Un caillou dans la mare musicale, un élévateur sonore et un objet sonore non identifié, ont débarqué sur la scène rock française en 2022. Le nom du phénomène : Aucun garçon ne ressemble à Brad Pitt dans la Drômele titre improbable du deuxième album créé par le groupe Asteréotypie qui avait largement contribué à faire connaître cette extraordinaire aventure musicale hors du cercle des initiés.
C’est que le groupe trouve original de compter parmi ses membres Claire Ottaway, Stan Carmont, Yohann Goetzmann et Aurélien Lobjoit, chanteurs et paroliers souffrant de troubles du spectre autistique. Les handicapés, en somme.
« On attend souvent quelque chose de positif de la part des personnes handicapées, qu’il nous fasse sourire ou qu’il leur apporte un message d’espoir »relance Christophe Lhuillier, guitariste et fondateur du groupe, déjà éducateur spécialisé, membre actif du magazine il Papotinécrit par des personnes autistes et adapté avec succès à la télévision, et le festival Suspicious Parcel dédié à leurs créations visuelles.
Dans Asteréotypie le sourire n’est pas interdit, loin de là, mais chez eux tout doit être pris avec le plus grand sérieux: des paroles à la musique, travaillée notamment pour leur troisième œuvre, Patamiun mot conceptuel inventé par Stan Carmont qu’il met volontiers dans la bouche de ses interlocuteurs pour mieux se leurrer.
Un album plus complet que le précédent, un déluge électro-punk apporté par des textes bruts, drôles, sensibles, incroyables. Une manière de repenser le rock en proposant une centralité, une histoire ancienne en marge. Asteréotypie a ainsi démontré qu’elle n’a rien d’un projet médico-social mais tout d’une proposition artistique abrasive.
Réincarnation punk de Diane la chasseresse
Tout commence par un atelier d’écriture animé par Christophe Lhuillier à destination des jeunes autistes. « Plutôt que de leur montrer comment ça marche, on s’est tout de suite dit qu’on ferait avec ce qu’ils nous avaient donné spontanément. Je pense que ce serait peut-être plus intéressant. Sans le savoir, nous sommes entrés dans une démarche d’art brut appliqué à la poésie orale. Puis, puisque j’étais musicien, on a ajouté la musique. »
Le projet, dans sa forme initiale, a attiré l’attention du groupe Moriarty, dont ils ont volé l’un des membres, le bassiste et guitariste Arthur B. Gillette, alors membre du festival Sonic Protest, une institution noise qui s’est auto-dissoute il y a un an. , avant de s’attirer les faveurs d’un public plus large, au point d’enflammer les Trans Musicales de Rennes, en 2022. « J’ai l’honneur et la possibilité, en tant que musicien, d’avoir les meilleurs paroliers. Les paroles sont si uniques, brillantes, originales qu’elles nous élèvent tous. C’est comme carte blanche : on ne peut pas décemment faire de la musique banale là-dessus.”confie le guitariste.
Il faut écouter De la toucher le mystère de la foi, La mauvaise fille au fromage entendre un manifeste ou une chanson féministe inattendue Que la biche soit avec nouschanté par la géniale Claire Ottaway et composé avec une complice du groupe, la chanteuse Rebeka Warrior, pour vivre quelques instants une réincarnation de Diane chasseresse et se plonger dans une poésie brute qui révèle une part insoupçonnée de l’humanité.
Plus proche de ceux qui créent
Humanité a toujours soutenu l’idée selon laquelle la culture n’est pas une marchandisequi est une condition de la vie politique et de l’émancipation humaine.
Face aux politiques culturelles libérales, qui fragilisent le service public de la culture, le journal dénonce la résistance des créateurs et de l’ensemble des personnels culturels, mais aussi la solidarité des publics.
Des positions insolites, audacieuses et singulières caractérisent les pages culturelles du journal. Nos journalistes explorent les coulisses du monde de la culture et la genèse des œuvres qui font et secouent l’actualité.
Aidez-nous à défendre une idée ambitieuse de la culture !
Je veux en savoir plus !