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“On ne peut pas réduire Jacques Demy à un monde de ballerines et de marinières à pompons”

“On ne peut pas réduire Jacques Demy à un monde de ballerines et de marinières à pompons”
“On ne peut pas réduire Jacques Demy à un monde de ballerines et de marinières à pompons”

“Les Parapluies de Cherbourg”, “Les Demoiselles de Rochefort”, “Peau d’âne”: behind these enchanted films, Jacques Demy let the darkness surface… “Jacques Demy, le rose et le noir”, a documentary to watch on Arte .

Jacques Demy et Jean Marais (le Roi Bleu) sur le tournage de “Peau d’Âne”, sorti en 1970. Photo Michel Lavoix/Ciné Tamaris

Par Marie Sauvion

Publié le 19 décembre 2024 à 20h30

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UNfermer Godard sur Godard l’année dernière, Demy par Demy. Frédéric Bonnaud, le directeur de la Cinémathèque française, a écrit ce remarquable documentaire, réalisé par Florence Platarets, qui rend hommage au « Breton têtu » décédé en 1990 en mettant en lumière les nuances de son parcours, entre insouciance et obstacles.

D’où vient ce beau titre stendhalien, Jacques Demy, rose et noir ?
D’un simple constat : Jacques Demy a eu la chance, qui n’est pas donnée à tous les grands cinéastes, de connaître un immense succès, Les Parapluies de CherbourgPalme d’Or en 1964, Les Demoiselles de Rochefort, peut-être son film le plus parfait, et Peau d’âne, avec son gâteau d’amour, que nous montrons à tous les enfants. Mais ces trois « coups » cachent finalement la forêt des échecs, à commencer par Une chambre en ville, même s’il s’agit d’une œuvre appréciée des cinéphiles ou citée par Leos Carax. Il y a aussi quelque chose de plus profond derrière ce titre : chez Demy, le noir surgit sous le rose.

Même dans ses films les plus enchantés, la réalité transparaît parfois avec cruauté…
C’est là, dans cette complexité, qu’elle est très forte – disait aussi Godard « Jacques est le plus artistique d’entre nous ». Dans un film aussi joyeux que Les demoiselles, il s’agit d’une femme découpée en morceaux ou d’un homme dont la vie a été ruinée par le départ de sa fiancée enceinte. Peau d’âne, c’est l’histoire d’une jeune fille qui fuit pour échapper au désir incestueux de son père. Il y a toujours chez Demy, même dans l’euphorie de faire du cinéma et d’être pleinement homme de spectacle, le sens du réel, la prise en compte du tragique. C’est quelqu’un qui sait ce qu’est un avortement clandestin : lui et Agnès Varda auraient pu aller en prison à l’époque ! – ou une dure grève dans un chantier naval. On ne peut pas le réduire à un monde de ballerines et de marinières à pompons.

Quelle place occupe-t-il dans le cinéma français ?
Celle d’un cinéaste difficile à cerner, aventureux, à mon avis un peu sous-estimé. Il aurait pu recommencer Parapluies ou Les Demoiselles toute sa vie, mais il a préféré le risque, l’audace. Demy ne faisait que des prototypes.

Jacques Demy, rose et noir, Jeudi 19 décembre, 22h25, sur Arte. Puis en replay sur Arte.tv

 
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