EDF et le sud-coréen KHNP en finale pour le juteux marché tchèque de l’EPR

EDF et le sud-coréen KHNP en finale pour le juteux marché tchèque de l’EPR
EDF et le sud-coréen KHNP en finale pour le juteux marché tchèque de l’EPR

Dernière ligne droite dans la course pour remporter un gros contrat nucléaire à Prague. D’un côté, le français EDF et de l’autre, le sud-coréen. Énergie hydroélectrique et nucléaire de Corée (KHNP). Les deux concurrents ont soumis mardi leurs offres finales pour construire jusqu’à quatre tranches nucléaires en République tchèque, a annoncé mardi CEZ, le groupe public d’électricité du pays.

Les fournisseurs ont soumis une offre mise à jour pour une cinquième unité à Dukovany et trois autres unités » à Temelin, a indiqué CEZ dans un communiqué. ” Nous allons maintenant évaluer les offres et soumettre un rapport au ministère de l’Industrie et du Commerce et au gouvernement tchèque pour approbation finale. a déclaré Tomas Pleskac, membre du conseil d’administration de CEZ.

Un premier réacteur qui pourrait être lancé en 2036

A l’issue de cet appel d’offres, les contrats avec l’énergéticien lauréat devraient être prêts à être signés d’ici le 31 mars 2025, a précisé CEZ, précisant que le premier réacteur devrait être lancé en 2036.

Pour rappel, en 2022, Prague avait lancé un appel d’offres de plusieurs milliards de dollars pour la construction d’un nouveau réacteur atomique. Dans ce contexte, Fin octobre, EDF a soumis une offre ferme portant sur un réacteur et trois autres réacteurs de 1 200 mégawatts (MW) en option.soit une puissance inférieure à celle des EPR français en construction ou à l’étude. Mais le gouvernement a depuis déclaré qu’il souhaitait des offres fermes pour quatre nouvelles unités dans ses usines de conception soviétique de Temelin et de Dukovany.

Nucléaire : EDF débarque en force à Prague pour vendre ses EPR à la République tchèque contre le KHNP sud-coréen

Prague avait par ailleurs éliminé de la course le géant américain Westinghouse en raison des lacunes de son offre. Ceci, tandis queL’entreprise américaine figurait parmi les favorites, après avoir remporté la construction d’une centrale nucléaire en Pologne voisine, grâce à sa technologie AP1000. Egalement les candidats,Le russe Rosatom et le chinois CGN ont été exclus pour des raisons de sécurité.

Synergies industrielles

Selon Luc Rémont, PDG du groupe EDF, adopter les solutions EDF basées sur son réacteur EPR 1200 « créera un précédent pour notre continent, pivot d’une industrie nucléaire européenne plus résiliente et indépendante « .

Et d’ajouter : « En rejoignant la communauté européenne de l’EPR, la République tchèque bénéficiera d’un effet flotte important et de multiples synergies industrielles entre les programmes nucléaires actuels et futurs en France, au Royaume-Uni et au-delà. « .

De son côté, Jooho Whang, directeur général du groupe sud-coréen KHNP, a assuré que le réacteur APR1000 proposé par sa société répondait aux normes européennes les plus strictes. Autre argument avancé par le dirigeant : son entreprise s’engage à achever le premier réacteur » d’ici 2036 « .

De nouveaux besoins énergétiques

À ce jour, le groupe énergétique public CEZ exploite six tranches nucléaires dans les deux centrales électriques situées dans le sud du pays, qui ont produit l’année dernière environ 40 % de la production totale d’électricité de la République tchèque, qui reste encore à forte intensité de carbone. en raison de l’exploitation de nombreuses centrales électriques au charbon.

Mais de nouveaux besoins énergétiques sont apparus ces dernières années dans le pays. Son gouvernement a récemment déclaré que la production énergétique tchèque allait augmenter rapidement dans les années à venir et que ce pays de 10,9 millions d’habitants, membre de l’Union européenne, devait remplacer ses ressources obsolètes et fortement émettrices. de gaz à effet de serre. D’où sa volonté d’agrandir son parc atomique.

