la cour d’appel confirme « l’illégalité » du licenciement mais réduit la note de Lauak

la cour d’appel confirme « l’illégalité » du licenciement mais réduit la note de Lauak
la cour d’appel confirme « l’illégalité » du licenciement mais réduit la note de Lauak
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Entre les prud’hommes de Bayonne et la cour d’appel de Pau, les lectures divergent. La deuxième instance a reconnu le motif économique du licenciement de Jean-Michel Serin, ancien magasinier du constructeur aéronautique Lauak. Où le premier avait déclaré la mesure « sans motif réel et sérieux ». La cour d’appel condamne l’entreprise pour non-respect des critères d’ordonnance des licenciements. Mais cela réduit considérablement le score de l’entreprise.

La crise du Covid-19 a suspendu le trafic aérien mondial. Les avionneurs ont réduit leur production. Les carnets de commandes des sous-traitants se vident. Lauak décide en novembre 2022 de licencier 119 personnes sur son site d’Ayherre-Hasparren. Jean-Michel Serin monte dans la charrette.

Comme une dizaine de salariés, il contestera son éviction devant les prud’hommes. Le requérant estime que la base économique des licenciements est fallacieuse. Il s’interroge également sur les critères qui ont prévalu dans la désignation des personnels licenciés. Le tribunal civil valide largement ses arguments. Elle condamne Lauak à lui verser 120 000 euros : 30 000 pour « absence de motif réel et sérieux » du licenciement et 90 000 pour dommages dits « distincts ».

Deux visions

La décision fait référence aux états financiers favorables de Lauak pour 2019 et 2020. Elle évoque une trésorerie solide. Doute de sa perte de compétitivité. A noter le recours aux heures supplémentaires dès le « 1er trimestre 2021 », signe d’une activité qui se redresse rapidement. De même un plan de recrutement, à partir de juin 2021.

La Cour d’appel contredit ces conclusions. Elle cite la lettre de licenciement où l’industriel prévoit des résultats nets négatifs en 2020 (-1,2 millions d’euros) et 2021 (-2,4). Elle évoque « l’arrêt brutal du transport aérien » pendant la crise sanitaire. Cadence de production d’Airbus « réduite d’un tiers » : le client représente 60 % du chiffre d’affaires de Lauak. Chiffre d’affaires en baisse de 34,6% à fin 2020. L’Etat a fortement soutenu le secteur aéronautique et Lauak n’a pas activé toutes les mesures ouvertes par le gouvernement ? C’est « son pouvoir de direction ». Le plan de recrutement ? Oui, cela caractérise une reprise de l’activité, “mais dans un contexte toujours délicat”.

Lauak condamné

Le tribunal confirme donc le bien-fondé économique du licenciement. Elle revient également sur les 90 000 euros de dommages et intérêts distincts. Il s’agit d’un point plus technique : la demande initiale de Jean-Michel Serin ne portait pas sur ce point, le conseil n’a pu aller au-delà de sa demande.

Du fait de son licenciement, il perçoit une pension de retraite inférieure à celle à laquelle il aurait eu droit s’il était resté salarié de la société Lauak.

En revanche, il valide cette analyse du salarié : « L’entreprise Lauak France n’a pas respecté les critères d’ordonnance de licenciement » le concernant. Cela « constitue une illégalité ». Le tribunal semble considérer que « les critères de qualités professionnelles et de polyvalence », négligés par l’employeur, auraient dû le maintenir dans son activité.

« Du fait de son licenciement, il perçoit une pension de retraite inférieure à celle à laquelle il aurait eu droit s’il était resté salarié de l’entreprise Lauak. » Dommages estimés : 67,98 euros par mois. Le tribunal condamne l’entreprise à verser plus de 32 000 euros de dommages et intérêts à Jean-Michel Serin. L’entreprise doit couvrir ses frais juridiques (frais).

 
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