L’annonce a fait l’effet d’une bombe mardi soir. A 22h30, en direct à la télévision, le président Yoon Suk Yeol annonce l’instauration immédiate de la loi martiale. Utilisant sa rhétorique habituelle, le chef de l’Etat conservateur, confronté à de nombreuses polémiques et au plus bas dans les sondages, explique vouloir protéger le peuple de ses opposants « pro-Corée du Nord » qui tenteraient selon lui de paralyser son gouvernement. le gouvernement et l’ordre constitutionnel. Dès sa déclaration, des hélicoptères ont commencé à survoler les rues de Séoul et des militaires et des policiers ont été envoyés à l’Assemblée nationale pour contrer quiconque tenterait de s’opposer aux ordres du président. Selon la loi martiale, tToutes les activités politiques sont en effet interdites et les médias sont placés sous surveillance gouvernementale.
Face à une tension croissante, les élus de l’opposition ont réagi rapidement. Ignorant les risques encourus, ils se dirigent vers l’Assemblée nationale. Leur objectif est clair : voter contre la loi martiale, comme la Constitution le leur permet. Mais pour pénétrer dans le bâtiment, les députés doivent d’abord traverser la haie de militaires qui tentent de bloquer les portes. En direct à la télévision, les citoyens voient alors leurs hommes politiques escalader le portail de l’Assemblée pour se frayer un chemin, puis se barricader avec bureaux et chaises pour faire reculer les militaires.
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Heureusement, dans le chaos ambiant, personne n’est blessé. Les militaires, parfois des jeunes en plein service militaire, n’utilisent pas la force. Une vidéo montre même l’un d’eux s’excusant alors qu’il quitte les lieux plus tard dans la nuit. Sur les réseaux sociaux, l’ancien président Moon a écrit : « La démocratie en République de Corée est dans une situation désespérée ». Le prédécesseur de Yoon Suk Yeol puis enjoint aux soldats de ne pas commettre l’erreur de protéger l’application de la loi martiale.
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Des élus contre le président
En urgence, les députés sont parvenus à voter à l’unanimité contre la loi martiale, 190 voix contre 0. La Constitution stipule que le président doit se conformer au vote, s’il refuse, l’Assemblée peut lancer une procédure de destitution. Pris au piège d’un coup d’État manqué, Yoon Suk Yeol enfin, à 4h30 du matin, la loi martiale est officiellement levée. Dehors, les manifestants rassemblés scandent son départ tandis que les soldats sont renvoyés chez eux, tête baissée.
Jamais, depuis plus de 40 ans, le pays n’a connu une telle crise politique. Et cela devrait durer. Après le chaos de la nuit, la présidence a annoncé sa démission. Cho Hee Dae, Juge en chef de la Cour suprême de Corée l’informe qu’une enquête sera ouverte sur les procédures qui ont été suivies pour déclarer la loi martiale. Selon les médias, le président n’a pas reçu l’approbation de son cabinet pour faire sa déclaration et n’a pas communiqué ses intentions, notamment à son Premier ministre. S’il est établi que Yoon Suk Yeol ne respectait pas les lois, il pouvait être poursuivi pour insurrection ou trahison.
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Entre--, le Parti démocrate d’opposition a annoncé mercredi que le président avait désormais 48 heures pour démissionner, faute de quoi il lancerait une procédure de destitution qui a toutes les chances d’aboutir. Le pays, marqué par une violente dictature militaire jusque dans les années 1980, est déjà mobilisé pour réclamer son départ. Là Confédération coréenne des syndicats a appelé à une grève illimitée des travailleurs tandis que les médias, rassemblés devant le Korea Press Center, demandent sa démission. Lors de la conférence, les représentants de la presse ont réaffirmé l’opposition sans équivoque « au décret de la loi martiale qui, bien que de courte durée, a provoqué un chaos soudain et remis en question les principes démocratiques de la Corée du Sud ».