CHRISTOPHE SIMON / AFP
Bien que tous les accusés du procès Mazan aient été reconnus coupables, presque tous ont été condamnés à des peines moins sévères que celles demandées par le procureur.
JUSTICE – Vingt ans de réclusion criminelle pour Dominique Pelicot, assortis d’une peine de prison ferme “deux tiers” et trois à quinze ans de prison pour ses cinquante coaccusés. Ce jeudi 19 décembre, le tribunal correctionnel du Vaucluse a rendu son verdict dans l’affaire du viol de Mazan. Au total, les peines cumulées atteignent 428 ans alors que le parquet avait requis 652 ans de prison.
Car si le principal accusé, l’ex-mari de Gisèle Pelicot, a été condamné à la peine maximale, la même que celle que le ministère public avait requise à son encontre, ce n’est pas le cas de ses cinquante coaccusés, qui risquaient des peines allant de 10 à 18 ans de prison. De quoi susciter la déception de ceux qui souhaitaient que des peines exemplaires soient appliquées dans ce procès historique.
Des peines inférieures aux réquisitions
« Jacques C., cinq ans de prison avec sursis ; Lionel R., huit ans de prison, Charlie A. treize ans de prison, Redouane E. cinq ans de prison avec mandat de dépôt, Simone M., neuf ans de prison… » Ce matin, après avoir annoncé son verdict concernant Dominique Pelicot, le président du tribunal Roger Arata a raconté pendant plusieurs minutes dans un silence absolu les peines auxquelles ont été condamnées la cinquantaine d’hommes âgés de 27 à 74 ans également jugés dans cette affaire. La plus élevée est de quinze ans de réclusion criminelle avec deux tiers de sécurité, la plus basse est de trois ans, dont deux avec sursis, comme le relève le journaliste de Franceinfo Juliette Campion sur X. Une vingtaine de prévenus font l’objet d’un mandat de dépôt, et ont donc été conduits en prison suite au verdict. Trois accusés, Patrick A., Husametin D. et Abdelali D., ont été libérés gratuitement en raison de leur état de santé.
De quoi susciter l’amertume. Dans leur déclaration à l’AFP à l’issue de l’audience, les enfants de Gisèle Pelicot n’ont pas caché leur “déception” dès l’annonce des peines prononcées, en les considérant également « basses ». Si Gisèle Pelicot, dans le discours qu’elle a prononcé en fin d’audience, a préféré s’adresser « aux victimes dont les histoires restent dans l’ombre » et sans nouvelles des accusés ni des peines prononcées, les collectifs féministes rassemblés devant le tribunal d’Avignon ont également exprimé leur colère. «Une justice complice, c’est scandaleux»» ont crié de nombreuses femmes présentes en entendant les phrases.
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo
Colère et déception des féministes
Dans un communiqué publié suite à l’annonce du verdict, la présidente de la Fondation des femmes Anne-Cécile Mailfert a déclaré qu’en “reconnaissant tous les prévenus coupables de viol aggravé ou de tentative de viol à l’exception d’un reclassement, la justice a donné raison à Gisèle Pelicot : la honte peut changer de camp”. Cependant, elle partage « l’incompréhension et la déception face à certaines condamnations prononcées malgré témoins et preuves, des peines inférieures à celles requises pour les faits de viol aggravé ».
La sénatrice et ancienne ministre des Droits des femmes Laurence Rossignol s’est également exprimée sur « l’écart entre les réquisitions et plusieurs condamnations prononcées est décevant et significatif ».
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo
Même regret du côté d’Osez le féminisme !, qui considère que les peines prononcées sont « bien moins sévère que la moyenne des peines prononcées pour viol en France, même s’il existe des circonstances aggravantes ». “Le message envoyé, c’est que le viol, “ce n’est pas si grave, c’est un sous-crime””analyse auprès de l’AFP la porte-parole de l’association, Céline Piquès.
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo
Des sanctions moins sévères pour éviter un appel
Comment expliquer, précisément, cette minimisation des peines exigées par le ministère public ? Sur « Je voulais éviter 51 appels et un nouveau procès gargantuesque ».
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo
Une théorie partagée par l’avocat de plusieurs accusés, dont Didier S., sorti libre du tribunal. « Les sanctions qui ont été imposées tenaient compte du fait que nous ne voulions pas qu’il y ait trop de recours » voiture « la cour d’appel de Nîmes ne pouvait se permettre un deuxième procès Pélicot d’une telle ampleur ».
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo
Si pour l’instant, aucun des cinquante coaccusés de Dominique Pelicot n’a exprimé sa volonté de faire appel, ce dernier a indiqué par l’intermédiaire de son avocat qu’il se donnait le - de réfléchir même s’il “prend note” de cette conviction. “Nous profiterons du délai de dix jours qui nous est accordé pour savoir si nous faisons appel de cette décision (…) et pour savoir si nous devons cette fois encore être soumis à un jury populaire”a déclaré Me Zavarro devant la presse. On ne sait pas non plus si le parquet fera appel des peines qu’il juge trop clémentes.
Voir aussi sur HuffPost :
La lecture de ce contenu peut entraîner le dépôt de cookies par l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte tenu des choix que vous avez exprimés concernant le dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies « Contenu tiers » en cliquant sur le bouton ci-dessous.
Lire la vidéo