Une directive du ministère de la Faune choque un homme qui tentait de sauver un jeune orignal en mauvais état à Saint-Antonin près de Rivière-du-Loup.
Dominic April et son ami voulaient aider samedi un veau qu’ils ont trouvé seul, emmêlé dans un buisson et qui semblait épuisé.
L’homme de Rivière-du-Loup a trouvé deux refuges capables de prodiguer des soins à l’animal : le Havre de la Faune et SOS Miss Dolittle. Il a donc orchestré son déplacement en mobilisant une dizaine de personnes.
L’orignal est probablement resté coincé entre les branches pendant de nombreuses heures.
Photo : avec l’aimable autorisation de Dominic April
Or, pour qu’un refuge puisse prendre soin d’un orignal, une autorisation du ministère est obligatoire, et cette autorisation n’est jamais venue, selon Dominic April.
On avait dit que[un agent de la faune] passerait pendant la journée. Personne n’est venu. […] Je n’ai pas reçu de retour d’appel
rapport-t-il.
En vertu de la loi relative à la conservation et à la mise en valeur de la faune, les personnes qui retrouvent certains animaux blessés, comme les cerfs, doivent les signaler à un agent de protection de la faune en contactant SOS braconnage.
J’ai vu beaucoup de gens prêts à l’aider, mais cela n’a pas été possible car le ministère ne s’est pas mobilisé. Je vois cela comme un déchargement de sa responsabilité en matière de protection de la faune.
L’animal, retrouvé mort le lendemain matin, a été victime d’une injustice, selon Dominic April.
Laissons la nature suivre son cours
Le ministère de la Faune a laissé notre demande d’entretien sans réponse, mais indique sur son site Internet que capturer un animal à déclaration obligatoire [comme l’orignal] est interdit, même de l’amener dans un centre de rééducation. Seul un agent de protection de la faune peut le faire.
Laisser faire la nature est souvent la meilleure solution.
On peut aussi lire que La mort d’un animal blessé ou malade fait partie d’un processus naturel dans lequel l’homme ne devrait pas intervenir. […] Elle est souvent bénéfique, voire indispensable, pour les autres organismes vivants. Par exemple, de nombreux prédateurs comptent sur ces proies pour nourrir leurs petits et assurer leur survie.
Une mesure qui passe mal
Les refuges pour animaux sauvages estiment que cette mesure ne tient pas la route.
Les animaux sauvages souffrent autant que nous lorsqu’ils souffrent.
réagit la présidente et fondatrice de SOS Miss Dolittle, Jennifer Tremblay. Il est important de les aider. Il existe une manière éthique et sûre de le faire, et ces animaux ont besoin de nous.
Elle ajoute que la souffrance animale est souvent causée par l’activité humaine : selon elle, c’est le cas de 95 % des animaux admis au refuge, qu’il s’agisse d’un oiseau qui a heurté une vitre ou d’un renard heurté par une voiture. Nous devons réparer le mal que nous causons volontairement ou involontairement
rétorque-t-elle.
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En 2024, Jennifer Tremblay a dénombré plus de 2 000 résidents à poils et à plumes au centre d’aide SOS Miss Dolittle. (Photo d’archives)
Photo: - / Tifa Bourjouane
Le Havre de la Faune, à Saint-Fabien, reçoit chaque année des appels pour s’occuper de cerfs orphelins, mais n’a reçu qu’une seule autorisation du ministère pour le faire.
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L’orignal Moosseline fait partie des animaux hébergés au Havre de la Faune, à Saint-Fabien. (Photo d’archives)
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Les gens à qui on répond [de laisser faire la nature] sont en colère. Ils continueront leur démarche, mais il n’y a personne pour les aider, et cela peut devenir dangereux pour eux, ce n’est pas l’idéal
soutient la cofondatrice, Claudia Parent.
Le ministère aurait tout intérêt à collaborer avec les refuges pour s’assurer que l’animal soit bien pris en charge.
La procédure à suivre
Jennifer Tremblay demande à toute personne trouvant un animal en détresse de contacter un refuge pour connaître la marche à suivre et d’en informer le ministère des animaux à déclaration obligatoire.
Dans le cas d’un oiseau, elle conseille de l’abriter dans un endroit sombre, comme dans une caisse. Pour un mammifère, il faut plutôt le surveiller sans le déplacer.
Elle rappelle de ne jamais toucher directement un animal pour éviter de se blesser.