Dès son entrée dans la salle du Théâtre Armand à Salon, le spectateur est plongé dans une évocation du monde des colonies. Sur le plateau, le décor multiple imaginé par Antoine Milian semble recouvert de poussière de charbon jusque dans les intérieurs. Au fond, vous pouvez voir le puits. Les éléments en bois et en fer dégagent une discrète odeur métallique.
L’installation solennelle du téléviseur, “pour suivre les exploits du petit Raymond», achève de poser le cadre spatio-temporel : l’intrigue se déroule en 1958 à Nœux-les-Mines, ville natale de Raymond Kopa. Dans la veine deAdieu Monsieur Haffmannde La famille Ortiz ou Petit coiffeurr, Jean-Philippe Daguerre signs with Du charbon dans les veinesun nouveau texte émouvant. Poursuivant son exploration des vies ordinaires, il restitue avec force la dimension extraordinaire d’existences jugées à tort minuscules.
« Juste des visages noirs »
L’amitié fidèle, le véritable amour, la passion authentique rendent les sept personnages uniques. Imprégnés d’humanité et de bon sens populaire, les pères tempèrent les fils qui voient d’un mauvais oeil l’installation d’une famille maghrébine dans l’une des petites maisons de la colonie : «Au fond de la mine, y’a plus de bicots, plus de polacks, plus de rituels, juste des têtes noires« . L’un par le syndicalisme, l’autre par la musique, ont tenté de «changer le monde« .
Porté par un texte d’une remarquable justesse et servi par une interprétation brillante, le message de tolérance, incarné par des gens simples, continue de infuser bien au-delà des chutes de rideau. Au moment des salutations, Jean-Philippe Daguerre a rappelé le soutien indéfectible apporté par le théâtre Armand et son directeur.
Il est vrai qu’en quelques années, grâce à la sélection judicieuse de Denis Fabre, le metteur en scène fait partie des « icônes » du public du Salon qui peut découvrir ses pièces avant leur tournée parisienne. Gageons que la prochaine création lui brisera le cœur avec Mariusprévu en mai.
Prochain spectacle : « Les Misérables », mise en scène Guy Simon, mardi 21 janvier à 19h. Tarif de 17€ à 27€. Réservations : 04 90 56 00 82