Peter Handke, tous les sens en alerte – .

Un bourdon mort. BERND WUSTNECK/DPA PICTURE-ALLIANCE VIA AFP

« Dialogues intérieurs en périphérie. 2016-2021 » (Dialogues intérieurs en marge), de Peter Handke, traduit de l’allemand par Laurent Margantin, Verdier, 288 p., 22 €.

Sous le titre Dialogues intérieurs à la périphérie. 2016-2021 Le dernier volume des carnets que Peter Handke publie depuis une quarantaine d’années est publié. Ces Dialogues… se présentent comme une série de fragments avec une datation légère, en six parties, une par an. Le mot « fragment » ne rend pas justice au rythme de cette écriture, qui n’est en rien statique ; pour la décrire, il faudrait plutôt utiliser le verbe allemand J’ai lu – que l’auteur emprunte à Willehalmun poème de Wolfram von Eschenbach, daté du XIIIe siècleet siècle – et qui signifie « faire siffler la flèche de l’arc ».

Pendant que ses flèches sifflent, Handke travaille sur un roman, Le voleur de fruits (Gallimard, 2020), et une pièce de théâtre. Quand il n’écrit pas, il lit Journalpar Delacroix, le Kyotode Kawabata, ou les poèmes de Machado. Il a toujours Guerre et Paix à portée de main. Dans ce monde romanesque, les personnages les plus intéressants à ses yeux sont aussi les moins héroïque » :Pierre et Marie, « les maladroits ». Handke est jaloux de Tolstoï, qui a besoin de si peu pour montrer un personnage dans toute sa profondeur (“les pas lourds de la princesse Marie”). Il lit ses nouvelles, dont « Le bonheur conjugal », qu’il appelle « Évangile de tristesse pour deux »Il revient toujours à Tolstoï, se demandant si c’est parce qu’il « réveiller l’organe silencieux dans [lui]…ou tout simplement la guimbarde ancestrale”.

Puis il ferme ses livres et part se promener dans la campagne. Il oublie parfois l’essentiel d’une promenade : « Ah, j’ai raté le premier vol du papillon citron ! » – Quand est le prochain vol ?Demain à la même heure. » Il se rabat sur le « jaune pissenlit : un jaune total ». Parfois, le seul adjectif de couleur lui semble insuffisant : “Au lieu de ‘marron’, ‘vert’, ‘jaune’, dites ‘couleurs mousse’ de temps en temps, ici et là.”note-t-il, comme s’il se donnait un conseil.

Au-delà des beautés conventionnelles, il s’intéresse aux araignées et aux bourdons : « Que veulent les pauvres bourdons lorsqu’ils se cognent contre les fenêtres dans le froid du premier printemps, avant de tomber morts, gelés, dans l’herbe ? Un autre bruit, détecté par l’oreille très fine de l’auteur, celui du “pas soigneusement étouffé par la facteur qui, dans quelques jours, fera son “dernier tour” avant de se retirer.” De nombreux objets sont également retirés, comme dans le jardin du voisin, « des balançoires déséquilibrées qui accrochent. – Les enfants du passé ne sont plus des enfants. – Oui, c’est la fin du balancement.

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