Pourquoi la vitesse sera-t-elle réduite de 70 à 50 km/h ? – Mon Blog

Pourquoi la vitesse sera-t-elle réduite de 70 à 50 km/h ? – Mon Blog
Pourquoi
      la
      vitesse
      sera-t-elle
      réduite
      de
      70
      à
      50
      km/h
      ?
      –
      Mon
      Blog
-

Une mesure choc, mais pour quel but ? Ce mardi matin sur RTL, la maire de Paris Anne Hidalgo a annoncé qu'à partir du 1er octobre, la vitesse maximale autorisée sur le périphérique entourant la capitale serait abaissée à 50 km/h, contre 70 km/h actuellement.

Lors de son interview radiophonique, Anne Hidalgo n'a pas fourni de justification à ce changement, rappelant simplement que la municipalité parisienne « y travaille depuis 2018, ce n'est donc pas un sujet nouveau ». On peut donc s'interroger sur les raisons qui ont motivé la concrétisation de cette mesure envisagée depuis longtemps.

Il y a quelques jours, la maire de Paris affirmait dans une interview à Ouest France qu'il s'agissait d'une « mesure de santé publique pour les 500 000 personnes qui vivent à proximité du périphérique ». Cet enjeu sanitaire s'appuie sur des éléments très concrets, relatifs à la population atmosphérique.

Selon l'organisme Atmo France (qui regroupe les différentes associations agréées de surveillance de la qualité de l'air), l'exposition aux particules fines, générée en grande partie par le trafic automobile, serait en effet responsable d'environ 40 000 décès par an en France.

Directement lié à cet objectif sanitaire, un autre objectif affiché de l’équipe municipale est de contribuer à la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Adopté par le Conseil de Paris en décembre 2023, le Plan Climat 2024-2030 propose notamment des pistes pour permettre à la capitale de réduire « son empreinte carbone de 80 % ».

Parmi les mesures phares, il est préconisé de « transformer le périphérique en boulevard urbain, avec une vitesse réduite à 50 km/h ». « Cela permettra de réduire la pollution de l'air, l'exposition au bruit pour les riverains vivant à proximité du périphérique, et de fluidifier les déplacements entre Paris et les communes voisines », soutiennent ensuite les auteurs du rapport.

Sur le papier, l’abaissement de la limite de vitesse à 50 km/h devrait donc avoir trois principaux effets vertueux : une réduction de la pollution de l’air (et donc des émissions de gaz à effet de serre), une réduction des nuisances sonores et une fluidité du trafic. Or, cette triple promesse semble contredire, en partie, les travaux menés jusqu’ici sur le sujet.

Dans son entretien à RTL, Anne Hidalgo précise que la proposition de limiter la vitesse à 50 km/h est initialement issue d'un rapport sur l'avenir du périphérique parisien présenté en 2019 par l'élu centriste Éric Azière, conseiller municipal UDI du 14e arrondissement. Or, si ce rapport préconise bel et bien d'abaisser la vitesse maximale sur le périphérique, il émet également d'importantes réserves sur les potentiels bénéfices écologiques d'une telle mesure.

La question de la pollution de l’air est l’un des premiers sujets abordés par ce rapport 2019, qui relève que le périphérique est « responsable à lui seul d’un sixième de la pollution au dioxyde d’azote à Paris ». « Nous avons un problème très grave lié au périphérique, confirme Cécile Honoré, responsable du service Etudes d’Airparif. Nous avons des niveaux très élevés et des dépassements très sévères. »

Le rapport précise ensuite que la réduction de la vitesse maximale de 80 à 70 km/h, entrée en vigueur en 2014, a « produit des effets bénéfiques » sur la pollution de l’air, mais ajoute qu’« il ne faut pas considérer, cependant, qu’une réduction de la vitesse maximale ou de la vitesse moyenne réduit automatiquement la pollution de l’air. Curieusement, cela peut être tout le contraire. En fait, les moteurs thermiques ont chacun leur propre plage d’efficacité. Dans cette plage, ils polluent peu, en dessous et au-delà, ils polluent beaucoup plus ».

« À 70 km/h, c’est super, c’est là qu’on pollue le moins », illustre Fouad Awada, directeur général de l’Institut d’urbanisme et d’aménagement d’Ile-de-France (IAU-IDF), cité dans le rapport. « En revanche, dès qu’on descend en dessous de 50 km/h, on commence à polluer davantage et dès qu’on dépasse 80 à 90 km/h, on pollue aussi. Plus on réduit la vitesse en dessous de 50 km/h, plus ça pollue. »

« La limitation de vitesse à 70 km/h sur le périphérique est proche de l’optimum pour les émissions de polluants atmosphériques », confirme Aurélie Solans, conseillère municipale en charge de l’environnement, également citée dans le rapport 2019. « On n’obtiendrait pas aujourd’hui de réels gains en abaissant la vitesse limite en termes de qualité de l’air. » Anne Hidalgo la présente désormais comme une « mesure de santé publique », mais il semble donc qu’abaisser la vitesse limite à 50 km/h n’aura qu’un impact très limité sur l’environnement.

Si l’argument de la réduction de la pollution de l’air contredit les conclusions du rapport 2019, qu’en est-il des deux autres ? En matière de pollution sonore, Eric Azière note que « l’abaissement de la vitesse maximale de 80 km/h à 70 km/h depuis 2014 a contribué à une réduction des niveaux de bruit, estimée par Bruitparif à une réduction d’environ 1,2 dB la nuit (-10 %) et 0,5 dB (-5 %) le jour ».

« La baisse limitée s’explique notamment par un maintien de la vitesse moyenne grâce à une meilleure fluidité du trafic », ajoute l’auteur du texte. Est-il possible de réduire encore davantage ces nuisances sonores en fluidifiant encore davantage le trafic ? Le texte ne répond pas explicitement à cette question, mais considère la décongestion du périphérique comme un objectif à atteindre.

Ainsi, parmi les mesures préconisées pour 2030 pour « lutter contre la pollution de l’air et du bruit et réduire l’exposition des riverains », le rapport propose de « baisser la vitesse à 50 km/h afin d’améliorer la fluidité du trafic ». Cet objectif d’amélioration de la fluidité du trafic, qui devrait notamment produire des effets vertueux en matière de pollution sonore, semble donc être la principale raison justifiant la décision annoncée ce lundi matin par la maire de Paris.

A plus long terme, l'idée est aussi de poursuivre l'exploitation de cette transformation du périphérique en « boulevard urbain » évoquée dans le Plan Climat de décembre 2023. Selon le site Caradisiac, « l'objectif est de transformer cette 'coulée grise' en 'coulée verte', en réduisant l'espace de circulation à deux voies, soit trois de moins qu'aujourd'hui. Une troisième voie serait réservée à la mobilité partagée et aux transports en commun, dans la continuité de ce qui a été mis en place pour les Jeux olympiques. »

On retrouvait déjà des traces de cette réflexion dans le rapport de 2019, où Jean-Louis Missika, ancien adjoint à la maire de Paris, chargé de l’urbanisme, assurait que « l’abaissement de la limitation de vitesse à 50 km/h permettrait l’installation de pistes cyclables et la diversification des modes de mobilité » sur le périphérique, qui pourrait ainsi être ouvert aux « vélos, vélos cargos, vélos à assistance électrique, voire trottinettes électriques ».

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Les réseaux sociaux s'enflamment après l'annonce du concert d'Imagine Dragons – Mon Blog
NEXT L'intégralité du Good Evening Business du lundi 9 septembre