Ève Gilles clôturera son année enchantée le 14 décembre à Poitiers, où elle sera sacrée Miss France 2025.
La Nordique de 21 ans a décidé de mettre à profit son expérience pour travailler avec 3018 et venir en aide à ceux qui, comme elle, sont ou ont été la cible de harcèlement.
“C’est plus facile de se confier quand on sait que quelqu’un a vécu la même chose”, explique avec nous la jeune femme qui fait le bilan de ses derniers mois sous les projecteurs.
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Miss France 2025 : qui succédera à Ève Gilles ?
Ne lui demandez pas combien de kilomètres elle a parcouru cette année. “Je n’ai pas calculé et honnêtement je ne sais même pas si j’en serais capable”sourit Eve Gilles. Il faut dire que la Nordique de 21 ans a voyagé, beaucoup voyagé depuis qu’elle a été élue Miss France 2024 un soir de décembre à Dijon. Elle a également appris à utiliser son bouclier face aux attaques qui la visaient avec la couronne posée sur sa tête.
Le président Emmanuel Macron avait également manifesté son soutien, le qualifiant “destin” ceux qui ont choisi d’exprimer leur haine envers sa coupe de cheveux ou sa silhouette élancée en ligne. Lui qui refusait d’être connu seulement comme un “La demoiselle aux cheveux courts” il a choisi de prolonger son règne en luttant contre le harcèlement. « Honnêtement oui. C’est à cause de ce que j’ai vécu.elle nous explique, évoquant sa future collaboration avec l’association e-Enfance, l’origine du nombre 3018. Elle est venue nous rendre visite à la rentrée pour notre traditionnel bilan de fin d’année.
Vous avez commencé votre année en sachant que vous participeriez au relais de la flamme olympique. C’est bientôt votre tour de passer le relais à Miss France 2025, dans quel état d’esprit êtes-vous ?
Eva Gilles : J’ai hâte de le faire. Non pas parce que j’ai hâte de renoncer au titre et d’arrêter complètement mon activité de Miss France, mais plutôt parce que j’ai vécu une année exceptionnelle. Avec les Jeux olympiques, c’était vraiment extraordinaire. J’ai hâte qu’une nouvelle fille vive son rêve, aille de l’avant avec ses projets et voie vraiment sa vie changer.
Amandine Petit, Miss France 2021, nous a confié qu’elle avait pris 10 ans d’expérience de vie en un an de Miss France . Avez-vous le même sentiment ?
Complètement. On grandit, on apprend beaucoup sur les autres et sur soi-même. On découvre des environnements, comme celui de la télévision. J’ai pu me promener autour de Pierre Cardin, c’était super aussi ! J’ai signé des livres comme une star. Ce sont des choses que je n’aurais jamais faites auparavant.
Vous nous avez dit de participer à Miss France pour « casser les codes » et vous n’avez certainement pas fait les choses comme ceux qui vous ont précédé. Si vous deviez faire un vlog d’une minute pour résumer votre année, que diriez-vous ?
Une minute ne suffirait vraiment pas ! Je ne pense pas que je prendrais ne serait-ce qu’une seconde de chaque instant de mon année pour pouvoir stocker autant de souvenirs que possible. J’en ai tellement que c’est difficile de choisir. J’utiliserais des mots clés comme partage, échange, écoute, sourires, yeux pétillants d’enfants… Toutes ces choses étonnantes plutôt que d’essayer de faire un long discours dans lequel je me perdrais.
Cette année m’a énormément aidé à oser dans tous les domaines. Si j’ai quelque chose à dire, je le dis. Si je veux faire quelque chose, je prendrai les choses en main
Eva Gilles
Vous avez vécu une année pas comme les autres car c’était une année olympique et paralympique. Vous avez pu participer aux épreuves d’équitation dont tu nous as parlé ?
