Maryvonne Kendergi dans les yeux (et les oreilles !) des archivistes

Maryvonne Kendergi dans les yeux (et les oreilles !) des archivistes
Maryvonne Kendergi dans les yeux (et les oreilles !) des archivistes

Plus de 12 mètres linéaires de documents textuels, 3 000 photographies, 2 000 enregistrements sonores, près d’une centaine d’enregistrements vidéo et cinématographiques, quelques objets soigneusement conservés par leur propriétaire : voilà le matériel que les archivistes de la Division de gestion de l’information des archives et de la conservation au Université de Montréal préservé, classé, mis en boîte et décrit au cours d’un projet de traitement qui a duré cinq mois.

Réalisé grâce au soutien financier de Bibliothèque et Archives nationales du Québec et à un don philanthropique de Gisèle Barret, ce travail favorisera l’exploitation et la valorisation d’archives témoignant d’un parcours personnel et professionnel unique, façonné par la .

Maryvonne Kendergi : une vie au service de la musique

Maryvonne Kendergi avec des amis à Alep, 1933. 1 photographie : tirage n&b annoté.

Crédit : Archives UdeM, Fonds Maryvonne Kendergi, P0158-L-1

Maryvonne Kendergi est née le 15 août 1915 à Aïntab (aujourd’hui Gaziantep, Turquie), dans une famille arménienne contrainte de s’exiler à Alep, puis à Paris. Passionnée de musique depuis son plus jeune âge, elle étudie à l’École Normale de Musique de Paris (de 1929 à 1933, puis de 1937 à 1945) auprès de professeurs renommés tels qu’Alfred Cortot et Nadia Boulanger. Elle mène, presque simultanément, une carrière de pianiste, de professeur de piano et d’organisatrice d’activités culturelles jusqu’en 1952, année où elle quitte la Ville Lumière pour le Canada.

C’est à Gravelbourg (Saskatchewan), à la station locale CFRG, qu’elle a fait ses armes comme animatrice radio. De passage à Montréal en 1956, elle rencontre Marc Thibault, le directeur du réseau français de -. Il propose d’animer l’émission Fête du dimanchequi deviendra Fêtes européennes. Ce premier mandat marque le début d’une longue collaboration entre - et Maryvonne Kendergi. Lors d’émissions de radio et de télévision telles que Les jeudis de Maryvonne, Maryvonne’s post, L’artiste et son époque et La revue des arts et des lettreselle offrira une tribune à la musique contemporaine et s’entretiendra avec certains des plus grands noms de la scène musicale québécoise, canadienne et internationale.

En 1966, Maryvonne Kendergi se joint au corps professoral de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Elle donne des cours sur la musique canadienne, les premiers à être offerts dans un établissement universitaire canadien, mais fait également la part belle à la musique contemporaine. Elle utilise son impressionnant réseau de connaissances et d’amis pour créer, en 1970, les Musialogues, une série de rencontres entre le professeur, un compositeur et le public. Les musiciens contemporains John Cage, Serge Garant, Pierre Schaeffer, Karlheinz Stockhausen, Gilles Tremblay et Iannis Xenakis ne sont que quelques-uns des nombreux invités qu’elle recevra.

Engagée sur plusieurs fronts au nom de la musique contemporaine, Maryvonne Kendergi est membre fondatrice de la Société de musique contemporaine du Québec, dont elle fut présidente de 1973 à 1982, et présidente du Conseil canadien de la musique (précurseur du Conseil des arts du Québec). Canada) de 1977 à 1980. À son départ de l’UdeM en 1981, elle crée le Fonds de recherche Maryvonne-Kendergi, grâce auquel des bourses sont accordées annuellement à des étudiants en musicologie désireux d’explorer la musique québécoise.

What do Maryvonne Kendergi’s archives contain?

Maryvonne Kendergi avec Robert Charlebois lors d’un Musialogue à l’Université de Montréal, 1972. 1 photographie : tirage n&b.

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Crédit : Archives UdeM, Fonds Maryvonne Kendergi, P0158-L-1

Explorer les archives de Maryvonne Kendergi, c’est se plonger dans une histoire sociale, culturelle, artistique et intime qui s’étend sur près d’un siècle. Une correspondance abondante (plusieurs centaines de lettres et de cartes !) témoigne de sa jeunesse parisienne et de ses relations avec sa famille, des amitiés qu’elle a su entretenir malgré le temps et la distance et des multiples rencontres qui ont ponctué ses activités. pianiste, musicologue et présentateur. Ces échanges épistolaires la lient notamment au peintre Alfred Manessier et sa famille, aux musiciens Alfred Cortot, Luigi Dallapiccola, Karlheinz Stockhausen et Iannis Xenakis.

Les milliers de photographies de la collection la montrent tantôt entourée d’amis à Alep, tantôt sur les bancs d’école à Paris, tantôt au piano, tantôt au micro d’une émission de radio ou interviewant des compositeurs de renom tels que Pierre Boulez, John Cage, André Jolivet. , Olivier Messiaen ou Pierre Schaeffer. Son travail de musicologue et d’enseignant peut être retracé dans les centaines de dossiers qu’elle a constitués sur des musiciens du 20e siècle et sur la musique et les événements musicaux de divers pays, dans les dossiers des cours qu’elle a donnés à l’Université de Montréal ou dans les documents relatifs à l’organisation des Musialogues.

Arménienne d’origine et de cœur, Maryvonne Kendergi a également rassemblé de nombreux documents témoignant de son engagement auprès des associations arméniennes de Montréal. À ce corpus d’archives s’ajoutent quelques objets aussi insolites que touchants, par exemple des boutons du gouvernement provisoire de la République française, un paquet d’allumettes annoté et signé par John Cage ou encore un éventail utilisé par Francis Poulenc.

Un patrimoine à préserver… avant qu’il ne soit trop tard

Parfois témoins uniques du travail de Maryvonne Kendergi en tant qu’animatrice, intervieweuse et enseignante, les plusieurs milliers de documents audiovisuels de la collection sont présentés sur des supports variés dont l’état de conservation et la durée de vie varient : bande magnétique, cassette audio, CD-ROM. , vidéocassettes et films 16 mm, notamment.

Si la précarité de ce patrimoine tient à la détérioration des documents eux-mêmes, elle s’explique aussi par la obsolescence des appareils et des technologies permettant leur lecture, sans oublier la perte de savoir-faire indispensables à l’utilisation et à l’entretien de ce patrimoine. équipement. Il n’est pas exagéré de dire qu’il est urgent d’agir sur certains documents qui ne seront tout simplement plus lisibles dans quelques années ! La préservation des archives audiovisuelles est donc une priorité pour la Division des archives et de la gestion de l’information. Un plan de préservation et de numérisation des archives audiovisuelles est également en cours d’élaboration.

En 2025, la Faculté de musique de l’Université de Montréal aura 75 ans. Si les commémorations majeures comme celles entourant la fondation de cette faculté offrent des occasions idéales de mettre en valeur le patrimoine archivistique de l’UdeM, ce patrimoine mérite attention et soin bien au-delà de ces célébrations ponctuelles. Préserver cette mémoire universitaire est une responsabilité institutionnelle et collective !

Pour consulter les descriptions des archives de Maryvonne Kendergi, cliquez ici.

 
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