Le métier de colporteur sur la Côte-Nord est en train de disparaître avec la distribution dès la semaine prochaine des journaux locaux par les employés de Postes Canada.
Ce changement, déjà apporté dans plusieurs régions du Québec, est mal accueilli par plusieurs facteurs.
«Nous avons tous cette peur, cette angoisse de ce poids que nous devrons porter sur notre dos, jour après jour», a témoigné Jean-Sébastien Thiffault, facteur pendant 11 ans à Sept-Îles.
Il verra sa tâche et ses sacs augmenter à partir du 1er mai. Chaque semaine, il devrait distribuer au journal local, le nouveau dépliant publicitaire baptisé « Raddar » aux 750 portes de son secteur, en plus des lettres, colis et circulaires qu’il doit déjà livrer.
De facteur, il a l’impression de se transformer en colporteur. Lui et plusieurs de ses collègues craignent avant tout une augmentation des risques d’accidents corporels.
« C’est l’usure que cela va apporter, jour après jour, semaine après semaine, sur le dos, les articulations, les genoux. Le poids cumulé que nous portons entraînera des blessures et de la fatigue », a-t-il expliqué.
Les facteurs sont susceptibles de parcourir de plus grandes distances puisqu’ils devront revenir plus fréquemment aux boîtes relais pour remplir leurs sacs.
« On est limité dans nos sacs, on ne peut pas avoir trop de stock. Nous avons une limite de 35 livres que nous emportons avec nous. Il va falloir revenir se ressourcer, revenir là où on devait continuer», a indiqué Jean-Sébastien Thiffault.
Raddar rassemble les circulaires de plusieurs commerçants. Sa mise en œuvre prévoyait une réduction de la quantité de publicité diffusée dans les foyers.
C’est le contraire qui s’est produit, selon le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes qui représente 11 000 travailleurs de Postes Canada au Québec.
La distribution par les facteurs Raddar en plus de celle des circulaires est déjà établie dans plusieurs régions du Québec. Ce changement aurait entraîné d’importants mouvements de personnel.
« Il y a eu des départs, il y a eu des gens qui sont épuisés. Il y a eu des blessés, beaucoup de découragement», a déclaré Judith Nadeau, dirigeante régionale du syndicat qui demande à Postes Canada de mettre en place de nouveaux outils pour aider les facteurs et facteurs dans cette transition.
L’ajout d’une douzaine de boîtes relais à Sept-Îles fait partie des mesures envisagées, mais elles n’ont toujours pas été installées, une semaine avant le début de la distribution de Raddar et du journal local.
«Les anciens facteurs doivent se demander où va ce métier», a demandé Jean-Sébastien Thiffault.
Il n’a pas encore remis en question son choix de carrière, mais il ne persistera pas dans son métier de facteur s’il se rend compte qu’il est en train de s’épuiser.
“Si à un moment donné c’est trop dur physiquement, si cela m’emmène au-delà de ce que je suis capable de supporter, j’évaluerai certainement mes options pour l’avenir.”
