“Une situation dramatique” aux urgences de l’hôpital de Narbonne

“Une situation dramatique” aux urgences de l’hôpital de Narbonne
“Une situation dramatique” aux urgences de l’hôpital de Narbonne

l’essentiel
Les urgences de Narbonne sont les premières à souffrir de la saturation hospitalière. Depuis une semaine, l’afflux de patients est continu et le service est toujours plein. Une situation de crise qui n’est pas sans rappeler celle du Covid-19.

Les urgences de Narbonne sont sous l’eau. Depuis une semaine, le service hospitalier ne désemplit pas. Vendredi 3 janvier 2025, en fin de journée, pompiers et ambulanciers privés se sont même retrouvés bloqués devant les urgences faute de civières, ce qui les empêchait de déposer les patients. « Certains sont restés bloqués pendant une heure et demie »regrette le docteur Alain Peret, chef des urgences de Narbonne depuis 2014. Une situation inédite qui reflète la crise que traverse l’hôpital en ce début d’année. « La dernière fois que nous avons été touchés de la sorte, c’était en 2021 avec le Covid-19. Chaque hiver, il y a des pics épidémiques mais les derniers n’ont pas été aussi forts.»

49 personnes hospitalisées en une journée

Sauf que depuis les fêtes de fin d’année, les pathologies respiratoires se sont largement répandues. Avec la grippe A en tête du classement. Si, dans les premiers jours, l’hôpital a pu faire face à l’afflux massif de malades car l’établissement était débouché pendant les vacances, la rentrée scolaire a fini par engorger tous les services. « À Narbonne, en moyenne, nous avons 125 entrées par jour. Vendredi, nous avons eu 181 entréessouligne Alain Péret. Depuis, cela ne s’est pas arrêté. Ce même vendredi, 49 personnes étaient hospitalisées, contre 20 à 30 en moyenne. Ce qui a conduit les responsables à déclencher la situation de crise lundi 6 janvier, mais pas le plan blanc.

Les conséquences de cet afflux massif de patients sont immédiates. Les salles d’urgence sont débordées et ne disposent plus de suffisamment d’espace pour se soigner. La salle d’attente post-urgences a été transformée en salle de soins, certains patients y étant présents depuis 24 heures. “Ce n’est pas normal que nous soyons hospitalisés dans ces conditions en 2025”assure le chef des urgences qui, désignant le couloir, ajoute qu’il sera bientôt occupé par de nouveaux patients.

Les patients finissent par s’accumuler aux urgences car les lits en aval (les autres services de l’hôpital) sont saturés. « Nous sommes la porte d’entrée de l’hôpital, et nous sommes très dépendants de l’espace disponible dans les autres services pour accueillir les patients »poursuit Alain Péret. Tel un entonnoir, les patients entrent à l’hôpital par les urgences, qui sont débordées et peinent à acheminer les patients vers les services habilités, faute de place dans ces derniers. “Mais nous avons la chance qu’à Narbonne, nous ayons des services qui soient réactifs et qui tentent de rationaliser au maximum.” Un système censé réduire cet effet embouteillage. Un bouchon pour le moins très grippé. « Normalement, aux urgences, vous y passez trois à six heures. À l’heure actuelle, certains patients sont là depuis 24 heures.

Une situation qui durera jusqu’à fin janvier ?

Les familles des patients sont parfois les premières à manifester leur mécontentement : « Ils sont tendus de voir leurs proches hospitalisés dans ces conditions. Mais malheureusement, nous ne pouvons pas faire autrement.»

Cette situation critique devrait durer encore plusieurs semaines. En Occitanie, le pic épidémique n’est pas encore atteint. « Il faut s’attendre à être débordé pendant encore trois semaines, jusqu’à fin janvier »déplore le professionnel de santé, qui qualifie cette situation de «dramatique” et qui rappelle celle de la grippe en janvier 2018. Une crise qui épuise les personnels, qui s’efforcent d’assurer leurs missions malgré une surcharge de travail. Car en plus d’accueillir de nouveaux patients, il y a la mission du SMUR (Structure Mobile d’Urgence et de Réanimation).

80 à 90 % des patients sous oxygène ne sont pas vaccinés

Dans cette période chaotique, Alain Péret veut faire passer un message de prévention, tout en enseignant. « Le vaccin ne prévient pas forcément la grippe mais il protège des formes graves et permet donc d’éviter de se retrouver dans un lit d’hôpital. On a 80 ou 90 % de patients sous oxygène qui ne sont pas vaccinés.»

Le médecin constate que la crise du Covid-19 ne nous aura pas permis de tirer de véritables leçons : « Les bons réflexes d’hygiène n’ont pas été transmis à la population en général. Nous ne sommes pas méfiants et nous sommes naïfs quant à la transmission des virus… »

 
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