A l’Assemblée, “irresponsabilité”, “chaos”, pluie de critiques contre le RN

A l’Assemblée, “irresponsabilité”, “chaos”, pluie de critiques contre le RN
A l’Assemblée, “irresponsabilité”, “chaos”, pluie de critiques contre le RN

Haro sur le Rassemblement National, et sur Marine Le Pen ! Les députés du bloc central n’ont pas compté leurs coups contre la formation d’extrême droite, ce mardi 3 décembre après-midi, lors d’une séance de questions au gouvernement aussi houleuse que particulière. Les ministres étaient réunis pour répondre aux parlementaires à la veille de la probable chute de leur gouvernement – ​​l’exécutif ne devrait pas survivre à la motion de censure déposée par la gauche et soutenue par le RN que les députés examineront ce mercredi.

L’imminence de cette censure a électrisé le rituel des questions au gouvernement : 80 % des interventions y étaient liées. Les partisans de Michel Barnier n’ont cessé de critiquer « l’irresponsabilité » de Marine Le Pen et d’alerter sur le « chaos » que provoquerait une liquidation de l’exécutif actuel. Le - d’une certaine prudence envers un RN faiseur de roi semble révolu.

« Intenable »

Dès le début de la séance, Stéphanie Rist, députée Renaissance du Loiret, donne le ton. “Les Français n’ont pas à payer le choix d’une Marine Le Pen inquiète de son procès”, estime-t-elle dans une allusion à l’éventuelle inéligibilité qui pourrait être prononcée fin mars dans l’affaire des assistants parlementaires contre le député. Parlement d’Hénin-Beaumont. Quelques minutes plus tard, Émilie Bonnivard, élue de Savoie (Droite républicaine), ajoutait : « Certains sur ces bancs s’apprêtent à pousser notre pays au gouffre en privilégiant leurs calculs politiques… Merci Madame Le Pen ! »

« Madame Le Pen, comment pouvez-vous accepter de mêler vos voix à celles de l’extrême gauche ? C’est lamentable…”

Les ministres ne sont pas en reste. Bruno Retailleau, à l’Intérieur, tempête : « La situation créée par la censure sera intenable, les Français les plus pénalisés seront les plus modestes ! » « La censure signifiera davantage de déficit et d’instabilité », s’inquiète Laurent Saint-Martin, ministre du Budget.

Les partisans de l’exécutif reprochent à Marine Le Pen de s’associer, si elle vote pour cette censure, aux Insoumis. Jusqu’à présent, les députés RN ont toujours pris soin de prendre leurs distances avec la « bordélisation » des troupes de Jean-Luc Mélenchon. « Madame Le Pen, comment pouvez-vous accepter de mêler vos voix à celles de l’extrême gauche ? C’est lamentable…», claque Bruno Retailleau.

Marine Le Pen, qui n’avait pas prévu de s’exprimer, a répondu en roulant les yeux. Ses proches font leurs adieux aux ministres, ne laissant que peu de doutes sur leur vote de ce mercredi.

« Pouvoir d’achat »

Dans la salle des Quatre-Colonnes, la députée RN du Var Laure Lavalette était chargée de livrer la réponse : « Nous sommes le premier groupe au Parlement, nous représentons 11 millions de Français, nous respectons le mandat qu’ils nous ont donné : protéger leur pouvoir d’achat. Nous avions fixé quatre lignes rouges, notamment la désindexation des retraites, qui n’a pas été prise en compte par Michel Barnier. »

Elle minimise les conséquences de la censure, accusant ses adversaires d’exagérer le désastre. « Une loi spéciale permettra de percevoir les impôts, de payer les fonctionnaires… » Ne craint-elle pas que ce choix de l’instabilité institutionnelle ramène le RN à une forme de radicalité, à un positionnement « antisystème » dont Marine Le Pen cherchait à s’éloigner ces dernières années ? « On nous a reproché la même chose lorsque nous nous sommes battus contre la réforme des retraites. Le résultat des élections législatives montre que notre stratégie a été comprise par les Français. »

« Le RN prend le risque de mettre à mal des années d’efforts pour apparaître comme parti de gouvernement. Mais Marine Le Pen a dû estimer que beaucoup d’électeurs sont exaspérés par la situation politique actuelle, qu’ils s’attendent à un choc, et qu’elle a plus à gagner qu’à perdre à vouloir incarner cette colère”, analyse un député socialiste.

 
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