Discours de Roch-Olivier Maistre à l’occasion des vœux 2025 d’Arcom

Discours de Roch-Olivier Maistre à l’occasion des vœux 2025 d’Arcom
Discours de Roch-Olivier Maistre à l’occasion des vœux 2025 d’Arcom

Seule la déclaration fait foi

Mesdames et messieurs les ministres,

Mesdames et messieurs les parlementaires,

Mesdames et messieurs les présidents,

Chers amis,

Ce moment devait venir ! Et voilà qu’il est arrivé. Dans quelques jours, comme le disent les magistrats de la Cour des comptes à l’automne de leur voyage, je devrai « déposer la robe ». Une robe que j’ai bien fait de ne pas porter ce soir !

Dans ces moments-là, je ne peux m’empêcher de repenser à « Forrest Gump » lorsqu’il nous rappelle au début du film ce précepte presque « existentiel » : « Maman disait toujours, la vie est comme une boîte de chocolats : nous, toi on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Et je me dis qu’au final j’aurais eu une main plutôt chanceuse et beaucoup de chance.

Tout d’abord, chanceux d’avoir servi pendant près de 45 ans certaines des plus belles institutions de la République. Notre Capitale, la Ville Lumière ; l’or de la rue de Valois, où plane encore l’ombre d’André Malraux ; la Comédie-Française, le premier de nos théâtres nationaux ; la Présidence de la République, saint des saints de nos Institutions ; la Cour des Comptes, pouvoir judiciaire influent s’il en est ; et surtout l’Autorité indépendante – comment dire ? – peut-être le plus « paisible » ? – de notre paysage administratif : le CSA hier, l’Arcom aujourd’hui.

Heureusement donc d’avoir rencontré, au cours de ma longue errance entre chiffres et lettres, des personnalités extraordinaires. J’ai toujours pensé que le sel de la vie se trouvait dans les rencontres. Et je n’ai pas été déçu. Comment ne pas repenser à toutes ces figures qui ont marqué et souvent éclairé mon chemin ? Des serviteurs de l’Etat exemplaires et dévoués, qui ont su me transmettre les valeurs et l’éthique du service public. Des artistes d’exception, aussi flamboyants dans la vie que dans leur art. Figures de notre vie politique nationale : François Léotard, père de la grande loi de 1986 qui porte son nom et dont je n’imaginais pas, jeune conseiller dans son cabinet, devoir un jour assurer la mise en œuvre ; et bien sûr le président Jacques Chirac, auquel il m’est difficile de ne pas penser ce soir dans ce merveilleux Musée qui porte son nom. Et vous tous, femmes et hommes de communication, femmes et hommes de culture, souvent compagnons et amis de longue date, qui avez fait de ces années de navigation sur la mer des médias des années heureuses, certes « stimulantes » et certainement passionnantes. .

Je ne remercierai jamais assez tous ceux qui ont rendu ce bonheur possible.

Tout d’abord le Président de la République, qui m’a fait l’honneur de me confier cette merveilleuse responsabilité. Je lui suis reconnaissant pour sa confiance et pour avoir garanti l’indépendance de l’Autorité pendant ces 6 années.

Les parlementaires des deux assemblées et les ministres successifs qui auront réalisé, accompagné, soutenu, à travers de nombreux textes législatifs, la transformation de l’Institution en lui donnant les moyens de faire face à ses multiples missions.

Les membres du collège ensuite : Nicolas, Nathalie, Jean-François, Carole, Hervé, Benoît, Juliette, Anne, Denis, Laurence, Bénédicte, Antoine et Michèle, auxquels je pense souvent comme nous a amené son départ brutal un soir de mai. tout bouleversé. Chacun de vous, avec ses tempéraments et ses expériences, a permis à notre collégialité de vivre – le mot n’est pas trop fort – et de délibérer au service de l’intérêt général.

