La photographe troyenne Zoé Millerot répare les cicatrices du cancer du sein avec de la feuille d’or

La photographe troyenne Zoé Millerot répare les cicatrices du cancer du sein avec de la feuille d’or
La photographe troyenne Zoé Millerot répare les cicatrices du cancer du sein avec de la feuille d’or

Transformer les blessures en belles cicatrices grossissantes et donner une seconde vie aux femmes dont le corps a été endommagé par le cancer du sein. C’est ce sur quoi s’est concentrée la photographe troyenne Zoé Millerot, qui travaille auprès des femmes atteintes de la maladie en rehaussant leurs cicatrices à la feuille d’or afin de leur redonner confiance et de les aider à reconstruire leur vie. Une performance artistique qui prend tout son sens à l’occasion d’Octobre rose, le mois de la mobilisation contre le cancer du sein. Pendant un an, Zoé Millerot a travaillé avec l’association Les Ateliers des Petites Herbes qui programme des ateliers sur le thème de la santé et du bien-être. Elle pratique l’art-thérapie auprès de femmes atteintes d’un cancer du sein, subissent parfois des traitements lourds et se retrouvent face à un corps abîmé, qu’elles préfèrent souvent cacher.

« J’ai démarré ce projet dans mon atelier lorsque des femmes venaient se faire prendre en photo après leur grossesse et me demandaient de retoucher leur ventre ou leurs vergetures », raconte Zoé Millerot. J’ai trouvé que c’était dommage de les supprimer car ça raconte une histoire. J’ai fait une licence en arts plastiques et je travaillais déjà la feuille d’or sur mes peintures. J’ai pensé au Kintsugi, cet art japonais ancestral qui répare les objets (et les esprits) tout en les sublimant de poudre d’or. La technique vise à mettre en valeur les fissures en les rendant esthétiques, au lieu de les masquer. J’ai proposé à ces femmes de les mettre en valeur en rehaussant leurs « défauts » à la feuille d’or et, de fil en aiguille, après ma rencontre avec l’association, je me suis spécialisée dans les photographies de femmes ayant eu un cancer du sein. »

Une journée par mois, elle travaille avec une socio-esthéticienne sur l’image et l’estime de soi. Après s’être relookées, ces femmes ont posé devant l’objectif en civil pour faire à nouveau connaissance. Un premier travail a été réalisé sur ces photos afin d’établir une relation de confiance. Gagnés en confiance par la douceur et l’attention de Zoé, ils se confièrent peu à peu. « On a fait connaissance devant l’objectif, c’est quelque chose de très émouvant. Ces femmes ont cédé assez facilement et c’est ce qui m’a motivé à continuer. J’improvise ensuite à la feuille d’or sur la zone de leur corps qu’ils souhaitent travailler. Au lieu de cacher leurs défauts, je les sublime pour rendre ces femmes encore plus belles. Surtout pour qu’ils se voient tels que nous les voyons à l’extérieur. Après les opérations et la chimio, certaines femmes ne se regardent même plus. Lorsqu’ils découvrent les photos, ils ne se reconnaissent souvent pas. Parfois il y a des larmes, ils ont du mal à y croire”, confie le jeune photographe.

C’est le cas de Christelle. Après son cancer, elle a vécu cette expérience « unique » avec Zoé qui a recouvert son sein de feuille d’or pour rehausser sa cicatrice. « Grâce à ses photos, elle a pu capturer un moment profondément émouvant pour moi. Ce jour-là, j’ai ressenti une intense vague d’émotions : chaque photo reflétait cette étape de guérison et de renaissance. Elle a capturé cet instant avec une sensibilité incroyable, transformant cet instant en une véritable œuvre d’art. Ce fut une étape importante dans ma guérison, un moment de thérapie qui m’a aidée à reprendre confiance en moi, à accepter mon corps et à aborder cette nouvelle phase de ma vie avec force et sérénité. »

Pour d’autres, comme Amélie, le travail à la feuille d’or s’est fait sur les veines centrales et périphériques de son corps, chemin emprunté par ses chimiothérapies. « Grâce à Zoé, j’ai pu dire merci à mon corps d’avoir été aussi fort face à des traitements aussi lourds. Quelle délicate attention de m’avoir sublimé, d’avoir mis de l’art, des couleurs, de l’estime de soi dans ma vie dans cette période floue et douloureuse. » Zoé Millerot espère sensibiliser d’autres femmes à tenter l’expérience et exposer ses photos à l’hôpital de Troyes.

 
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