“Montrer la guerre au cinéma, c’est montrer son horreur”

“Montrer la guerre au cinéma, c’est montrer son horreur”
“Montrer la guerre au cinéma, c’est montrer son horreur”

Le cinéaste franco-grec, invité d’honneur du festival War On Screen à Châlons-en-Champagne (Marne), revient sur son immense carrière, bientôt récompensé par un César d’honneur lors de la 50e édition des Césars, qui aura lieu le 28. Février 2025.

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Son nom est étroitement lié au cinéma français. Lauréat de l’Oscar du meilleur film en langue étrangère pour “Z« en 1980, une Palme d’Or et un Oscar du meilleur scénario adapté pour « »Manquant« en 1982, un Ours d’Or pour «Boîte à musique» en 1990 et un César du meilleur scénario original pour «Amen» en 2003, le travail de Costa-Gavras s’appuie sur un cinéma profondément ancré dans le réel.

A 91 ans, le cinéaste franco-grec recevra également, aux côtés de Julia Roberts, un César d’honneur lors de la prochaine cérémonie des Césars, le 28 février 2025 à l’Olympia de Paris. Mais avant cette échéance, nous l’avons rencontré au festival War On Screen, qui se déroule du 7 au 13 octobre et dont il est l’invité d’honneur.

Le slogan du festival « Faites des films, pas la guerre », qui fait écho à « Faites l’amour, pas la guerre », qu’est-ce que cela signifie selon vous ?

Cela signifie veiller au plaisir de nos concitoyens en faisant des films, plutôt qu’à leur mécontentement. Quelle horreur la guerre ! Et nous en savons quelque chose pour le moment.

Justement, pourquoi retranscrire la guerre à l’écran ?

C’est pour montrer son horreur. Il s’agit de montrer que c’est la chose à ne pas faire et d’enseigner aux jeunes que le pire, c’est la guerre. Derrière la guerre, il y a la parole, il y a la négociation, il y a l’échange. Et il faut toujours commencer par là, plutôt que de faire la guerre.

« Voyage à Gaza », « Le Parfum de l’Irak » sont des films qui font directement référence à l’actualité du Moyen-Orient. Représenter au cinéma l’horreur que l’on voit déjà sur les réseaux sociaux et à la télévision, n’est-ce pas anxiogène ?

Non, je ne pense pas. Au contraire, c’est important, car montrer la guerre, c’est montrer qu’à l’inverse, la paix est un bien meilleur choix. Faire des films de guerre montre aussi qu’il vaut bien mieux vivre dans une situation de paix que d’avoir la guerre autour de nous. Le cinéma raconte l’histoire de la vie. La vie que nous avons, la vie que nous aimons, la vie telle qu’elle devrait être. Mais cela raconte aussi la vie qui n’existe pas. Et en même temps on comprend que dans ce qui est raconté au cinéma, il y a du positif, et il y a du négatif.

Le cinéma a une énorme responsabilité, car c’est le média le plus regardé, celui qui touche le plus facilement la grande majorité de nos citoyens, et d’ailleurs le monde entier.

Quand on fait un film de guerre, faut-il toujours prendre parti ? Et n’est-ce pas dangereux de le faire ?

Il faut évidemment prendre parti. En aucun cas, nous ne pouvons accepter la guerre, quelles qu’en soient les raisons. Même pour se défendre en fait, mais avant de se défendre, il faut tout faire pour ne pas finir par faire la guerre. C’est un problème philosophique et presque social. Le principe est d’être contre (la guerre). Je ne peux pas mieux résumer le problème de la guerre, que nous connaissons actuellement, mais que nous avons toujours eu et que nous aurons encore à l’avenir.

Quel est le rôle du cinéma aujourd’hui, face à tous ces conflits ?

Le cinéma a changé le monde. Pour la première fois, nous avons pu montrer comment les autres vivent, comment ils sont, comment ils s’entretuent et comment ils « s’entraident ». Le cinéma a donc une responsabilité importante, même si les cinéastes restent libres de montrer ce qu’ils veulent montrer et de réagir en fonction de leur propre ressenti.

Sur la représentation des conflits, le cinéma a-t-il changé en 50 ans ?

Cela a fondamentalement changé. Premièrement, cela a changé techniquement, ce qui permet à de nombreuses personnes, notamment aux jeunes, de faire des films quand ils le souhaitent. Mais cela a aussi changé de manière négative : avec la montée en puissance des séries, et les grandes sociétés qui font beaucoup de films, on s’y perd un peu.

D’ailleurs, je vais parler en spectateur, mais la meilleure façon d’aller voir un film, c’est d’aller au cinéma, d’être dans une grande salle avec d’autres personnes. C’est avoir des sentiments communs, et après on peut en parler ou ne pas en parler, peu importe, mais c’est mieux que de regarder un film en pantoufles devant sa télévision.

 
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