Elle aimerait pouvoir fêter l’année prochaine ses vingt ans d’existence, mais la baisse des subventions qui lui étaient allouées jusqu’à présent compromet son existence. Le Bondy Blog, créé en 2005, après la mort de Zyed et Bouna à Aulnay-sous-Bois et les jours de violences qui ont suivi en banlieue, se retrouve dans une situation économique plus précaire que jamais, au point qu’il aurait pu fermer, selon sa directrice, Sarah Ichou. Un appel aux dons a donc été lancé via son site internet.
Médias en ligne, dont l’accès est totalement gratuit et sans publicité, le Bondy Blog est une association qui a toujours existé en grande partie grâce à des subventions. “Nous sommes nés d’une urgence, explique Sarah Ichou, la question de nos ressources financières a toujours été posée. Mais là on est arrivé à un stade où on se dit que c’est compliqué de faire avec encore moins« . Le site est alimenté par le travail de deux salariés, dont le directeur, et de plusieurs dizaines de contributeurs, plus ou moins réguliers, rémunérés cinquante euros par article. Les réunions hebdomadaires ont lieu dans des locaux prêtés par la mairie de Bondy.
Des dizaines de blogueurs-collaborateurs
Sarah Ichou insiste sur la diversité de l’équipe : «Notre rédaction est ouverte, variée, les profils de nos auteurs sont très différents les uns des autres, nous avons des étudiants en journalisme, des étudiants en général, des salariés, des professeurs… Au Bondy Blog, ils font le travail de journalistes. Il y a beaucoup de travail d’accompagnement pour y arriver, mais c’est ce qui nous permet de raconter des histoires différentes.« Être la voix des quartiers populaires, c’est leur mission.
S’il reconnaît des progrès en matière de diversité dans les médias depuis 2005 (notamment avec l’arrivée dans des rédactions comme Mediapart ou Libé de journalistes formés au Bondy Blog), le réalisateur estime que le travail n’est pas terminé : “Nous ne considérons toujours pas les habitants des quartiers populaires comme des citoyens consultables sur n’importe quel sujet. On y vient pour des sujets qui correspondent à ce qu’on attend dans certaines rédactions quand on parle des quartiers populaires. Au moment des émeutes, en 2023, nous avons bénéficié d’une énorme médiatisation, mais après, avant… Nous sommes dans un contexte de crise économique, pourquoi, au lieu d’aller tendre leur micro au marché d’Aligre (Paris, 12e), les journalistes n’iraient pas au marché de Saint-Denis ? Une meilleure représentation des quartiers populaires inclurait des choses comme celle-ci« .