Deux candidats à l'élection présidentielle de ce samedi 7 septembre en Algérie, l'islamiste Abdelaali Hassani et le socialiste Youcef Aouchiche, ont contesté ce lundi le taux de participation et le pourcentage de voix en leur faveur, annoncés par l'autorité électorale, l'Anie, dénonçant une “fraude”.
Devant la presse à Alger, Abdelaali Hassani a néanmoins reconnu la victoire du président sortant Abdelmadjid Tebboune.
Le président du MSP (Mouvement de la société pour la paix), principal parti islamiste, était l'un des deux candidats en lice face à Abdelmadjid Tebboune avec Youcef Aouchiche, le leader du FFS (Front des forces socialistes), le plus ancien parti d'opposition.
Des « chiffres falsifiés » sur la participation dénoncés
La participation était l'enjeu principal de ce scrutin dont Abdelmadjid Tebboune était le grand favori.
Abdelaali Hassani a dénoncé une « fraude » avec des « chiffres falsifiés » sur la participation « dès samedi après-midi », exigeant que cesse « la mascarade ». Il a également contesté le pourcentage de voix qu'il a obtenu : seulement 3,17%, Youcef Aouchiche remportant 2,16% des voix, selon l'Anie.
Pour le scrutin de 17 heures, l'Anie avait annoncé “un taux de participation moyen” d'environ 26%, soit sept points de moins qu'à la même heure en 2019.
Peu après, l'autorité a prolongé d'une heure l'ouverture des bureaux de vote jusqu'à 20 heures. Vers minuit, le président de l'Anie, Mohamed Charfi, a annoncé “un taux de participation moyen de 48,03%”, calculé en faisant la moyenne des relevés par préfecture (au nombre de 58) alors que le taux de participation correspond au nombre de votants divisé par le nombre d'inscrits.
Recours devant la Cour constitutionnelle
S'adressant lundi aux médias, Youcef Aouchiche a dénoncé des « fraudes planifiées et complètes », exprimant sa « grande inquiétude » face au « manque de transparence » et à « l'ambiguïté entourant le processus de collecte et de proclamation des résultats provisoires ».
“Le pays se trouve dans une situation très inconfortable, voire dangereuse”, a déclaré le chef du FFS, réclamant “une enquête approfondie” pour “déterminer les responsabilités, notamment concernant l'Anie”, censée “assurer la transparence” du scrutin.
« L’ANIE porte l’entière responsabilité de ces dérives dangereuses qui minent le scrutin », a critiqué Youcef Aouchiche, annonçant un recours contre les chiffres préliminaires devant la Cour constitutionnelle. Cette instance devra examiner tous les recours et valider les résultats définitifs.
Irrégularités
Ce dimanche, l'Anie a annoncé une victoire d'Abdelmadjid Tebboune avec « 94,65% des voix » et « 5,32 millions de voix » sur « 5,63 millions de voix » pour les trois candidats, sans communiquer les bulletins blancs ou nuls, ni de nouveaux chiffres sur la participation.
Pour l'analyste Hasni Abidi, le score record d'Abdelmadjid Tebboune n'est « pas une surprise », mais il n'a pas réussi à mobiliser les électeurs : « il n'a recueilli que 319 000 voix depuis 2019 et n'a mobilisé qu'un peu plus de 5 millions d'électeurs sur 24 millions d'inscrits, soit moins d'un quart ».
Dans un geste inédit ce dimanche vers minuit, les trois candidats, dont Abdelmadjid Tebboune, ont publié un communiqué commun pour dénoncer « des irrégularités dans les résultats proclamés par l’Anie ».
Ils ont critiqué « un flou et des contradictions dans les chiffres de participation », évoquant également « une erreur dans l'annonce des pourcentages pour chaque candidat » et « des données contradictoires avec les rapports de décompte des voix » envoyés par les commissions électorales locales.
Dans la nuit, l'Anie a répondu qu'elle « continuait à recevoir les originaux des rapports » des préfectures « qu'elle transmettra à la Cour constitutionnelle dès réception ».
Article original publié sur BFMTV.com
