LL’histoire a plus de 2 000 ans, le spectacle a 25 ans. En octobre 2000, lors de la première représentation des « Dix Commandements », les producteurs Dove Attia et Albert Cohen n’allèrent pas trop loin. La comédie musicale n’est pas un genre ancré en France, malgré les succès ponctuels mais notables de « Starmania » et « Les Misérables » à la fin des années 1970. Pascal Obispo à la composition, Lionel Florence et Patrice Guirao aux textes des chansons, le cinéaste Élie Chouraqui à la mise en scène, Kamel Ouali à la chorégraphie : un pilotage solide. Moïse, Ramsès et Néfertari cartonnent avec 2 millions de spectateurs en sept ans de tournée. Et lancé une mode rarement démentie depuis deux décennies.
« Vingt-trois ans se sont écoulés, c’est l’âge de mon fils aujourd’hui, né le jour de la première, mais Daniel Lévi nous a malheureusement quitté… », raconte Obispo. “Quand Albert Cohen et moi nous sommes rencontrés lors du concert hommage à Daniel, la chose s’est entendue dans nos yeux sans même l’avoir évoquée verbalement : il fallait créer “Les Dix Commandements/Le Désir d’aimer” ” pour lui, pour nous, pour le public aussi qui a fait de « L’envie d’aimer » un hymne populaire et incontournable à l’amour. » Le Girondin réarrange les chansons originales avec la modernité de Jean Schultheis, trois nouveaux titres apparaissent, le casting de chanteurs et danseurs est bien sûr renouvelé.
Plus d’un an de tournée
« Sur les traces de mon idole Daniel Lévi », confie David Lempell, chanteur de l’édition 2024 créée en mars. « Enfant, j’ai vu le DVD de la première version et je suis devenu fan de Daniel Lévi dans le rôle de Moïse. Singularité, fluidité, aisance technique, aisance des vibrations. Et je voulais faire de la musique. » Lorsque, un an après avoir participé à « The Voice », la trentenaire est convoquée au casting, « j’étais presque heureuse et soulagée d’un poids : j’ai été choisie pour Ramsès ».
« Chaque soir, je prends conscience des émotions des gens »
Durant neuf mois et une cinquantaine de représentations dans les Arènes et Zéniths, l’artiste vante « une expérience époustouflante et inimaginable ». La tournée est un autre énorme succès, s’étendant au moins jusqu’en mai 2025 dans tout le pays avec, pour les aficionados régionaux, une date à Pau le 10 mai. « Pour parfois chanter au plus près du public, je me rends compte de l’émotion des gens à chaque fois. soirée», souligne David Lempell.
« Message de paix »
Il note également l’universalité de ce récit, légende ou parabole, « présent dans les trois religions monothéistes ». Derrière deux frères (Ramsès et Moïse) qui se déchirent pour l’amour d’une même femme, l’ivresse du pouvoir qui crée des exclus, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Les Hébreux d’hier, les Palestiniens d’aujourd’hui. Dieu qui aurait réussi à ouvrir la mer Rouge n’a visiblement pas encore trouvé la clé de la suite. « Un drame qui se termine sur une note d’espoir, un message de paix et de fraternité dont nous avons encore besoin aujourd’hui », conclut David-Ramsès.
“J’adore ce rôle car c’est l’un des seuls personnages dont nous avons des preuves tangibles de l’existence et sur lequel j’ai pu faire des recherches”, poursuit-il. « Humaniser la noirceur était aussi un défi, montrant le tiraillement entre l’amour fraternel et la soif de pouvoir. » Benjamin Bocconi incarne Moïse et Leelou Garms incarne Néfertari. Une nouvelle génération de chanteurs, de danseurs (50 personnes sur scène) mais aussi bien sûr de mise en scène.
Virtuel et numérique en plus
Élie Chouraqui n’y officie plus, ayant même assigné en justice la nouvelle production sans succès. Place à Giuliano Peparini, ancien danseur étoile du Ballet national de Marseille (époque Rolland Petit), mais aussi à une scénographie virtuelle (peu développée il y a vingt-cinq ans) qui est aussi la grande nouveauté de ce millésime 2024-2025. Il s’agit de Patrick Neys, passé par Vegas derrière Céline Dion, déjà aux commandes avec Peparini de « 1789, les amants de la Bastille » déjà réalisé par Albert Cohen.
Ce dernier, cofondateur de Radio Nostalgie à Lyon à l’aube des années 1980, a donc initié « Les Dix Commandements » en 2000, avant de produire une dizaine de comédies musicales, de « Autant en emporte le vent » à « Le Rouge et noir ». Et rencontre Daniel Lévi à l’âge de 8 ans en banlieue lyonnaise. «Je n’ai jamais cessé de faire savoir à quel point il était un immense artiste», a-t-il témoigné dans l’émission «C’est à vous». Il semble qu’il plane sur ces « Dix Commandements », deuxième époque.
« Les Dix Commandements/Le désir d’aimer », samedi 4 janvier (15h et 20h30), dimanche 5 (15h) à Floirac, Arkéa Arena. De 25 à 89 euros.