les causes de la chute de Sabrina Soussan, PDG de Suez

les causes de la chute de Sabrina Soussan, PDG de Suez
les causes de la chute de Sabrina Soussan, PDG de Suez

Ancienne directrice générale de Dormakaba, groupe suisse de solutions intelligentes d’accès et de sécurité, et de Siemens Mobility, Sabrina Soussan arrive au sein d’une entreprise traumatisée. Deux ans plus tôt, en août 2020, Veolia avait lancé une OPA sur son rival historique et récupéré ses plus beaux actifs, principalement à l’étranger.

Le turbo sur l’innovation

L’ancienne Lyonnaise des Eaux se retrouve alors amputé de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires, avec sa base française comme principal atout. Pour diriger le nouveau Suez, les actionnaires envisagent d’abord de confier les rênes à un duo composé des directeurs généraux adjoints Maximilien Pellegrini et Ana Giros. Mais comme les deux managers ne s’entendent pas, ils décident d’explorer l’extérieur de l’entreprise.

Diplômée de l’École nationale supérieure de mécanique et d’aérotechnique de Poitiers, Sabrina Soussan n’a pas le - de prendre ses marques lorsque le petit monde de l’eau et des déchets la poursuit pour illégitimité. “Elle ne connaît pas les métiers, elle n’a aucun lien avec les communautés françaises et la politique, elle passe trop de - en Suisse”, où sa fille étudie. Autre grief, ses émoluments – on parle de 3 millions d’euros par an : un salaire qui serait supérieur à celui de la directrice générale de Veolia Estelle Brachlianoff, diplômée de Polytechnique.

Face aux attaques, Sabrina Soussan serre les dents et tente de faire bonne figure. En septembre 2023, elle présente son plan stratégique et met le turbo sur l’innovation dont le budget doit augmenter de 50 % d’ici 2027. « Les attentes de nos clients portent sur la sobriété, l’économie circulaire, l’indépendance énergétique, la production d’énergie verte et locale, l’adaptation au changement climatique. » assure-t-elle.

Une situation fragile

Le patron réalise trois grosses acquisitions dans les déchets en , au Royaume-Uni et en Afrique du Sud. Elle conclut des contrats d’une valeur de plus d’un milliard d’euros avec la ville de Manchester et plus récemment Toulouse. Dans la gestion de l’eau, Suez signe des accords en Chine et à Taiwan. En France, le groupe a remporté les villes d’Auxerre et de Cannes.

Le groupe n’a en revanche pas obtenu le contrat de 4,3 milliards d’euros du Syndicat de l’eau d’Ile-de-France (Sedif) détenu depuis cent ans par Veolia. Suez avait pourtant mis toutes ses forces dans la bataille. Lorsque la procédure de sélection a été entachée par un bug informatique mi-2023, le cabinet a déposé un recours auprès du tribunal administratif de Paris puis un recours devant le Conseil d’Etat. En vain.

Station d’épuration de Suez, près de Dole (Jura). Si le groupe a réussi à signer des contrats jusqu’en Chine, il n’a pas remporté celui du Syndicat de l’eau d’Ile-de-France, d’une valeur de 4,3 milliards. Crédit : Jean Pierre Amet/MaxPPP

L’échec du Sedif a-t-il scellé la perte de Sabrina Soussan ? Un de ses proches assure le contraire. Un expert du secteur estime que son éviction est liée à un manque de stratégie : « Aujourd’hui, le secteur de l’eau rapporte moins et celui des déchets est lié à la situation économique. Nous aurions dû nous orienter vers d’autres domaines comme les services énergétiques. » Le problème, c’est que cette spécialité est aujourd’hui préemptée par le géant Veolia.

Suez, présent dans une quarantaine de pays, a misé sur la croissance externe. Son chiffre d’affaires a recommencé à augmenter. En deux ans, la part de l’international est passée de 15 % à 40 %. Et l’excédent brut d’exploitation atteint désormais 1,4 milliard d’euros. La situation du groupe reste toutefois fragile. Commencé par trois acquisitions dans les déchets, le résultat net est négatif, à 117,3 millions. Car le montant de la dette s’est aggravé à 5,5 milliards, contre 4,6 milliards en 2022.

Le vide autour d’elle

Depuis plusieurs mois, Suez donne l’impression d’un bateau à la dérive. Sabrina Soussan a purifié l’air autour d’elle. Maximilien Pellegrini et Ana Giros sont partis depuis longtemps. Tout comme le directeur financier Thomas Devedjian. Entre le PDG et les équipes, la connexion n’a pas eu lieu. « Lors d’une conférence en ligne, alors que certains dirigeants de Suez étaient en retard, nous l’avons entendu grogner : « Ah, c’est vraiment français… » rapporte un témoin. “C’était devenu compliqué en interne et compliqué avec les actionnaires”résume un bon connaisseur du secteur. En août dernier, la PDG s’est séparée de son lieutenant Frederick Jeske-Schoenhoven, directeur de la stratégie et des affaires publiques. Mais ce geste sacrificiel n’a pas suffi.

Selon les médias La lettrel’éviction de Sabrina Soussan pourrait entraîner un changement d’actionnaire, Meridiam reprenant les 19% de la Caisse des Dépôts et devenant, avec 58% des parts, le premier actionnaire du groupe.

Une information démentie par le fonds d’infrastructure. Une chose est sûre, du 1est janvier 2025, la société sera présidée par le PDG de Meridiam, Thierry Déau. Cette orientation sera temporaire. Les actionnaires recherchent un nouveau patron qui pourrait prendre les rênes de l’entreprise au premier trimestre 2025.

Thierry Déau. Le fondateur et patron de Meridiam prendra les rênes de Suez à partir de janvier. Temporairement. Crédit : Joêl Saget/AFP

Parmi les favoris figurent Marie-Ange Debon, présidente du directoire de Keolis ; Thierry Mallet, PDG de Transdev ; et Xavier Girre, directeur financier d’EDF. Les deux premiers sont d’anciens salariés de Suez, le troisième est l’un des administrateurs. Tous trois connaissent donc les métiers de l’eau et des déchets. Pas sûr que cela soit suffisant pour rivaliser avec un Veolia surpuissant.

 
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