Depuis quand existe-t-il à Plufur « SOS Animaux un toit pour la vie » ? Avec quels objectifs ?
Cindy Lojou, responsable du refuge : Cela fera cinq ans en mars 2025 que le refuge est ouvert. Notre objectif est principalement de sauver les animaux de la ferme, même si nous sommes aussi parfois appelés à aider les chats et les chiens. Nous collectons donc plutôt les chevaux, les porcs, les chèvres, les vaches, les rongeurs, les volailles, etc.
Combien d’animaux hébergez-vous actuellement, sur quelle surface ?
Nous avons environ 4 hectares, nous aimerions en avoir plus mais c’est compliqué de trouver un terrain. Actuellement, nous avons près de 150 animaux, si l’on compte tous les poulets un à un (rires) : nous en avons entre 70 et 80 depuis une récente saisie de volailles. Sinon, nous avons une vingtaine de chevaux, du poney Shetland à l’ancien cheval de grand prix. Notre dernier arrivé est un cheval que nous avons rapatrié du Jura. Son ancien propriétaire souhaitait le faire euthanasier à cause de ses mélanomes, il a été secouru à la dernière minute, il n’avait que 15 ans. Nous avons également une vingtaine de lapins, chèvres, cochons…
Combien d’animaux avez-vous sauvés cette année ? D’où viennent-ils le plus souvent ?
Nous avons pris soin, d’une manière ou d’une autre, de près de 250 animaux. Souvent, dans le cadre d’un abandon volontaire, dans le bon sens du terme. C’est-à-dire que ce sont des personnes qui, pour une raison ou une autre, ne peuvent plus s’occuper de leurs animaux. Ce n’est pas parce qu’ils n’en ont plus envie. Ils peuvent avoir des problèmes de santé ou d’argent, devoir déménager, avoir perdu leur emploi ou avoir eu un accident de la vie. Après, nous sommes également sollicités en cas d’abus.
Quelles ont été les meilleures et les plus tristes histoires de 2024 au refuge ?
La plus belle est celle de Polly qui est arrivée ici fin septembre 2024. Quand nous sommes allés le chercher, il était allongé, on pensait qu’il ne tiendrait pas les deux heures de transport. Ses sabots n’avaient pas été coupés depuis des années. Et récemment, nous avons publié une vidéo où on le voit galoper devant tout le groupe. Il lui reste encore beaucoup de séances d’arthrose à faire pour que son bassin récupère au mieux, mais c’est déjà un beau sauvetage.
Il y a eu aussi des moments difficiles avec la perte de nos deux papys de 32 ans, un cheval et un poney. Ils étaient inséparables, la mort de l’un entraînait la mort de l’autre. Parfois, ce sont aussi des jeunes qui partent. Lorsqu’ils arrivent chez nous, nous ne sommes pas sûrs de pouvoir les sortir du pétrin. Une fois rendus, certains animaux sont proposés à l’adoption. Il y en a qu’on choisit de garder au refuge parce qu’ils ont des pathologies, ils sont vraiment vieux…
Ce dévouement a un coût que l’on imagine élevé ?
Nous avons calculé, en frais vétérinaires, en moyenne, cela nous coûte entre 1 200 et 1 500 € par mois. Il y a des mois où ce budget explose comme le mois dernier : il a fallu faire opérer en urgence Ulysse, le cheval que nous avons ramené du Jura. En termes de nourriture, rien que pour les chevaux, nous sommes aux alentours de 1 000 € par mois. Ensuite, il y a le transport, les soins du maréchal-ferrant, les soins du dentiste, etc.
Heureusement, nous avons réussi à trouver des commerçants vraiment sympathiques dans le coin qui nous ont permis de récupérer leurs invendus. La boulangerie de Plufur et une autre de Plestin-les-Grèves nous livrent leurs restes de pain. Et le Carrefour de Plouaret nous livre ses invendus de légumes et de pain. Les professionnels de santé nous donnent des tarifs et nous avons même une ostéopathe, Korydwen Journaux, qui vient gratuitement au refuge une fois par mois.
Ce refuge est-il une passion devenue une vocation ?
C’est en quelque sorte devenu mon travail. J’ai beaucoup de chance car mon mari travaille dehors et il m’aide quand il le peut dans le travail, le soir ou le week-end. Nos trois enfants sont également là. Ce refuge est véritablement une aventure familiale à part entière.
Quels sont les projets à venir ? Comment les financer ?
Nous aimerions pouvoir construire trois ou quatre boxes supplémentaires pour les chevaux, afin de pouvoir isoler les animaux lorsque cela est nécessaire. Nous aurions aimé aussi pouvoir stabiliser les entrées des paddocks des chevaux mais c’est un gros budget, je ne sais pas si nous pourrons le faire.
Nous recevons beaucoup de dons, que ce soit financièrement ou en nous envoyant un sac de litière, des croquettes, des couvertures. Jusqu’à présent, on faisait aussi beaucoup de journées de collecte mais ça nous prend du temps et ça ennuie les gens. Nous ne ferons qu’une seule collecte dans l’année et plus d’opérations ponctuelles comme nous l’avons fait avec les arbres en fin d’année.
Pratique
Page Facebook, SOS Animaux un toit pour la vie. Cagnotte en ligne, refuge indépendant reconnu d’intérêt général, dons déductibles fiscalement à 66%.