«Je suis Rital. Je revendique ce terme souvent péjoratif, qui désignait à l’origine les réfugiés italiens, au cœur du XXème siècle. « Je suis né à Liège, en Belgique, en 1949, de parents originaires du Frioul, au nord de Venise. Poussés par la faim, ils sont allés travailler dans les mines », raconte André Tesan, de sa voix légèrement voilée. « Immédiatement après ma naissance, ils ont déménagé à Charleville-Mézières, dans les Ardennes. Mon père ne supportait pas ce visage. Il a donc travaillé comme maçon. Mes parents n’ont jamais eu de voiture, alors quand j’ai eu ma première, une 4L beige, j’étais fier ! »
“Une femme m’a fait dévier de mon chemin”
Faculté de droit à Reims en 1969, fonctionnaire au ministère des Finances à Paris en 1975 puis à Rennes, quatre ans plus tard, avant une opportunité dans une banque régionale, en 1990, à Quimper : l’arrivée d’André à la pointe de la Bretagne se fait en étapes. « J’avais fait le tour de la fonction publique mais j’étais fier de l’avoir fait, moi qui avais les diplômes pour devenir avocat et avais été éligible au concours d’entrée à l’ENA (école nationale d’administration). “C’est une femme qui m’a détourné de mon chemin, et je suis content qu’elle l’ait fait.”
Aujourd’hui veuf, André Tesan rencontre Françoise Kerlidou dans la ville du Ponant en 1991. Ils ont eu des jumeaux. « Elle était l’une des plus grandes promotrices de la ville. Elle m’a donné envie de m’installer, en 1996, comme agent immobilier mais dans le secteur professionnel : chacun son métier ». Il amène la marque Arthur Loyd à Brest avant de créer ATI (André Tesan Immobilier, salarié en plus du patron) en 2001, revendant sa première entreprise en 2007. « Je ne veux pas produire pour le plaisir de produire, je’ Je fais une opération tout de suite, pour bien la faire. Je suis une sorte d’artisan de l’immobilier. Je n’ai pas la pression de soutenir 50 employés. Je crée des emplois mais indirectement.
A l’origine de bâtiments emblématiques
Ses origines l’ont amené à appeler « Le Venise », un immeuble abritant une banque et des bureaux d’études, qu’il a agrandi en lotissement, à Guipavas (29), face à deux immeubles emblématiques de l’est de la métropole brestoise : l’Eau du Ponant et Naval. Groupe. Également par ses propres moyens. «Je l’ai nommé ainsi avec l’accord de mon associé sur plusieurs dossiers, Stéphane Biannic», s’amuse-t-il.
« 20 000 m2 dans ce quartier, je suis plutôt content ! », sourit encore André Tesan, avec une pointe de pudeur cette fois. « C’est vingt ans de travail. Les premiers contacts ont eu lieu en 2004 avec les propriétaires des champs. La vente du dernier lot devant le restaurant a eu lieu en 2024. » Mais les temps changent et cette septuagénaire élégante, élancée, sensible à l’environnement, préfère aujourd’hui « se reconvertir dans la réhabilitation urbaine plutôt que de s’étendre en périphérie. « La question ne se posait guère il y a vingt ans. »
C’est l’école de la République qui m’a fait. Je m’en soucie vraiment
-
En attendant le projet d’hôtel quatre étoiles dans une aile désaffectée de l’hôpital du Morvan, ATI a lancé la transformation de l’ancienne Caisse d’Épargne, face à la gare. Ce sera la résidence Voltaire. La Banque de France s’y installera. D’autres bureaux sont prévus ainsi que des logements aux étages supérieurs. Plus un surélevé, tendance émergente à Brest, pour un appartement de 225m2 ! « Ce qui le rendra unique à Brest, pour moi, c’est sa vue à 360 degrés » sur la ville, la rade et donc la gare. Livraison, sans doute, cet été.
« J’aime Brel, Brassens mais aussi Manu Chao ! »
Pas question pour lui, donc, d’arrêter. « Je ne suis pas bricoleur. Je déteste m’asseoir devant ma télé. Je n’ai pas assez de temps pour lire », admet-il. « La musique (Verdi, bien sûr !), le cinéma… J’adore Brel, Brassens mais aussi Manu Chao, j’adore ! », confie celui que l’on retrouve chaque année au festival Ilophone à Ouessant.
André Tesan allie sa « passion pour l’équitation » et son goût pour la musique en descendant, chaque année, également dans le désert marocain « pour donner un coup de main à un festival. J’y apporte des fournitures scolaires. Tout cela n’empêche pas l’activité physique. « Je marche beaucoup mais jamais seule. Un peu de golf aussi.
« Je suis fou de football ! », clame encore ce « petit partenaire du Stade Brestois 29 » qui était en déplacement à Barcelone et des matches à Guingamp en Ligue des Champions. « Mais quand il y a un France-Italie, je suis 100 % Français ! Les Italiens ne jouent pas bien. Et je suis française, d’origine italienne ! Et c’est l’école de la République qui m’a fait. Je m’en soucie vraiment.