Adieu à l’attitude racines des débuts ? Comment la « vie en van » s’est démocratisée (et gentrifiée)

Adieu à l’attitude racines des débuts ? Comment la « vie en van » s’est démocratisée (et gentrifiée)
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« C’est un homme de racines, des racines dont nous avons besoin », chantait Tryo en 1998. Et à cette époque, quoi de plus de racines que d’aller faire un tour avec ses amis à un festival dans une Renault Trafic ou une Volkswagen T4 ? Un bon vieux camtar reconverti qui garantissait un confort assez rudimentaire, avec un matelas posé au sol et une petite table pour prendre le petit déjeuner (ou l’apéritif) à l’intérieur. De quoi se faire plaisir et recommencer le week-end suivant.

Trente ans plus tôt, c’est le mouvement hippie qui a initié ce mode de vie nomade à bord du célèbre Combi, symbole d’une contre-culture adoptée par la suite par les surfeurs. «C’était un véhicule synonyme de liberté, de voyages, de rencontres», raconte Philippe Colas, organisateur du salon Vanlife Expo, qui se tient ce week-end à Rennes. Le concept de véhicule de loisirs est né avant le véritable essor du marché avec l’essor des camping-cars, dans les années 1980 et 1990.

Un déferlement de « van life » sur les réseaux sociaux

Face à ces mastodontes, véritables maisons sur roues, les vans et fourgons aménagés se faisaient alors plus discrets sur les routes, réservées à un petit cercle d’initiés. La tendance s’est depuis inversée puisque les fourgons représentent désormais 60 % des ventes de véhicules de loisirs en France. Une vague de « van life » qui a réellement débuté dans les années 2010, avec l’émergence des réseaux sociaux.

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Parmi les pionniers du mouvement en France, Tifenn Butel et Kevin Laurent, alias Three Vanlifers, ont commencé à partager leurs voyages en van en 2016. A l’époque, le jeune couple, épris de liberté, avait sillonné l’Europe pendant neuf mois à bord d’un Renault Trafic équipé dehors par eux. « Au début, nous avions du mal à trouver des informations, nous avions donc envie de partager notre expérience », se souvient Tifenn. Et cela a rapidement fait son chemin, puisque des dizaines de milliers d’internautes ont commencé à suivre leurs conseils et à rêver d’une vie paisible sur la route et au grand air.

Les ventes ont explosé depuis le Covid

Une tendance que le Covid-19 n’a bien entendu fait qu’accentuer. « Tout le monde avait besoin de souffler et avait envie de liberté et de nature après ce confinement imposé », souligne Philippe Colas. Durant cette période nous avons aussi découvert le slow tourisme, le fait de voyager en prenant son temps et sans forcément aller loin. Et pour cela, la camionnette est très adaptée. »

Le marché est alors devenu complètement fou, les ventes ont explosé et de nombreux acteurs (promoteurs, loueurs, etc.) sont apparus. «Ça s’est un peu calmé mais c’est devenu un vrai business», confirme l’organisateur de Vanlife Expo. La clientèle des camping-cars s’est également élargie : on y voit toujours des jeunes mais aussi des couples avec enfants et des personnes âgées. Elle varie désormais de 20 à 70 ans.

Un battage médiatique qui, sans surprise, s’est accompagné d’une flambée des prix. Les fourgons aménagés, neufs ou d’occasion, ont augmenté en moyenne de 10 000 euros entre 2022 et 2024, selon les estimations du Monde du camping-car. “C’est devenu un peu n’importe quoi et certains profitent vraiment de cet effet de mode”, s’agace Jessica Ledout, qui a lancé avec son mari son entreprise de création Cap Ty’Van en 2022 dans la région de Dinan. (Côtes-d’Armor).

« Les fourgons sont désormais plus beaux que pratiques »

Les vans sont également montés en gamme, certains offrant un grand confort. « Le marché s’est embourgeoisé », constate Tifenn. Nous concevons désormais des vans plus beaux que pratiques, nous concentrons tout sur la décoration. Sur Instagram ou TikTok, on voit se multiplier des vidéos montrant des palais roulants garés dans des lieux au panorama « effet wow ».

Une vision très éloignée de l’esprit des racines encore défendues par certains, et surtout très éloignée de la réalité vécue par les véritables adeptes de la « van life ». « Vivre dans un van, c’est aussi des nuits horribles dans des endroits pourris, des douches froides au petit matin ou des tracas sur le véhicule », raconte Tifenn. «Certains s’imaginent que c’est la vie de rêve», estime Jessica Ledout. Mais ce n’est pas tant un réconfort qu’un état d’esprit. Et ce n’est clairement pas pour tout le monde.

Avant de se lancer dans l’achat (environ 60 000 à 80 000 euros pour un van neuf aménagé), tous les experts conseillent de commencer par une location. « Faites le test de passer une semaine en famille dans 6 m2 pour voir si vous ne vous éventrez pas », sourit Philippe Colas. Et si tout se passe bien, vous êtes prêt pour la « vie en van ». Aux racines !

 
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