Opération séduction d’EDF

Ces derniers mois, le géant français de l’électricité a mis les bouchées doubles pour convaincre l’exécutif tchèque de la qualité de son offre nucléaire. Début mars, des représentants de l’ensemble de la filière nucléaire française ont participé à un forum franco-tchèque à Prague, lors de la visite du président de la République Emmanuel Macron. A l’ordre du jour : renforcer la coopération bilatérale entre les deux pays sur l’industrie de la défense, le soutien à l’Ukraine et… le nucléaire civil.

Course aux nouveaux réacteurs nucléaires : la startup Jimmy franchit une étape clé, mais les plus grands défis restent à venir

Parmi les membres de cette délégation se trouvait, sans surprise, le PDG d’EDF Luc Rémont. Ce dernier était accompagné des directeurs d’Orano (géant du cycle du combustible atomique) et de ceux de Framatome (artisan historique des réacteurs français). François Jacq, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA), était également du voyage.

Des avantages à souligner

Pour réussir, EDF mise sur le contexte géopolitique et les enjeux de souveraineté énergétique, exacerbés par la guerre en Ukraine. « Notre offre est indépendante, toute la propriété intellectuelle se situe au sein du groupe EDF et de son secteur. Elle s’appuie également sur des fournisseurs 100 % européens. » ainsi affirmait, en octobre dernier, Vakis Ramany, responsable du développement des nouveaux projets nucléaires internationaux chez EDF.

Interrogé par l’agence Reuters, Marc-Antoine Eyl-Mazzega, directeur du Centre énergie et climat à l’Institut français des relations internationales (Ifri), estime qu’EDF « a de solides cartes à jouer » face aux Coréens, en ce qui concerne « la proximité stratégique entre la République tchèque et la France » et sa proposition d’impliquer largement l’industrie tchèque dans le projet.

Nucléaire : après 12 ans de retard, EDF va enfin mettre en service l’EPR de Flamanville

L’un des principaux risques, ajoute l’expert, résidera dans la capacité d’EDF à certifier l’EPR 1200, qu’elle n’a jamais construit – en s’assurant que les autorités de sûreté n’exigeront pas d’adaptations coûteuses de ce modèle.

C’est une très bonne idée de simplifier, mais il ne faut pas croire que la certification sera beaucoup plus facile et plus rapide. Il s’agit d’un nouveau réacteur, il doit donc franchir cette étape absolument cruciale, et les autorités tchèques doivent être convaincues et avoir pleinement confiance. », insiste Marc-Antoine Eyl-Mazzega.

Pour EDF, un premier nouveau contrat majeur avec Hinkley Point

Si EDF remporte cet appel d’offres, ce serait son premier projet de nouveau réacteur signé depuis Hinkley Point C (HPC), en Angleterre, en 2016. Et cet appel d’offres constitue aussi un test de confiance pour le groupe public français, face à les retards et l’explosion des coûts de l’EPR de Flamanville (Manche) et des deux tranches HPC. Bref, EDF doit désormais convaincre ses clients potentiels de sa capacité à améliorer ses performances.

Comment EDF veut pousser TotalEnergies à financer son parc nucléaire

Il est clair que tous les regards sont tournés vers la décision de Prague », a déclaré mardi Vakis Ramany à l’agence Reuters, avant de soumettre l’offre actualisée. Et d’ajouter : « Il est pour nous très important d’avancer dans cette perspective tchèque et d’affirmer dans quelle mesure elle définira, d’une certaine manière, la suite de l’histoire du nouveau nucléaire en Europe. »

L’électricien français devrait connaître prochainement le résultat de cet appel d’offres. En effet, le gouvernement tchèque prévoit de départager les deux finalistes cet été. Si EDF sortait gagnant, ce projet devrait être moins risqué pour elle, financièrement. Et pour cause, contrairement aux sites britanniques et normands, EDF n’envisage pas d’investir sur fonds propres pour la construction de ces réacteurs tchèques.

(Avec AFP et Reuters)

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV la liste complète des équipements de la version Techno 52 kWh
NEXT Nouvelles rénovations pour le Club Med Les Boucaniers