Oui, j’ai vu une finale équestre. J’étais vraiment heureux parce que c’était mon rêve. Mon deuxième rêve était de voir du basket-ball en fauteuil roulant. J’ai réussi à y parvenir en participant à une demi-finale féminine. J’avais tout ce que j’espérais, j’ai même réussi à marquer les trois premiers coups de la finale par équipe, du fleuret à l’escrime en fauteuil. L’un des participants a été amputé des deux bras et des jambes. Il est vraiment un exemple pour les jeunes, il montre que grâce au sport on peut tout surmonter.
Votre mantra de réunion, “tu ne peux pas mourir sans essayer”Il dit qu’il est important d’oser dans la vie. Vous êtes-vous surpris en sortant de votre zone de confort ?
J’ai déjà quitté la campagne (monter) ! Quand je connais bien quelqu’un, je parle beaucoup. Sinon, je prendrai un peu plus de retard. Maintenant, je n’ai plus ces barrières. Par exemple, lors des séances d’autographes, certaines personnes sont parfois timides et c’est à nous de les approcher. Cette année m’a énormément aidé à oser dans tous les domaines. Si j’ai quelque chose à dire, je le dis. Si je veux faire quelque chose, je prends les choses en main et je mets mon CV dans la pile au lieu d’attendre qu’il tombe sur mes genoux.
Que souhaiteriez-vous tout de suite ?
Il y a des tonnes de CV partout ! J’aimerais participer à “Danse avec les stars”, retour à “Fort Boyard”. J’aimerais représenter la France à Miss Univers.
Si seulement j’avais un conseil à donner aux prétendantes à la couronne Miss France 2025 serait…
A déguster car ça passe très vite ! Ils auront beaucoup à faire pendant le parcours de préparation (en Côte d’Ivoire, éd.) . Ils devront se lever très tôt, parfois se coucher très tard. Ce ne sera pas un rythme régulier. Parfois, elles devront se maquiller à 5, 6 ou 7 heures du matin. Il est trop tôt pour tout le monde mais ils le feront. C’est un groupe qui a besoin de rester soudé sinon c’est moins amusant. J’espère qu’ils auront la même ambiance que ma promotion.
Miss France 2024 : Ève Gilles reine dans son village !Source: Actualités 13h Semaine
Comment imaginez-vous votre quotidien à partir du 15 décembre ?
Je dormirai beaucoup ! Je vais prendre mon temps et profiter de mes proches. Je pense que je serai plus cool jusqu’à Noël. En fait, je ne sais pas du tout, mais je pense (éclate de rire).
Vos parents ont été fortement sollicités par les médias. Comment ont-ils vécu votre soudaine renommée ?
En vérité, il est assez compliqué pour les parents de voir partir leur enfant. Nous avons toujours été très proches. J’ai vécu à Lille pendant mes études mais je revenais leur rendre visite chaque week-end. J’ai donné des cours de danse dans ma ville, j’ai fait de l’équitation à proximité. Je m’y sens bien, j’adore y retourner. Une de mes sœurs est en Belgique, l’autre vit à la Réunion et je fais partie de la vie de Miss France. Ainsi, du jour au lendemain, ils se sont retrouvés sans aucune de leurs filles autour d’eux. C’était difficile au début. Ils avaient peur mais maintenant ils voient que je suis heureux et que je passe une excellente année.
Et vos grands-parents à la Réunion ?
Dans ma famille, on ne verbalise pas beaucoup. Nous sommes beaucoup en contact mais pas physiquement, car nous ne sommes même pas tactiles (monter). Cela implique des regards ou parfois une petite tape sur l’épaule. Ils ne me le diront pas nécessairement “nous sommes fiers de vous”bien que là, ils me l’ont dit. C’était d’autant plus fort qu’on ne se disait rien. Je venais d’être élue Miss France, mon grand-père commençait déjà à me parler de Miss Univers (monter) ! Ils ne perdent pas le Nord.
Vous avez promis de terminer vos études de mathématiques. Est-ce toujours d’actualité ?
