En janvier 2024, le créateur britannique a livré pour la Maison Margiela l’un des défilés les plus extraordinaires de ces dix dernières années. Par la suite, des rumeurs ont circulé sur son départ. C’est désormais officiel et c’est même lui qui, dans un très long post, raconte la fin de cette aventure qui l’a ramené à la vie et à la mode.
C’est John Galliano lui-même qui a officialisé son départ de la marque Maison Margiela sur son compte Instagram avec beaucoup d’émotion et de sincérité, levant le voile sur une partie de sa vie. Et notamment sur ses quatorze années de sobriété alors que ses diverses addictions l’avaient conduit à des scandales et à un procès pour injures antisémites alors qu’il était le grand directeur artistique de Dior. Il revient bien sûr sur le rôle joué par Renzo Rosso, PDG du groupe OTB (Only the Brave) propriétaire de Maison Margiela et venu le chercher alors que tout le monde pensait qu’il avait fini. Sur sa rencontre décisive avec « Martin » (Margiela) qui l’a réconcilié avec son identité de créateur. Voici des extraits de cette « lettre » numérique.
« Aujourd’hui, je dis au revoir à la Maison Margiela. Mon cœur déborde de joyeuse gratitude et mon âme sourit. Parce que j’ai 14 ans aujourd’hui, 14 ans sobre. Je vis une vie meilleure que je ne l’aurais jamais imaginé, et c’est grâce à deux personnes – deux personnes vraiment belles que j’aime et que je chéris. Mais ils sont trop humbles pour me permettre de citer ici leurs noms. Nous savons qui ils sont et je leur serai éternellement redevable, éternellement reconnaissant.
Les rumeurs… Tout le monde veut savoir, tout le monde veut rêver. Le moment venu, tout sera révélé. Pour l’instant, je prends le - de vous exprimer mon immense gratitude. Je continue de me racheter et je n’arrêterai jamais de rêver.
(…)
Le cadeau le plus grand et le plus précieux que Renzo (Rosso) m’a offert l’opportunité de retrouver ma voix créative alors que je n’en avais plus. Mes ailes ont été réparées et j’ai mieux compris l’acte dévorant de créativité. Ma gratitude pour le sentiment « Only the Brave » tatoué sur lui est profonde. Avoir une telle marque sur votre peau signifie que vous croyez vraiment en cette devise. Il peut être très persuasif – sa positivité est contagieuse.
En m’invitant à assumer le rôle de directeur artistique dans la maison que Martin a construite et en nous permettant, à Martin et moi, de prendre une « tasse de thé » ensemble, cet homme a fait pencher la balance en ma faveur. Cet homme a fait pencher la balance pour moi. Il m’a donné le sentiment que je pouvais faire ce travail, même si je doutais d’être la bonne personne pour le faire ou que j’osais supposer que je l’étais. La joie de Martin et son souhait longtemps caché de voir un créateur de mode assumer ce rôle étaient accompagnés de quelques bons conseils : « Prenez ce que vous voulez dans l’ADN de la Maison, protégez-vous et faites-le vôtre, vous savez comment faire ».
Devant ce monsieur, j’ai eu une révélation : j’étais prêt.
Je ne m’entourerais que de personnes fortes et partageant les mêmes idées et partageant la même éthique de travail. J’ai informé Renzo que j’accepterais son aimable offre, mais que mon rétablissement devait passer en premier, et c’est ce qui s’est passé. Dix ans plus tard, je suis éternellement reconnaissante pour cet espace sûr qui m’a permis de créer et de construire une nouvelle famille qui me soutient avec courage et dignité.
Bien que peu de choses aient changé dans l’industrie à l’époque, ma perspective à ce sujet a radicalement changé. Je commence à voir des changements tout autour de moi : compassion et empathie.
Je suis reconnaissante envers ma famille de la mode pour ce moment créatif qui a sauvé des vies et pour l’endroit sûr que nous avons construit ensemble. Mes équipes, dont le soutien a été tendre et courageux, m’ont accompagné sur ce chemin étroit vers l’ici et maintenant.
Les êtres humains, à leur meilleur, sont résilients, créatifs et inventifs lorsqu’ils n’ont pas peur d’être eux-mêmes.
J’admets librement que je suis exigeant et difficile à gérer lorsque je suis mis au défi, mais écoutez…
C’est là que la famille – l’industrie de la mode – fonctionne le mieux : lorsque nous nous soutenons collectivement, et non lorsque nous nous jugeons mutuellement. Lorsque nous acceptons, pardonnons et nous aidons mutuellement à comprendre nos erreurs. Nous avons le courage de désapprendre, de nous rééduquer du passé – parce que la société l’a appris –, de partager, de faire preuve d’empathie et de compassion.
Une seconde chance. Avec des yeux d’enfant et une innocence oubliée, nous faisons amende honorable, croyant en nous-mêmes, car Dieu est en chacun de nous. PAS quand nous nous annulons.
Ce don précieux dont je parle, soutenu par mes proches, me permet de voir le monde sous un angle différent. Cela me permet de partager cette expérience avec les jeunes adultes qui nous rejoignent, renforçant ainsi la confiance en soi.
Vous pouvez être qui vous voulez – avec joie. Vous comptez et nous nous soucions de vous.
Me pardonner a été, pendant un certain -, l’acte le plus difficile. Je me sentais coupable de perpétuer le stéréotype selon lequel la créativité devait être alimentée par l’alcool et les drogues. Cette vieille attitude rock and roll. TELLEMENT FAUX. Avec mes équipes, nous avons prouvé que la créativité ne se démode jamais. Elle n’est pas alimentée par ces forces destructrices, mais par une communauté créative qui se soucie et se soucie du design.
(…)
À mon atelier, à mon équipe « A » – dédiée à la conviction, au style et à la technique – merci. Nous saluons l’importance de la mode slow et éthique et son influence sur toutes nos collections. la méthode de travail pyramidale. Vos connaissances exceptionnelles et votre capacité à communiquer une ligne avec sentiment et émotion sont au cœur de toute création. Ensemble, nous sommes animés par la beauté, la recherche de l’équilibre, de la construction et de la légèreté d’une plume.