« Les fausses confiances » de Marivaux est joué au Théâtre de Carouge jusqu’au 19 octobre. Le classique date de 1730 et est singulièrement remis à l’ordre du jour.
Le Théâtre de Carouge a la particularité d’aimer dépoussiérer les classiques pour les actualiser à la sauce de l’époque actuelle. Les Fausses Confidences, datant des années 1730, ne font pas exception à la règle. Sous la direction d’Alain Françon, la langue prend toute son importance.
L’acteur Pierre-François Garel incarne Dorante, un jeune avocat sans le sou qui aime secrètement l’autre protagoniste de la pièce, la douce Araminte. Pour lui, cette revisite des « Fausses Confidences » permet de s’affranchir de tous les a priori que l’on pourrait avoir sur ce théâtre de Marivaux : « On arrive avec toute une imagerie de ce qu’est le théâtre de Marivaux. Le travail d’Alain Françon consiste à gratter le texte pour aller au cœur de la situation et de l’épreuve de ses protagonistes.
Comment se matérialise sur scène ce texte qui repose sur un amour provoqué par de fausses confidences ? “C’est une question que je me pose tous les soirs”, ironise l’actrice Georgia Scalliet qui interprète le rôle d’Araminthe, une jeune et riche veuve. Pour elle, il faut impérativement être « disponible pour surprendre et voir ce que produisent les mots ». Sans action à proprement parler, la comédienne explique que tout repose sur des mots : “C’est par le langage qu’on va modifier une manière d’être, bouleverser un monde social”.
Être ou apparaître ?
Le jeu d’opposition entre être et apparaître est présent dans la pièce, comme dans la société d’aujourd’hui. «C’est l’essence du théâtre, l’épreuve du comédien chaque soir», analyse Pierre-François Garel. “N’est-ce pas une manière de se déguiser, de se vider de quelque chose et de se rencontrer ?” demande Georgia Scalliet.
Souvent dans les textes de Marivaux apparaît une morale. Dans « Fausses Confidences », les deux acteurs le formuleraient ainsi : « N’oubliez pas que le monde humain n’est pas naturel, mais culturel et donc réversible ». Un bouleversement à vivre au Théâtre de Carouge.
