Ce sont trois lettres qui font beaucoup parler en ce 1er janvier 2024 : ZFE, pour Low Emission Zone. En 2025, les mesures autour de ces ZFE vont se durcir dans plusieurs grandes villes, interdisant la circulation des véhicules Crit’Air 3, c’est-à-dire les diesels immatriculés avant 2011 et les voitures essence immatriculées avant 2006.
Parmi les agglomérations concernées : la métropole du Grand Paris, qui comprend la capitale mais aussi 77 communes de la région Ile-de-France. Ces véhicules y sont désormais officiellement interdits en semaine, et malgré les dérogations, les automobilistes s’en seraient passés.
Une année de « pédagogie » promise dans la métropole parisienne
Avec ses rayures et sa peinture écaillée, la voiture de Julie n’est plus toute neuve. “Elle a vécu», rigole l’automobiliste avant de sombrer face à la vignette Crit’Air 3 que son véhicule affiche. “Je suis coincé, donc c’est assez compliqué d’imaginer l’avenir avec ma voiture car je n’ai pas du tout les moyens de la changer.r», grimace Julie, consciente que son véhicule, qu’elle considère pourtant comme son « outil de travail », devrait rester dans le garage. « Pour le moment, c’est un peu une impasse… »se lamente-t-elle.
Ce Parisien mise donc sur les assouplissements annoncés par la métropole : 24 jours d’exonération par véhicule en 2025 et une année de scolarité, durant laquelle les automobilistes ne risquent pas de se retrouver avec l’amende de 68 euros. «Je vais réfléchir encore un an à une solution possible»conclut-elle. Comme celui de Julie, 420 000 véhicules sont concernés par ces nouvelles restrictions.
Même l’association RESPIRE, qui milite pour une meilleure qualité de l’air, comprend les dérogations. Pour le directeur général, Tony Renucci, c’est l’Etat qui devrait aider davantage les automobilistes et non l’inverse : « Cette mesure a été appliquée au moment où l’État est en train de supprimer la prime à la conversion et de réduire le bonus écologique, alors même qu’on a besoin de cette aide pour encourager la conversion des véhicules électriques ou en tout cas moins d’émetteurs. « Il y a une urgence sanitaire »alerte également Tony Renucci. Car chaque année, la pollution tue plus de 40 000 Français.
Une dérogation de 52 jours à Lyon
Comme la capitale, les autres villes soumises à ce changement recherchent le juste équilibre. Dans la métropole lyonnaise, 50 000 véhicules sont concernés par cette nouvelle restriction. Et les automobilistes sont furieux. « Je n’aurai plus le droit d’aller voir ma chérie qui habite Villeurbanne. Nous roulerons, quitte à risquer des amendes car nous n’avons pas le choix »raconte un retraité lyonnais.
“C’est catastrophique. Je ne vois pas comment je vais faire», déplore une énième dame âgée. En l’absence de radars, qui arriveront fin 2026, seuls les véhicules stationnés ou arrêtés par un contrôle seront verbalisés. La Métropole propose également une dispense de 52 jours par an. “Tous les véhicules ne seront pas contrôlés quotidiennement à partir du 1er janvier”assure Jean-Charles Kohlhaas, vice-président de la Métropole de Lyon, en charge des déplacements.
Il reconnaît cependant l’importance de cette mesure, conscient que Lyon a “un niveau de pollution trop élevé“et ça”beaucoup d’enfants sont malades à cause de cette pollution”. C’est notamment pour cette raison que dans trois ans, tous les diesels seront interdits, soit la moitié du parc automobile de la métropole lyonnaise.
Une période de transition également à Montpellier et Grenoble
Concernant la métropole montpelliéraine, il n’y aura pas d’amende. Pour Julie Frêche, vice-présidente chargée des transports a Montpellier Métropole Méditerranéenne, c’était impensable de mettre du jour au lendemain à l’amende tous les automobilistes concernés. “On le sait très bien, aujourd’hui, changer de voiture a un coût important. précise-t-elle.
« Nous ne pouvons pas verdir le parc [automobile] d’un coup de baguette magique. »
Julie Frêche, vice-president in charge of transport at Montpellier Méditerranée Métropolesur franceinfo
Cela n’empêche pas la Zone de Basses Émissions d’inciter les automobilistes à changer de voiture. “Depuis que nous avons fait cette annonce de calendrier, nous constatons que le nombre de vignettes Crit’Air 3 a diminué de près de 33 % dans la métropole sur les trois dernières années. Même s’il n’y a pas de verbalisation, les gens sont conscients“, assures Julie Frêche.
Quant à la métropole grenobloise, des aménagements sont également prévus : un «Période d’enseignement de 6 mois», donc sans amende, assurera la transition. Les amendes pourraient alors commencer à baisser.