Enfin, les équipes de l’Autorité : Alban et Guillaume, deux directeurs généraux d’exception ; Frédéric et Pauline, leurs talentueux assistants ; Marie et Sara, fées de la communication, sans oublier mes deux directeurs de cabinet successifs, Yannick et Justine, la fleur de la nouvelle génération de fonctionnaires. A travers vous, chers amis, je veux rendre hommage aux dirigeants et à tous les salariés d’Arcom dont la compétence, le savoir-faire et l’engagement font honneur au service public.

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1. Au cours des 6 dernières années, les médias français et la relation des Français aux médias ont beaucoup changé et la réglementation ne pouvait être en reste.

Nouvelle institution, nouvelle gouvernance, nouvelles compétences, nouvelle implantation, l’Autorité s’est transformée au fil des années pour mieux accompagner nos parties prenantes et mieux servir les Français. « Ni tout à fait pareil, ni tout à fait autre », Arcom s’impose désormais, non plus comme un simple gendarme, mais comme une autorité de régulation moderne, reconnue et respectée en Europe.

1.1. Tout d’abord, il a consolidé et affirmé son indépendance et sa légitimité.

En lisant les mémoires que Michèle Cotta a récemment publiés, j’ai pu mesurer le chemin parcouru depuis 40 ans. En tout cas, je peux témoigner ici que, durant ces 6 années, notre collège aura statué sur chaque dossier en toute impartialité et en toute indépendance tant à l’égard des autorités politiques que des intérêts économiques. C’était pour nous une exigence constante. Notre seule boussole aura été la fidélité aux principes établis par la loi. D’un côté, la liberté de communication, la liberté éditoriale, la liberté d’expression, ces biens précieux sans lesquels il n’y a pas de démocratie. De l’autre la responsabilité, celle des éditeurs, d’assurer la protection du public. Sous le contrôle permanent du juge, notre main n’a jamais faibli, qu’il s’agisse de protéger au quotidien une liberté publique fondamentale ou de rappeler à un éditeur défaillant ses obligations. Loin des pressions et des polémiques, l’Autorité a rempli ses missions, attentive aux attentes de la société, mais en supposant que l’heure de ses décisions n’est jamais celle des réseaux sociaux.

1.2. Deuxièmement, nous avons investi dans les nouveaux domaines d’expertise qui nous sont confiés.

Avec 6 règlements et directives européennes, souvent à l’initiative de la , et une douzaine de lois nationales, l’institution a vu ses responsabilités s’élargir massivement. Pour rester dans l’air du temps, elle a embrassé la révolution numérique dans toutes ses dimensions. L’adoption du règlement européen sur les services numériques, qui doit beaucoup à l’action déterminée de la France, et la désignation de l’Arcom comme autorité de coordination auront marqué une étape décisive en ce sens. Avec ce nouvel horizon, le régulateur s’inscrit dans la grande ambition de construire, aux côtés de la Commission et de tous nos homologues européens, un Internet plus sécurisé et responsable.

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1.3. Nous avons enfin accompagné les médias dans leurs changements.

Déploiement de la radio numérique terrestre, intégration des plateformes de streaming dans le champ de la régulation, renforcement de nos outils de lutte contre le piratage, initiatives renouvelées en faveur de la parité et de la diversité à l’antenne, engagement toujours plus fort en faveur de l’accessibilité des programmes et de la protection des mineurs , contrôle renouvelé du respect du pluralisme, ces années auront été des années de métamorphose.

Bien sûr, tout n’a pas été facile. Mais l’unité du collège, le savoir-faire des services et le soutien sans faille des pouvoirs publics, ont permis à ce régulateur d’opérer sa transformation pour mieux accompagner les opérateurs de notre paysage audiovisuel et surtout dans l’intérêt du public.

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2. Mais au-delà de ce constat, je n’oublie pas par expérience que le service public est une éternelle école d’humilité et que l’histoire n’est jamais finie. Lors du passage du flambeau, de nombreux défis restent à relever pour les médias, le régulateur et les pouvoirs publics.

