Et si Toyota avait raté le coche sur la voiture électrique à cause d’appréhensions injustifiées sur la quantité de lithium ? Voilà une explication qui pourrait en effet permettre de mieux comprendre certains discours du constructeur japonais.
Malgré un récent engouement en faveur des voitures électriques, Toyota semble encore particulièrement réticent à se mobiliser sur cette technologie. Une vision dépassée sur la rareté du lithium pourrait expliquer l’origine de cette position de l’entreprise depuis des années. C’est ce que souligne une analyse du média Automobilwoche du 25 mars.
Toyota est le précurseur de l’hybride depuis la fin des années 90. On pouvait donc imaginer que le constructeur, qui a contribué à l’électrification du parc automobile mondial, serait l’un des premiers à soutenir les véhicules électriques, ce qui semble être la prochaine étape. C’est finalement tout le contraire.
Toyota a-t-il sous-estimé la disponibilité du lithium ?
Si l’on suppose que l’entreprise a pu craindre une pénurie rapide de lithium, la réserve de Toyota sur la voiture électrique est tout à fait logique. Une position que la directrice générale du Toyota Research Institute, Gill Pratt, a confirmé lors du forum économique de Davos en 2023 : « Il n’y aura pas assez de lithium « . Un commentaire qu’il a évoqué à plusieurs reprises ces dernières années.
Partant de ce postulat, la stratégie de Toyota a toujours été de dire : il vaut mieux équiper 90 véhicules hybrides d’une batterie qu’un seul véhicule électrique doté d’une grosse batterie. Il s’agit de la règle 1:6:90 de Toyota que Numerama a présentée dans un précédent article de 2023.
Sauf que le discours, que Toyota ne cesse de marteler, a depuis été contredit par les experts. Il n’y a aucun risque de pénurie de lithium. Les réserves mondiales de ce minéral sont abondantes et les avancées technologiques permettent d’exploiter les ressources en lithium plus efficacement et à moindre coût. Selon Automobilwoche, les réserves totales prouvées devraient même s’élever à 62 millions de tonnes, ce qui représenterait environ 10 milliards de voitures 100 % électriques.
L’hypothèse de Toyota est “complètement absurde”
Certains experts jugent même assez durement les conclusions de Toyota et de Gill Pratt. ” C’est complètement absurde » a conclu Auke Hoekstra, directeur de la chaire d’énergie durable et de gestion de la mobilité à l’Université d’Eindhoven. Pour Maximilian Fichtner, directeur du centre de recherche sur les batteries d’Ulm : « L’argument de Toyota manque de preuves. Et d’un point de vue fiable. »
Il faut dire que se concentrer uniquement sur le lithium n’est certainement plus aussi d’actualité que par le passé. Le développement de batteries sans lithium, comme les batteries au sodium, offre des alternatives potentielles à long terme. Même si ces nouvelles batteries n’offrent pas encore une efficacité suffisante pour être développées à grande échelle, elles constituent des alternatives pertinentes. Les progrès dans la technologie des batteries sont extrêmement rapides, mais il est vrai que ces connaissances sont principalement détenues par les géants chinois des batteries. Ce qui peut poser un problème idéologique à certains constructeurs comme Toyota.
Il ne faut pas non plus négliger les progrès réalisés par le secteur du recyclage des batteries. L’économie circulaire devrait à l’avenir apaiser les inquiétudes concernant les ressources en lithium et autres matières premières liées aux batteries.
Toyota n’est pas à l’abri d’être aveuglé par ses propres théories. Une décision qui lui a déjà coûté la position de voiture la plus vendue au monde au profit du Model Y de Tesla, dommage !
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