un module destiné aux marins pour mieux comprendre la propulsion éolienne

un module destiné aux marins pour mieux comprendre la propulsion éolienne
Descriptive text here

Qui aurait pu prédire, il y a vingt ans, que la propulsion éolienne ferait son grand retour sur les navires marchands ? Ce qui semblait hier futuriste et utopique ou complètement obsolète, selon vos choix, devient de plus en plus courant aujourd’hui. Les armateurs français comme Louis Dreyfus Armateurs, Marfret, Alizé, Iliens ou Grain de Sail utilisent déjà des navires équipés de systèmes très différents (voiles flexibles, rotors, profils aspirés, voire systèmes d’ailes de cerf-volant). D’autres suivront rapidement (TOWT, Ponant, Orient Express, Sailcoop, Vela). Technologies disponibles « sur étagère » pour réduire la consommation de carburant et les émissions de gaz à effet de serre des navires, ces systèmes permettent aux navires de répondre aux normes de l’OMI (-20 % d’émissions de gaz à effet de serre en 2030, puis 70 % en 2040 et neutralité carbone en 2050).

Sur les navires, les marins doivent aussi s’adapter. « Il y a une demande de compréhension de ce que sont ces systèmes de navigation, un intérêt fort, mais aussi des interrogations », observe Lise Detrimont, coordinatrice de l’association Wind Ship. « Quand on entre dans une école ou qu’on veut embarquer, on n’imagine pas forcément avoir des voiles ou des systèmes de navigation à manœuvrer », explique-t-elle à Mer et Marine. Des systèmes très différents les uns des autres. Certains nécessitent un accès au masthead, tandis que d’autres sont entièrement automatisés.

Travail en équipe

Face à ces questions, Wind Ship a répondu en 2020 à un appel à manifestation d’intérêt (AMI) du Corimer (Conseil d’Orientation de la Recherche et de l’Innovation pour l’Industrie Maritime). L’association, qui promeut la propulsion éolienne, a proposé de développer une formation des marins et un simulateur de pont pour que les équipages puissent « bien comprendre le retour de l’utilisation de l’énergie éolienne avec des systèmes de voilure de différents types à bord des navires », précise Lise Detrimont. Un consortium réunissant le Campus des Industries Navales, l’association Wind Ship, l’École Nationale Supérieure Maritime et D-ICE Engineering a lancé un projet intitulé DIGI4MER, financé à hauteur de 45 % par le Programme d’Investissements d’Avenir.

Premier référentiel

Un « work package » a été prévu pour les marins et Wind Ship a travaillé avec l’ENSM (Ecole nationale supérieure maritime) sur le contenu pédagogique. Il semblait difficile d’envisager rapidement une évolution de la Convention STCW (Convention internationale sur les normes de formation, de délivrance des brevets et de veille pour les gens de mer) intégrant la propulsion éolienne dans la formation initiale déjà très dense. « Nous avons donc proposé à la place un module de formation continue », poursuit Lise Detrimont. « Si nous l’avons proposé, c’est parce qu’il existe aujourd’hui relativement peu de formations de ce type. » L’Enkhuizen College, aux Pays-Bas, propose bien une série de cours en présentiel, mais il n’y a aucun lien entre ces différents cours. «Nous souhaitions proposer un référentiel avec un corps organisé, une synthèse et toutes les notions à acquérir.»

Sept armateurs (Zéphyr & Borée, TOWT, Neoline, Grain de Sail, Ponant, Energry Observer, Compagnie maritime nantaise du groupe Sogestran) et un affréteur (TotalEnergies) ont été mobilisés dans le cadre d’un groupe de travail pour travailler sur le sujet afin qu’il répond le mieux à leurs besoins. Météorologie, rappel des principes physiques de l’hydrodynamique et de l’aérodynamique, effets sur le comportement du navire, manœuvres, routage, sécurité, ou encore présentation des différentes technologies font partie des sujets abordés dans ce module qui s’adresse aux marins ayant au moins un Capitaine 200 équivalent. Il se présente sous la forme d’un parcours détaillé mis en ligne et accessible en envoyant un message à Wind Ship, qui demande de compléter un accord d’autorisation. L’association souhaite savoir qui la consulte et avoir des retours.

Bien entendu, cela ne remplacera pas une formation d’équipementier à bord destinée aux marins travaillant sur un voilier afin de leur expliquer certaines spécificités des équipements.

De nouvelles perspectives

Si le module peut être suivi en autonomie, une offre de formation continue sur cette base devrait être proposée par l’ENSM. L’école pourrait également intégrer des compétences en voile dès la rentrée prochaine. Par ailleurs, des discussions sont en cours avec le « Future Fuels and Technology Project » mené par l’OMI avec l’idée d’intégrer ce cours en ligne.

Spécifications d’un simulateur

Pour la partie pratique, Wind Ship a travaillé avec D-ICE Engineering sur le développement d’un simulateur de pont. En cas d’échec, tous les spécifications étaient élaborées. « Il faudrait trouver des intéressés pour construire directement le simulateur en intégrant directement le noyau de simulation développé par D-ICE Engineering », présente Lise Detrimont. « Aujourd’hui, il n’existe pas beaucoup de fournisseurs de simulateurs de ponts. Ce n’est pas un marché simple, mais il y a peut-être des possibilités d’aller un peu plus loin, d’être proactif pour avoir ce type d’outil, sachant que le voilier est une première brique des nouvelles technologies et qu’« il faudra les intégrer dans simulateurs de ponts à l’avenir.

© Un article de la rédaction de Mer et Marine. Reproduction interdite sans le consentement du ou des auteurs.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Agnico Eagle, Pet Valu Holdings et Lion Électrique
NEXT La cybercriminalité en hausse grâce à l’intelligence artificielle