2.1. Le premier enjeu, peut-être le plus important à mes yeux, est celui de la liberté.

« Sans liberté, il n’y a rien au monde » écrivait Châteaubriand. J’ai été frappé durant mon mandat par la montée de l’intolérance, la polarisation du débat public, l’accentuation des divisions, la difficulté à s’écouter et à dialoguer. A travers les interventions auprès de l’Autorité, j’ai parfois vu s’exprimer des positions radicales. Et j’ai perçu la tentation chez certains de faire jouer à l’Arcom un rôle qui n’est pas et ne doit pas être le sien, celui d’une police de la pensée ou d’un tribunal de l’opinion, en rognant sur notre modèle d’inspiration libérale. Je pense que nous devons être prudents à ce sujet. Avec la loi sur la liberté de la presse de 1881 et la loi sur la liberté de communication de 1986, la régulation des médias écrits et audiovisuels dans notre pays repose sur un équilibre subtil et précieux entre liberté et responsabilité. Travaillons ensemble pour préserver ce patrimoine inestimable.

2.2. La deuxième question, non moins essentielle, est celle du pluralisme.

Alors que l’heure des médias mondialisés est arrivée, cette question est au cœur de notre démocratie. Nous savons tous ici que la toute-puissance des grands acteurs du numérique menace nos médias de contenus, presse écrite, radio et télévision, qu’elles soient publiques ou privées. Mais c’est la pluralité des éditeurs qui est en jeu, pour éviter les concentrations dans quelques mains, et la compétition des idées, pour garantir la vitalité du débat public.

A cet égard, le principal point de vigilance est celui de la robustesse du modèle économique de nos médias. Préserver l’attractivité et la compétitivité de nos acteurs nationaux est – je le répète – un enjeu démocratique et je voudrais saluer la capacité d’innovation de nos éditeurs ici présents pour s’adapter à la transformation de leur environnement.

L’Union européenne ne s’est pas trompée en adoptant son règlement sur la liberté des médias en mai dernier et les Etats généraux de l’information ont fait des propositions fortes dans ce domaine. Il y a aujourd’hui une forme d’urgence à agir.

2.3. Le troisième enjeu est enfin celui de la confiance.

Comment laisser persister et prospérer la méfiance de nos concitoyens à l’égard des médias et la lassitude informationnelle alors qu’il ne s’agit pas aujourd’hui d’un exode informationnel ? La question de la confiance est devenue un véritable défi pour nous tous. Mieux représenter la France dans toute sa diversité, dans toute sa réalité, dans toute sa complexité. Assurer plus que jamais l’honnêteté, la rigueur et le pluralisme de l’information. Lutter résolument contre les « ingénieurs du chaos », contre la haine, la désinformation, le complot et l’ingérence en ligne. Donner toute sa place à l’éducation aux médias et à la citoyenneté numérique. La tâche reste immense.

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Chers amis,

Dans une semaine, et même si les dossiers de l’institution nous ont occupés et continueront de nous occuper jusqu’à la dernière minute, je quitterai mes fonctions non sans émotion, tant ces années partagées avec vous tous auront été passionnantes.

Avec Martin Ajdari, à qui je passerai le relais, je sais que la maison sera entre de bonnes mains et qu’il aura à cœur non seulement de renforcer l’institution mais surtout de lui donner un nouvel élan.

Pour l’heure, Pierre Dac me tire la manche et me rappelle que « les discours les plus courts sont les plus courts ». Il ne me reste plus qu’à tirer ma révérence en vous remerciant et en souhaitant à chacun d’entre vous une belle et heureuse année 2025.

Pour ma part, je vais suivre à la lettre les excellents conseils du Candide de Voltaire en m’empressant de « cultiver mon jardin ». Et je pourrai enfin dire à mon tour sans plus de retenue : « Mais que fait Arcom ? » ! Merci.

 
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