Le ministre de l’Intérieur a salué ce 21 janvier le « combat » du leader du collectif Némésis, proche du mouvement identitaire. “Je ne pense pas que Bruno Retailleau sache exactement qui elle est”, plaide son entourage auprès de BFMTV.com.
Quelques mots gentils, qui pourraient surprendre. Invité par le think tank sécurité intérieure, organisation dirigée par l’avocat Thibaut de Montbrial, Bruno Retailleau a adressé une lettre de satisfaction à Alice Cordier, la leader du collectif identitaire féministe Némésis, mardi 21 janvier à Paris.
« Nemesis, je voudrais féliciter les demoiselles que j’ai vues, voilà. Bravo pour votre combat, vous savez que j’en suis très proche”, a lancé sur scène le ministre de l’Intérieur.
« Sinistre islamo-droitiste »
Ce mouvement, lancé en 2019 dans la foulée de #MeToo, dénonce notamment les « violeurs étrangers » et recense les cas de violences sexuelles perpétrées par des personnes d’origine étrangère en France.
Fondée notamment par un ancien membre de La Cocarde Studente, syndicat étudiant proche du Rassemblement national, Némésis a fait des actions coup de poing sa signature.
En janvier 2022, en pleine campagne présidentielle, ses membres cherchent à perturber le meeting de la candidate LR Valérie Pécresse, alors soutenue par Bruno Retailleau, en brandissant des banderoles proclamant « Pécresse, islamo-droite ».
“Pas sûr qu’il sache exactement ce qu’est Nemesis”
Quelques mois plus tard, en pleine marche contre les violences sexuelles, elles brandissaient des pancartes au ton ironique, se affirmant à la fois « féministes et islamistes », tout en portant le niqab.
Plusieurs plaintes ont été déposées contre eux, notamment par la maire de Lille Martine Aubry et la maire de Besançon Anne Vignot pour « incitation à la haine raciale » après l’étalage de banderoles hostiles à l’immigration. Par exemple, on pouvait y lire « Les violeurs étrangers dehors » et « Libérez-nous de l’immigration ».
-« Je ne pense pas que le ministre connaisse la leader de Nemesis, Alice Cordier, et je ne suis pas sûr qu’il sache exactement ce qu’est Nemesis. Il s’intéresse davantage à la DZ Mafia», ce cartel de trafic de drogue de Marseille, banalise un proche de Bruno Retailleau auprès de BFMTV.com.
« Il répondait simplement à une question sur la dissolution du collectif La Jeune Garde et sur les chiffres de l’antisémitisme. Lorsqu’il salue les combats d’Alice Cordier, il faisait référence à ce qu’elle venait de dire”, poursuit le communiqué. entourage du ministre de l’Intérieur.
A response about the anti-fascist collective La Jeune Garde
Lors de sa réponse à Némésis, le locataire de la place Beauvau a annoncé que La Jeune garde antifasciste, collectif d’extrême gauche, pourrait faire « l’objet d’une éventuelle dissolution ».
« Nous avons reçu plusieurs signalements de préfets », indique encore le cabinet du ministre de l’Intérieur. La figure principale de ce mouvement est Raphaël Arnault, député LFI du Vaucluse. Bruno Retailleau a déjà croisé le fer avec lui sur les violences en Nouvelle-Calédonie en septembre 2024.
Ce n’est pas la première fois que le collectif Némésis aime s’afficher auprès des ministres. En septembre 2023, Alice Cordier partageait un selfie avec Gérald Darmanin, alors ministre de l’Intérieur, en pleine braderie de Lille.
Quelques mois plus tôt, le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer avait été photographié tout sourire aux côtés d’une poignée de militants de Némésis, dont l’un avait brandi la carte de mouvement. Il dénoncera alors une « manipulation grossière ».