AA – Kinshasa – Pascal Mulegwa
Les autorités de la République démocratique du Congo (RDC) ont accusé jeudi le groupe américain Apple d’utiliser dans la conception de ses produits des minerais « illégalement exploités » dans des mines de l’est du Congo au sein desquelles « de nombreux droits humains sont bafoués ».
Le gouvernement congolais a déclaré dans un communiqué avoir mandaté les avocats Robert Amsterdam et William Bourdon qui “ont mis en demeure Apple et ont en même temps adressé une série de questions à son directeur Tim Cook”, souligne le document.
Les inquiétudes congolaises reposent sur la persistance de « l’utilisation par l’entreprise de minerais extraits sur le territoire national illégalement et en violation des droits de l’homme », affirment les avocats de Kinshasa qui exigent des réponses « claires » de la part d’Apple et de ses filiales en France. dans un délai de trois semaines.
Dans sa plainte, la RDC souligne les « incohérences qui existent entre les affirmations d’Apple concernant la vérification de l’origine des minéraux (étain, tantale et tungstène) et la réalité du terrain ».
Kinshasa accuse en effet la multinationale américaine d’utiliser dans ses appareils des minéraux « achetés principalement au Rwanda alors même que ce pays affiche une production quasi nulle de ces minéraux ».
Pour Kinshasa, ces pratiques « illégales » dont la contrebande et le blanchiment d’argent « financent les groupes armés, alimentent la violence et exacerbent les crises humanitaires et environnementales » dans l’est de la RDC, ravagé par les violences depuis 30 ans au lendemain du génocide rwandais. Des dizaines de groupes rebelles sont actifs dans la région, luttant pour le contrôle des terres et des ressources économiques, exacerbant ainsi les conflits ethniques.
Les accusations visant Apple et le Rwanda interviennent dans un contexte de tensions entre la RDC et son voisin (le Rwanda) qu’elle accuse de soutenir les rebelles du M23 (mouvement du 23 mars) dans l’Est congolais. Les autorités rwandaises l’ont toujours nié, mais accusent la RDC de soutenir les rebelles repliés sur le territoire congolais depuis le génocide.
Apple et les autorités rwandaises n’ont pas encore réagi officiellement aux accusations de Kinshasa.
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