Les plaignants se sont donnés à fond sur les réseaux sociaux. Mais que diable font Shaka Ponk, Royal Blood et Foo Fighters au Hellfest de Clisson (Loire-Atlantique) ? Le festival a-t-il perdu son (maudite) âme en recherchant davantage d’artistes mainstream ?
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“Ha, enfin l’affiche des Eurockéennes de Belfort”, avait ironisé un internaute, reprenant l’idée que le Hellfest n’était plus le sanctuaire géant des fans de metal.
Vrai ou faux ? Tous les deux, mon capitaine. Oui – et c’est une confirmation plus qu’une surprise – la programmation est très ouverte, et « plus orienté rock que d’habitude ,
reconnaît Éric Perrin, responsable de la communication du Hellfest. Symbole de ce basculement : les Foo Fighters, tête d’affiche du dimanche. Ben Barbaud, directeur du festival, avait assuré en conférence de presse en 2017 qu’il n’irait pas jusqu’à les programmer…
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Tout pour Dave Grohl
Sept ans plus tard, le Hellfest a évolué et les opinions aussi. C’est tellement vrai que le groupe de rock américain fondé par Dave Grohl – ancien batteur de Nirvana et grand fan de métal – était devenu une priorité.
Le festival a même reculé de deux semaines pour le proposer. Mieux encore: « Nous avons travaillé avec le groupe et son management pour proposer, sur l’une des grandes scènes, des artistes proches d’eux, ou pour lesquels Dave Grohl a beaucoup d’affection. »
Ce qui explique pourquoi on retrouve les Américains de Queens Of The Stone Age, pour qui Grohl a déjà joué à la batterie, mais aussi High on Fire, Nova Twins et Blues Pills, trois groupes que Grohl apprécie.
Et Shaka Ponk ? Le groupe français, redoutable sur scène, meurt d’envie d’en découdre au Hellfest depuis des années, entend-on. « Et pourquoi pas Madonna en tête d’affiche ? » » ont lâché les plus inquiets – et sarcastiques – sur les réseaux sociaux.
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Statistiquement injuste
Cette critique d’une ouverture trop large, même si elle prend de l’ampleur, reste statistiquement injuste. “On parle d’à peine dix groupes sur un total de 184 en quatre jours ,
se souvient Éric Perrin. C’est aussi oublier – et surtout – l’ADN du Hellfest depuis sa création en 2006 : Ben Barbaud a toujours envisagé son festival comme un festival dédié aux musiques extrêmes, pas seulement au métal.
Ce qui le différencie par exemple du Wacken Open Air, son grand frère allemand. A Clisson, le hardcore et le punk disposent d’une scène dédiée (la Warzone). Iggy Pop, Kiss et ZZ Top, des artistes pas exactement métal, s’y sont produits, tout comme une multitude d’artistes plus confidentiels, parfois très éloignés des standards esthétiques et musicaux du genre.
L’année dernière, le trip-hop lunaire de Puscifer avait conquis le public. Cette année, la chanteuse féroïenne Eivør fait partie de ces curiosités.
Pearl Jam et Green Day ?
Cette ouverture plus affirmée présente également un double avantage : elle permet d’aller chercher un autre public sans (trop) perdre le plus fidèle. Et cela prépare le terrain pour de nouveaux artistes. Le public sera forcément moins surpris qu’un jour, après les Foo Fighters, le Hellfest fasse appel à des groupes comme Pearl Jam, Green Day, ou encore Muse.
La science-fiction ? ” Nous verrons, répond prudemment Éric Perrin. Ces groupes ont permis à de nombreux adolescents et jeunes adultes de s’intéresser au métal et à ses dérivés, de découvrir les « patrons » comme Metallica, AC/DC, Judas Priest, Megadeth. Quand on voit le succès qu’ont eu des groupes comme Sum 41 ou Linkin Park lorsqu’ils sont venus à Clisson, on imagine le même accueil. La force du festival est d’offrir un moment de convivialité et de cohésion entre les générations. »
Jusqu’au 30 juin à Clisson (complet), avec 180 groupes, dont une centaine pour la première fois. A noter le retour de Machine Head, chouchou du festival, après douze ans d’absence. Comme curiosités, les japonais du Baby Metal ; les vétérans suédois du rap-metal Clawfinger ; et Bruce Dickinson, chanteur d’Iron Maiden, en solo.
