Vive la gueule de bois politique pour la Corée du Sud, où la loi martiale a été brièvement déclarée dans la nuit de mardi à mercredi. Six partis d’opposition sud-coréens ont accusé le président Yoon Suk Yeol d’avoir « gravement et largement violé la Constitution » afin « d’éviter des poursuites pénales » contre lui, dans une motion de destitution déposée au Parlement. Vous n’avez pas suivi les derniers événements ? Nous résumons tout cela pour vous.
Que s’est-il passé mardi soir ?
Mardi soir, à 23 heures, heure locale, le président Yoon Suk Yeol a prononcé un discours télévisé surprise. Il a annoncé qu’il appelait à la loi martiale « pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État ». Il s’en prenait ainsi à l’opposition, majoritaire au Parlement et avec laquelle les discussions autour du budget sont depuis quelques - très tendues. L’imposition de la loi martiale a entraîné la suspension de la vie politique, la fermeture du Parlement et la mise sous contrôle des médias.
Après son annonce, des troupes ont été déployées et des hélicoptères de l’armée ont atterri sur le toit du parlement sud-coréen. Mais 190 députés sur 300 ont pu se réunir en catastrophe dans l’hémicycle où les forces spéciales tentaient de pénétrer. Ils ont réussi à faire adopter une résolution et ont obtenu l’abrogation de la mesure quelques heures seulement après son annonce.
Événements importants
Dès mardi soir, les Coréens se sont rassemblés devant le Parlement à Séoul pour exprimer leur désaccord avec la loi martiale. Le lendemain, la Corée du Sud a connu une nouvelle journée de colère et de manifestations. Ce mercredi, des milliers de personnes ont manifesté dans les rues de Séoul pour réclamer le limogeage de Yoon Suk Yeol.
Avec banderoles, bougies et distributions de boissons chaudes, les Coréens ont montré qu’ils étaient profondément choqués d’avoir vu leur pays si près de tourner le dos à près de quarante ans de démocratie. “C’était comme une leçon d’histoire”, a par exemple déclaré Park Su-hyung, 39 ans. Notre démocratie sera piétinée si nous laissons M. Yoon au pouvoir encore un moment. » La manifestation qui se dirigeait devant le Palais Présidentiel s’est dispersée sans heurts en milieu de soirée
Le président sur la sellette
L’avenir de M. Yoon, ancien procureur général devenu président en 2022, semble désormais incertain. La motion de destitution, qui nécessitera une majorité des deux tiers pour être adoptée, pourrait être mise aux voix dès vendredi, ont indiqué les six partis d’opposition représentés au Parlement, dont le principal, le Parti démocrate (centre-GAUCHE).
La Confédération coréenne des syndicats, la plus grande organisation intersyndicale du pays avec quelque 1,2 million de membres, a appelé à une « grève générale illimitée » jusqu’à la démission de Yoon Suk Yeol, estimant qu’il avait « signé sa propre fin du pouvoir ». »
Le ministre de la Défense Kim Yong-hyun a déjà annoncé qu’il avait proposé sa démission au président. “Je regrette profondément et j’assume l’entière responsabilité de la confusion et de l’inquiétude causées au public par la loi martiale”, a-t-il écrit dans un communiqué. Bien qu’il ait été élu de justesse et que sa cote de popularité soit déjà au plus bas, Yoon Suk Yeol n’est pas apparu publiquement depuis l’annonce de la loi martiale.