La Fondation Hassan II pour les Marocains résidant à l’étranger présente, du 9 janvier au 8 février, l’exposition « Cartographie des déplacements » de l’artiste maroco-espagnole Yassine Chouati à Espace Rivages. Cette exposition invite à une réflexion profonde sur l’exil, le déracinement et la solitude, à travers un mélange de dessins, sérigraphies et lithographies. Le vernissage de l’exposition aura lieu le 9 janvier 2025 à 18h30 au siège de la Fondation.
Une pratique artistique au cœur de l’exil
Dans son travail, Chouati explore la désorientation propre au déracinement, thème qu’il aborde à travers des démarches artistiques où le sens est souvent occulté et la narration volontairement fragmentée. Cela crée une expérience visuelle et sensorielle qui déstabilise le spectateur, l’invitant à une réflexion plus profonde sur l’invisible et l’ineffable.
Selon l’artiste, son exploration de l’exil entre en résonance avec des œuvres littéraires comme celles de Joseph Conrad, soulignant l’angoisse et les distorsions narratives liées à cette expérience. « Je cherche à retranscrire la solitude et l’aliénation de l’exil, tout en reconnaissant les limites du langage face à l’intensité et à la complexité de ces expériences. Cependant, ma démarche se distingue par son caractère visuel et sensoriel, où je cherche à traduire l’intangible à travers une mise en scène qui déstabilise le spectateur », précise-t-il.
Une série de projets pour interroger la mémoire et l’identité
Avec « Estoy respirando bajo agua », il s’inspire du roman Partir de Tahar Ben Jelloun, retraçant les contradictions du personnage d’Azel, un jeune homme qui, après avoir traversé le détroit de Gibraltar, rejette l’idée de retourner au Maroc. Pour Chouati, cette série reflète sa propre expérience d’exil, où l’on navigue entre deux mondes et où cohabitent nostalgie et rejet.
Dans « Cartografías de desarraigo », un projet qui combine dessin, sérigraphie et lithographie, l’artiste a exploré l’imagination comme un espace introspectif, où des images émergent spontanément pour aborder des questions existentielles telles que la mélancolie, la mort, le temps et l’identité. Ce projet représente pour lui un acte de réconciliation avec son passé, un voyage personnel où la création devient un moyen de donner forme à l’invisible.
Cette exposition dépasse le cadre d’une simple rencontre artistique : elle agit comme un lien entre mon présent et mes racines, un retour profondément significatif à ma terre natale. Il symbolise une réconciliation intime avec le lieu qui m’a vu naître, établissant un dialogue discret entre ce que j’ai laissé derrière moi et ce que j’ai façonné au loin, bien loin des rivages de mon enfance. Espace Rivages, avec sa vocation de mettre en valeur les expressions culturelles et artistiques des Marocains de la diaspora, s’inscrit harmonieusement dans ma démarche créative. Ce lieu agit comme le reflet de mon travail, qui interroge l’essence du déracinement : cette sensation d’être ici tout en appartenant à un ailleurs, suspendu entre deux réalités. Cette exposition devient aussi un espace d’écho poétique, où la séparation se transforme en source d’inspiration et le déracinement en recherche de sens. Il constitue une offrande au spectateur, une invitation à renouer avec ce qui nous anime, à retrouver les liens qui nous unissent et à interroger ces frontières invisibles qui, parfois, nous éloignent de nous-mêmes. Finalement, je revisite mes origines pour les inscrire dans un langage à la fois visuel et émotionnel, transcendant les frontières géographiques et culturelles.
L’Exposition : Un retour aux sources
L’Espace Rivages, dédié à la mise en valeur des expressions culturelles des Marocains de la diaspora, devient ainsi un lieu idéal pour cette exposition. Elle fait écho aux interrogations de l’artiste sur la séparation et le déracinement. Pour Chouati, l’art devient une invitation à s’interroger sur les frontières invisibles qui nous éloignent parfois de notre propre identité. « Cette exposition constitue une offre au spectateur, une invitation à renouer avec ce qui nous anime, à retrouver les liens qui nous unissent et à interroger ces frontières invisibles qui, parfois, nous éloignent de nous-mêmes », conclut-il. .
« Cartographier le déplacement » n’est pas simplement un travail sur le déracinement, mais un véritable voyage émotionnel et visuel à travers les mémoires et les frontières culturelles. Un voyage où l’artiste, à travers ses œuvres, nous invite à revisiter nos origines et à interroger les racines qui façonnent notre identité.