Si l’université le souhaite, j’aimerais pouvoir reprendre au moins certaines matières afin de me remettre un peu dans le bain. Je ne peux pas dire maintenant si je veux vraiment travailler dans le domaine des statistiques. Mon objectif est de terminer mon diplôme. Ensuite, nous verrons ! J’espère pouvoir faire changer d’avis certaines personnes sur les mathématiques.
Dès le mois de juillet, on commençait déjà à me dire : « Ça fait six mois, qu’est-ce qui se passe après Miss France ? ça m’a fait paniquer
Eva Gilles
Est-ce compliqué à planifier ?
Je commence à réfléchir à ce qui va suivre. Déjà en juillet les gens commençaient déjà à me dire : “Ça fait six mois, que se passe-t-il après Miss France ?” Cela m’a fait peur. Je me suis dit : « D’accord, que va-t-il m’arriver ? Je ne sais pas, je vais me perdre. Ils me quitteront, je ne ferai rien. » Et en fait, pas du tout. Je me suis mis la pression pour rien. J’ai beaucoup de projets. J’ai enfin trouvé mon association anti-harcèlement, le 3018. Je suis vraiment heureuse de pouvoir collaborer avec eux dans les années à venir.
Cet engagement découle-t-il de l’oppression que vous avez subie au début de votre règne ?
Honnêtement oui. C’est dû à ce que j’ai vécu. J’ai réussi à “bien” le vivre parce que j’ai été accompagné, écouté et je savais à qui en parler. Quand on est jeune, on ne sait pas forcément quoi faire. Je pensais qu’il y avait un numéro d’écoute mais je n’aurais jamais imaginé qu’il existait une application. Il a été créé pour que ceux qui n’osent pas appeler puissent envoyer un message via le chat. Je me dis que beaucoup de gens ne le savent peut-être pas encore. Ils ont besoin de savoir qu’ils sont des victimes, qu’elles n’ont rien fait de mal, qu’elles peuvent être entendues et qu’elles sauront surmonter cette situation. Il est plus facile de se confier quand on sait que quelqu’un a vécu la même chose.
Est-ce un message que vous partagez également avec les candidates à Miss France ?
OUI. Je réponds très honnêtement lorsqu’ils me demandent tout ce qui m’est arrivé. Je leur dis à chaque fois que partir ne sera pas forcément facile. Que vous soyez blonde ou brune, que vous ayez les cheveux courts ou longs, que vous ayez la peau blanche ou non, que vous soyez métisse, que vous veniez d’outre-mer ou de France, que vous soyez d’origine ethnique, vous savez d’où, si Si vous exercez un certain métier ou si vous avez un certain tatouage ou un certain piercing, vous serez toujours critiqué car on trouvera toujours quelque chose. Vous êtes trop ou pas assez. S’ils sont là, c’est parce qu’ils le méritent. Je pourrai accompagner celle qui sera élue Miss France 2025. Elle ne sera pas seule.
Vous nous avez dit après votre élection : « Les gens qui me critiquent aujourd’hui me soutiendront peut-être demain car ils viendront à ma rencontre ». Les grognes en ligne se sont-elles calmées ces derniers mois ?
Il s’est légèrement calmé. Et puis il y a toujours ceux qui n’écoutent pas ce que nous avons à dire et préfèrent parler sans vraiment nous connaître. Ils ne viendront jamais nous rendre visite parce que justement ils n’en ont pas envie. Je l’accepte. J’ai toujours accepté que les gens ne m’aiment pas parce qu’on ne peut pas discuter de goûts et de couleurs. Mais malgré tout, j’ai continué. J’ai arrêté d’espérer une sorte de pardon. Maintenant, c’est moi qui me pardonne d’avoir attendu tout ce temps en vain.
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>> Élection Miss France 2025 – à suivre sur TF1, TF1+ et TF1info le 14 décembre à 21h10.