“Les risques d’ingérence politique dans la prise de décision des banques centrales et la nomination de leurs responsables augmentent”, selon la directrice générale du Fonds monétaire international (FMI), Kristalina Georgieva.
«Les banques centrales voient aujourd’hui leur indépendance remise en question de toutes parts. Les demandes de baisse des taux se font de plus en plus insistantes, même s’il est trop tôt pour agir, et elles devraient s’intensifier puisque la moitié de la population mondiale se rendra aux urnes cette année. , note-t-elle dans une note récemment publiée.
Un ingrédient essentiel pour gagner la bataille contre l’inflation
Convaincu que la vague électorale qui s’annonce cette année risque de mettre sous pression les décideurs, le directeur général du FMI appelle “les pouvoirs publics et les banques centrales à résister à ces pressions”, estimant que l’indépendance est un ingrédient essentiel pour gagner la bataille contre l’inflation et stabiliser la croissance à long terme.
« Les banques centrales ont accompli des choses ces dernières années grâce à leur indépendance. Ils ont habilement négocié la pandémie en procédant à un assouplissement monétaire agressif qui a permis d’éviter un effondrement du système financier mondial et d’accélérer la reprise », note-t-elle.
Par ailleurs, poursuit-elle, « lorsque la priorité s’est recentrée sur le rétablissement de la stabilité des prix, ils ont judicieusement resserré leur politique monétaire, même s’ils ne l’ont pas tous fait dans le même laps de temps. Leur réponse a contribué à maintenir les anticipations d’inflation bien ancrées dans la plupart des pays, malgré des hausses de prix inédites depuis plusieurs décennies.
Pour le DG, il ne fait aucun doute que les banques centrales des pays émergents ont montré la voie en resserrant rapidement et vigoureusement leur politique monétaire, ce qui a assis leur crédibilité.
Il faut dire que « ces mesures ont ramené l’inflation à des niveaux beaucoup plus raisonnables et réduit les risques d’un atterrissage brutal » et que même si le combat n’est pas encore gagné, « leur efficacité jusqu’à présent dépend en grande partie de l’indépendance et de la crédibilité du système ». que de nombreuses banques centrales ont acquises au cours des dernières décennies.
Il est évident que la manière dont ils ont réussi à freiner l’inflation contraste fortement avec l’instabilité économique qui a caractérisé la période de forte inflation des années 1970, souligne-t-elle dans sa note.
Pour ceux qui l’auraient oublié, « à l’époque, leur mandat ne prévoyait pas explicitement qu’ils devaient donner la priorité à la stabilité des prix, et il n’existait pas non plus de lois claires protégeant leur autonomie, même si ils étaient souvent poussés par les dirigeants politiques à baisser les taux d’intérêt. en période de forte inflation », se souvient Kristalina Georgieva, soulignant que ce n’est qu’au milieu des années 1980 que les banques centrales ont reçu le soutien politique nécessaire pour prendre des mesures agressives et qu’elles ont réussi à réduire l’inflation.
Comme pour souligner les bénéfices de l’indépendance des banques centrales, le DG indique qu’une étude du FMI couvrant plusieurs dizaines de banques centrales sur la période entre 2007 et 2021 a montré que celles ayant un haut niveau d’indépendance ont mieux réussi à contrôler les anticipations d’inflation de leur population. , ce qui contribue à maintenir l’inflation à un niveau bas.
Une autre étude du FMI répertoriant les performances de 17 banques centrales d’Amérique latine au cours des 100 dernières années examine des facteurs tels que l’indépendance dans la prise de décision, la clarté du mandat et la possibilité qu’elles soient contraintes d’accorder des prêts à l’État. Là encore, il s’avère qu’un plus grand degré d’indépendance est associé à de bien meilleurs résultats en matière d’inflation.
Alain Bouithy
