A 29 ans, Jack Burke a battu le record de l’ascension du Mortirolo, col mythique italien, en battant de près d’une minute le temps de Vincenzo Nibali, ancien vainqueur du Tour de France et du Tour d’Italie. Le Canadien, coureur amateur, espère désormais avoir sa chance dans le World Tour, l’élite du cyclisme.
Une seconde chance. C’est tout ce que demande Jack Burke, un cycliste amateur de 29 ans qui a raté sa carrière professionnelle. Le Canadien a mis toutes les chances de son côté pour faire son grand retour en battant le record d’ascension du Mortirolo, un col mythique situé près de la frontière italo-suisse en Lombardie.
Burke a fait environ une minute de mieux que Vincenzo Nibali, qui avait avalé le monstre alpin en 44’52” lors de la 16ee étape du Tour d’Italie 2019. Le natif de Toronto l’a fait en seulement 43’45”. « Je viens de battre le record de Mortirolo. Nous sommes le 16 novembre, c’est pour ça que j’ai froid. Oui, je l’ai pulvérisé »Burke était satisfait perché au sommet de Mortirolo.
Outre le Mortirolo, Jack Burke aurait également effacé le record du Stelvio, autre passe italien éminent. Le grimpeur nord-américain a assuré qu’il mettrait en ligne les données de ce record dans les semaines à venir. Après Nibali, Burke devrait donc s’emparer du scalp d’un autre ancien vainqueur du Giro en la personne de Jai Hindley, actuel recordman (1h10’41” lors des 18e étape du Giro 2020). Des performances à retenir puisque Burke fixait ces chronos en s’élançant au pied des cols, quand Nibali et Hindley gravissaient ces montagnes avec une centaine de kilomètres au compteur, en plus de la fatigue accumulée par deux semaines de course.
Testé positif puis disculpé à 18 ans
Si Burke est un amateur en compétition avec les meilleurs professionnels du chrono, il n’est pas pour autant un novice. Grand espoir du cyclisme canadien, le recordman a connu une carrière tortueuse. En 2013, alors qu’il n’a que 18 ans, Jack Burke remporte le contre-la-montre du 3e étape du Tour de l’Abitibi, au Canada. Quelques jours plus tard, il est néanmoins contrôlé positif à l’hydrochlorotiazide, un produit susceptible de masquer d’autres substances. Devant les tribunaux de son pays, le cycliste, alors à peine majeur, s’est défendu en expliquant avoir été contaminé par l’eau. Dion Burke, son père, parvient à prouver que l’eau de Malatric n’est que partiellement traitée et que cette substance se retrouve dans l’organisme de ceux qui la consomment.
Un argument convaincant pour la justice, mais pas pour l’UCI, qui a fait appel avant d’être une nouvelle fois déboutée. “Je suis content d’avoir été disculpé.” Les autres peuvent penser ce qu’ils veulenta déclaré le jeune coureur à Journal de Montréal . Même si j’ai été innocenté, le doute subsiste. » Victime collatérale de cette affaire, la commune de Malatric, dont la qualité de l’eau est mise en cause. “Tant mieux s’il s’en sort, mais ce que je dis, c’est que ce produit ne se retrouve pas dans nos eaux”fulmine Martin Ferron, maire de la ville de Québec.
Une carrière professionnelle perturbée par le Covid-19
Malgré cette affaire, Jack Burke n’est pas suspendu, mais perd sa victoire au compteur. Ce qui ne l’empêche pas de poursuivre sa carrière. Il devient professionnel en 2016 dans une équipe Continentale (3e division mondiale) et brille sur le circuit nord-américain, sans casser l’écran. De quoi tenter sa chance en Europe avec Leopard Pro Cycling puis Team Vorarlberg Santic, évoluant également au troisième niveau mondial. Chez les professionnels, son principal fait d’armes est sa victoire sur le 2e étape du Tour de Beauce en 2018, l’une des courses par étapes les plus prestigieuses en Amérique du Nord.
Alors qu’il sort d’une bonne saison 2019, l’année 2020 est anesthésiée par la pandémie de Covid-19, stoppant toute activité et sa progression. Le grimpeur canadien passera encore deux saisons au sein d’une équipe professionnelle avant de retrouver une formation amateur avec une formation américaine, tout en restant vivant en Autriche pour assouvir son envie de randonnée dans les Alpes.
Un livre et un podcast à son actif
De retour parmi les amateurs, Jack Burke se diversifie en écrivant un livre intitulé Comment devenir cycliste professionnel. Le Canadien expérimente même un podcast sur le même thème, avec différents coureurs professionnels se relayant pour partager leur expérience. S’éloignant de ses ambitions professionnelles, Jack Burke envisageait même de ne pas courir en 2024. « Steve (son entraîneur) merci de m’avoir convaincu de m’entraîner à nouveau en mai. J’ai gagné toutes les courses que j’ai faites cette année. J’ai battu le record du parcours sur trois d’entre eux”a-t-il déclaré au sommet de Mortirolo.
A 29 ans, Jack Burke semble donc prêt à faire son retour dans le monde professionnel, voire sur le World Tour. « N’importe qui, n’importe où, n’importe quand. Je ferai ce que tu veux. Je veux juste avoir une chance contre les meilleurs »a lancé Burke aux grosses écuries du peloton.
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En attendant qu’un contrat soit posé sur la table du Canadien, ce dernier a déjà une passe et un coureur en ligne de mire. Et pas n’importe lequel : “Pogacar, je viens chercher ta Madone”.