par la revente d’actions, plus de 1,7 milliard. Peut-être un indice pour le prochain gouvernement.

 
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