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Une nouvelle fois sous le feu des projecteurs, Boeing fait face à une énième accusation concernant un manquement grave aux normes de sécurité. Après le suicide présumé du tristement célèbre John Barnett, un autre ingénieur, Sam Salehpour, a dénoncé l’entreprise pour avoir bâclé la construction et l’assemblage des fuselages des Boeing 787, les rendant susceptibles de se briser en plein vol avec le temps. L’ingénieur sera appelé à témoigner devant la sous-commission permanente des enquêtes du Sénat américain la semaine prochaine.
Les allégations de Salehpour constituent un nouveau coup dur pour Boeing, dont la réputation est déjà sérieusement entachée par de graves accidents successifs. Parmi les plus notables, on peut citer celui du 5 janvier, au cours duquel le butoir de porte (qui sert à bloquer une sortie et qui n’est pas censé s’ouvrir) d’un Boeing 737 Max d’Alaska Airlines s’est détaché en cours de vol. L’événement, devenu viral, a suscité une véritable vague de polémique et fait encore aujourd’hui l’objet d’une enquête fédérale. La série 737 Max est également impliquée dans les accidents dramatiques survenus en 2018 et 2019, qui ont coûté la vie à 346 personnes.
Salehpour, qui travaille pour Boeing depuis plus d’une décennie, dénonce d’importantes lacunes dans le processus de fabrication du Boeing 787 (aussi surnommé Dreamliner). Selon l’ingénieur, l’entreprise fait appel à différents prestataires pour fabriquer les différentes sections du fuselage. Ce procédé permet notamment des économies importantes en coûts et en temps de fabrication. Il s’agit, entre autres, d’un « raccourci » qui permettrait de respecter les délais de production de l’entreprise.
Salehpour a déclaré — dans une interview avec New York Times — que cette méthode permet d’accélérer le processus de fabrication, mais au détriment de la durée de vie de l’avion. Boeing a également été pointé du doigt à plusieurs reprises pour ses délais de production serrés et son non-respect des normes de sécurité, comme nous le rapportions dans un précédent article d’enquête.
En effet, une fois arrivées sur la chaîne d’assemblage final, les pièces du Boeing 787 ne s’assemblaient plus correctement. Pour y remédier, certains ingénieurs auraient tendance à exercer des contraintes mécaniques excessives sur les joints pour donner l’impression que les pièces s’emboîtent correctement et qu’il n’y a pas d’espace entre elles. Selon le lanceur d’alerte, cela signifie que les fuselages risquent de s’effondrer à mesure que les avions s’usent au fil des vols.
Problèmes de sécurité similaires pour la série 777
La dénonciation de Salehpour intervient après celle de Barnett, qui avait signalé des problèmes de contrôle qualité sur les Boeing 787 et 737 Max. Comme Barnett, Salehpour aurait subi des représailles de la part de l’entreprise après avoir soulevé des questions sur les problèmes qu’il avait constatés. Il a non seulement été exclu des réunions clés, mais a également été réaffecté de force au programme 777 de l’entreprise. Mais là encore, il constate les mêmes problèmes de pièces mal alignées, assemblées « en force ».
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Salehpour a déposé ses conclusions auprès de la Federal Aviation Administration (FAA) américaine, qui a confirmé avoir reçu l’information, mais a jusqu’à présent refusé tout commentaire avant la fin des investigations. De son côté, Boeing a déclaré avoir continué à affiner et à améliorer le processus de fabrication de la série 787 depuis son lancement il y a 20 ans. Par ailleurs, paradoxalement, l’entreprise affirme encourager les points de vue dissidents dans un souci d’amélioration.
Cependant, bien que Lisa Banks, l’avocate représentant Salehpour, ait reconnu que l’entreprise avait apporté des améliorations au processus de fabrication du Boeing 787, elle a déclaré que cela ne suffisait pas à garantir leur sécurité. En revanche, la compagnie a nié les allégations de l’ingénieur concernant des problèmes avec les avions 777. Nous sommes pleinement confiants dans la sécurité et la durabilité de la famille 777 », a indiqué l’entreprise dans un communiqué.
En réponse aux critiques et en attendant le témoignage de Salehpour, Boeing a remanié une partie de ses cadres, dont David Calhoun, l’actuel PDG, qui a annoncé sa démission d’ici la fin de l’année. Le groupe a entamé une procédure similaire lorsque Dennis Muilenburg, l’ancien PDG, a démissionné suite aux événements de 2018 et 2019. Par ailleurs, la FAA a imposé un délai à l’entreprise pour élaborer un plan d’action visant à résoudre les problèmes récurrents de contrôle qualité dans ses processus de fabrication. .
