le désarroi de “ceux qui ne le trouvent pas” – rts.ch

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La Suisse connaît une période de quasi plein emploi et certaines entreprises ont du mal à trouver du personnel. Il est donc compliqué, dans ce contexte, d’expliquer qu’on est au chômage. Entre frustration et incompréhension, 15 Minutes est allé à la rencontre de ceux qui sont laissés pour compte.

Ce matin-là, au Fond de teint Mode d’emploi, Ana Costa doit revoir son CV avec son conseiller. Cela fait maintenant un an que cette maman a trouvé du travail dans le secteur du nettoyage et cela lui pèse. « Mon mari est décédé et, avec deux enfants, je n’y arrivais pas. J’ai été obligé de fermer l’entreprise. Si je n’ai pas un salaire à 100 %, je ne peux pas vivre avec. mes deux enfants. Le but c’est vraiment de sortir du chômage pour faire la maison et pour les enfants », confie-t-elle.

C’est plutôt une question d’incompréhension de ne pas savoir pourquoi ils se trouvent dans cette situation.

Bora Studemann

Remonter le moral d’Ana Costa pour qu’elle n’abandonne pas, tel est le rôle de Bora Studemann. Cette conseillère en développement professionnel et psychologue suit des personnes en difficulté de réinsertion professionnelle. Alors, en cette période de quasi plein emploi en Suisse, avec un taux de chômage de 2,4% en moyenne nationale, les chômeurs se sentent-ils davantage coupables d’être au chômage ?

« C’est plutôt une question d’incompréhension de ne pas savoir pourquoi ils sont dans cette situation, pourquoi ils ne trouvent pas (…) le fait de ne pas comprendre ce qu’ils font de bien ou de mal. Après, quand on est au chômage, on éprouve peut-être ce sentiment de honte parce qu’on n’est pas dans la norme, et quand on n’est pas dans la norme, on peut être stigmatisé”, explique Bora Studemann.

>> Écoutez le reportage de 15 Minutes :

Plein emploi : la détresse de ceux qui « ne le trouvent pas » / 15 minutes / 14 min. / hier à 12h40

Étendre les recherches

Si être au chômage est une période déjà compliquée pour beaucoup, se retrouver en fin de droits accroît encore ce malaise. C’est le cas de Daniela. Cette quinquagénaire dynamique a deux rendez-vous à ne pas manquer cet après-midi à Vevey (VD) : son dernier rendez-vous en visioconférence avec l’Office régional de placement (ORP) et sa partie hebdomadaire de Scrabble avec son amie Martine.

Daniela n’a plus le choix, elle doit élargir ses recherches pour éviter le couperet. « Je recherche dans le domaine des assurances, mais je peux aussi faire de l’administration ou de l’accueil. Là, je peux te dire que je dépose même mes dossiers pour aller nettoyer les bureaux le soir, parce qu’à un moment donné, tu as peut-être des CFC, tu parles des langues, mais à la fin du mois, il faut payer les factures », admet-elle.

Le passage à l’aide sociale

La partie de scrabble commence, chaque joueur pioche ses lettres. Martine, également au chômage, est agacée par les annonces régulièrement publiées dans les médias. «Souvent, le Conseil fédéral nous dit qu’il y a une baisse du chômage, ouais! Puis au final, les gens comme moi qui sont en fin de droits depuis plus d’un an, on ne compte plus. “

Waouh ! Moi, je cherche du travail. Mais il n’y a personne pour te donner une réponse

Daniela

Ce qui surprend Daniela, c’est d’apprendre que les entreprises ont du mal à recruter. « Waouh ! Je cherche du travail. Mais personne ne pourra vous répondre. C’est sûrement mon âge qui pose problème. On a l’impression que c’est une spirale quand on est là-dedans et qu’on n’en sortira jamais. Si Martine et Daniela se soutiennent, au scrabble en revanche, il n’y a pas de cadeau et Martine n’hésite pas à lui voler sa place pour mettre ses mots.

Borda Studemann, conseillère à la Fondation Instructions pour l’Emploi, et Ana Costa, à la recherche d’un emploi. [RTS – Tristan Miquel]

Pour Gilles Vuille, chef de service au sein de la Fondation Instructions pour l’Emploi, psychologue et ancien conseiller ORP, ce dernier entretien officiel, avant de quitter les statistiques du chômage, est très important. « Ces situations qui mettent fin aux droits sont souvent très complexes. J’aurais tendance à vouloir faire comprendre à cette personne qu’il faut, à ce moment-là, élargir le plus possible les cibles de la recherche. Parce que l’aide sociale est beaucoup plus intrusive dans tout ce qui touche à l’analyse des revenus et à l’analyse des dépenses. Donc ça va devenir plus compliqué», dit-il.

Selon lui, à ce stade, il faut prendre du recul par rapport au travail idéal et ne pas être trop difficile. « On dit aussi que le travail appelle le travail, donc trouver une activité salariée même si elle n’est pas idéale n’empêche pas de continuer à chercher le travail que l’on a finalement vraiment envie de faire. », conclut-il.

Le dernier entretien de Daniela avec l’ORP s’est bien passé. «Ma conseillère est sympa car elle va quand même soumettre mon dossier à une ou deux entreprises», dit-elle. « Et puis je vais voir si je vais m’inscrire au Revenu d’intégration (RI) ou pas, je vais me renseigner. Mais c’est très soudain, je ne m’y attendais pas », s’étonne Daniela.

Cléa Favre, Tristan Miquel

 
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