CComment accueillir plus de 140 adhérents dans les trois salles d’un préfabriqué niché derrière la basilique Saint-Eutrope ? « C’est un casse-tête entre les salles et les horaires. Pour l’instant, nous y arrivons, mais il nous faudra une solution pour l’année prochaine », estime Nicolas Rusaouen. Le président des laboratoires de musiques actuelles du Saintais (Asma) doit « optimiser » les locaux. Il y a peu, il se battait pour éviter la disparition totale de l’association.
L’histoire d’Asma est pleine de succès et de revers majeurs. L’association a été fondée par Daniel Barabeau qui a enseigné la Musique toute sa vie. « J’ai appris grâce à des stages et sur le tas. J’ai travaillé dans des centres de détention provisoire, dans des centres sociaux, je faisais de tout, des chorales, même de la musique celtique et traditionnelle”, raconte cet homme de 62 ans originaire de Pons. Le professeur de saxophone travaille depuis 1989 sous l’égide de la Mission Locale, puis d’une maison associative socioculturelle (Masc).
En 1998, il fonde sa propre association. « Très vite, on a trouvé du travail quand on était jeunes. Cela lui a donné une dynamique. J’ai eu beaucoup d’idées avec les cuivres. Ça a pris de l’ampleur, ça a aspiré les autres labos. On était un peu comme des 4×4, on pouvait jouer n’importe où, faire plein de choses sans trop d’argent. Jusqu’en 2009, tout allait bien. »
« On était un peu comme des 4×4, on pouvait jouer n’importe où, faire plein de choses sans trop d’argent. Jusqu’en 2009, tout allait bien”
Contestation
Au début des années 2010, Asma comptait 340 membres et dix enseignants. Mais une série de désaccords entre les dirigeants refroidissent les esprits. Accusé de harcèlement moral, Daniel Barabeau sort de l’épisode disculpé mais meurtri. Cela reste à la demande d’un député, Philippe Callaud. « Après cela, je ne voulais plus m’impliquer. Le côté positif c’est que ça m’a permis d’apprendre à jouer de la batterie, de la clarinette, de voir autre chose et de m’occuper davantage de mes enfants. »
Daniel Barabeau a fini par quitter Asma pour recréer un autre établissement aux Gonds, en 2017. L’association Saint a du mal à trouver un élan. Les dirigeants vont et viennent, les chiffres diminuent. Au début de la crise du Covid, en 2020, il ne restait plus qu’une cinquantaine d’adhérents, au final une vingtaine…
Deux recrues solides
Daniel Barabeau revient en jeu dans cette période, avec l’idée de « vivre avec l’asthme ». Il accepte finalement de redevenir professeur tandis que Philippe Callaud, devenu assistant de Bruno Drapron, tente de sauver les meubles. Nicolas Rusaouen relève le défi de la présidence. Professeur de segpa, il est venu accompagner son fils aux cours de batterie d’Abdel Tatou il y a une quinzaine d’années, avant de reprendre le micro. « Abdel m’a demandé de venir chanter avec lui et ses élèves. De là sont nés les laboratoires de roches. J’aime les gens qui travaillent ici. »
Entre 2021 et 2023, l’équipe redémarre autour de Daniel Barabeau (cuivres, ateliers jazz et musique de rue), Abdel Tatou (batterie) et Dominique Marteau (guitare classique et jazz), ainsi que Nicolas Rusaouen qui anime un atelier rock. En septembre 2024 il accueille un renfort de poids, Philippe Fléjou. Professeur de guitare, il a cofondé la Rock School en 2017. Il en part, très affecté par les tensions attisées par l’éviction de son épouse de la présidence, Lorène Ségui, en janvier 2024.
Asma recrute également Alexis Schaeffer (chant, guitare, claviers, basse) qui ouvre un espace d’initiation pour les plus jeunes, Les P’tits Rockeurs. Les laboratoires de pratiques collectives, qui restent au centre du projet musical, prennent de nouvelles couleurs, avec une chorale spectacle, des répertoires jazz, rock, chanson, blues ou encore « Pink Floyd », et un groupe, la Troupe de Saintes, qui a la vocation de créer du divertissement.
“Le passé est le passé”
Avec la Rock School les relations sont correctes, observe Nicolas Rusaouen. Pour lui, il y a de la place pour tout le monde. Fortement subventionnées il y a vingt ans, les Asma reçoivent aujourd’hui une aide de 800 euros, en plus du prêt hypothécaire du local. « Le passé est le passé », balaye le président. « Nous avons des gens compétents. C’est comme en affaires, il y a des règles. Je veux que chaque membre soit satisfait du service. »
Il espère continuer à attirer des musiciens pour consolider ses livres. Ce sont des abonnements qui couvrent les dépenses courantes. Pensez également aux services payants pour financer, par exemple, de nouveaux équipements. L’histoire continue de tourner en rond.
Au marché de Noël
Les Asma souhaitent remettre leurs membres sur scène et retrouver de la visibilité. Le groupe de jazz donnera trois concerts au marché de Noël de Saint-Louis les 13, 18 et 29 décembre, à 16h.