Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a levé ce mardi soir, suite aux recommandations du Parlement sud-coréen, la loi martiale qu’il avait lui-même proclamée quelques heures plus tôt pour protéger le pays des « forces communistes nord-coréennes ».
Un revirement inattendu. Le président sud-coréen Yoon Suk Yeol a annoncé la levée de la loi martiale dans la nuit de mardi à mercredi, quelques heures après l’avoir proclamée, accusant l’opposition de constituer des « forces hostiles à l’État ». Cette annonce a suscité inquiétude et désapprobation de la part des États-Unis, principal allié de Séoul contre la Corée du Nord et la Chine.
Cette volte-face fait suite à un vote du Parlement sud-coréen, dominé par l’opposition, en faveur de la levée de la loi martiale, malgré la pression des militaires mais avec le soutien de manifestants qui criaient « Stop Yoon Suk Yeol !
Le gouvernement a finalement approuvé dans la nuit la levée de cette mesure exceptionnelle, a indiqué l’agence nationale Yonhap, peu après une déclaration du président à la télévision annonçant que les troupes déployées à Séoul allaient regagner la caserne.
« Il y a eu une demande de l’Assemblée nationale pour lever l’état d’urgence et nous avons procédé au retrait des soldats qui avaient été déployés pour les opérations de loi martiale. Nous nous conformerons à la demande de l’Assemblée nationale et lèverons la loi martiale lors d’une réunion du gouvernement », a expliqué Yoon Suk Yeol.
Loi martiale déclarée quelques heures plus tôt
Le Parlement sud-coréen a été placé sous scellés mardi selon l’agence de presse sud-coréenne Yonhap et des hélicoptères se sont posés sur son toit après que le président Yoon Suk Yeol a déclaré la loi martiale. “Pour protéger la Corée du Sud libérale des menaces posées par les forces communistes nord-coréennes et éliminer les éléments hostiles à l’État, je déclare la loi martiale d’urgence”, a déclaré le président en direct dans un discours télévisé surprise.
La loi martiale est l’instauration dans un pays d’un état légal d’exception, au sein duquel l’armée assure le maintien de l’ordre à la place de la police ou cette dernière. C’est le chef de l’Etat qui « invoque » la loi martiale, ce qui signifie que le chef d’état-major des armées prend le pouvoir pour une durée limitée. Ce type de norme juridique est, dans une certaine mesure, comparable à un état de siège.
Cette intervention surprise intervient alors que le Parti du pouvoir populaire de Yoon Suk Yeol continue de se battre avec le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, sur le projet de budget de l’année prochaine. Les députés de l’opposition ont approuvé la semaine dernière un programme budgétaire considérablement réduit par l’intermédiaire d’une commission.
« forces hostiles à l’État »
“Notre Assemblée nationale est devenue un refuge pour les criminels, un repaire de dictature législative qui cherche à paralyser les systèmes administratif et judiciaire et à renverser notre ordre démocratique libéral”, a déclaré Yoon Suk Yeol. « Sans se soucier des moyens de subsistance du peuple, le parti d’opposition a paralysé le gouvernement, à des fins de destitution, d’enquêtes spéciales et pour protéger son chef de poursuites judiciaires », a ajouté le président.
Il avait également accusé les élus de l’opposition de couper « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation que sont la lutte contre la criminalité liée à la drogue et le maintien de la sécurité publique, transformant le pays en un paradis de la drogue et en un lieu de chaos pour la sécurité publique. Yoon Suk Yeol a ensuite décrit l’opposition comme « des forces hostiles à l’État ayant l’intention de renverser le régime ». Il a assuré que sa décision était « inévitable ».
Manifestants devant le Parlement
Des centaines de personnes se sont rassemblées au Parlement sud-coréen pour protester contre l’imposition de la loi martiale, selon des images diffusées en direct à la télévision. «Ouvrez la porte, s’il vous plaît. Votre travail consiste à protéger l’Assemblée nationale. Pourquoi restez-vous les bras croisés pendant que les députés sont piétinés ? » a crié un homme à un groupe de policiers qui gardaient les portes du Parlement.
“Je rétablirai la normalité dans le pays en me débarrassant au plus vite de ces forces hostiles à l’Etat”, a insisté le président sud-coréen. De son côté, l’armée a assuré qu’elle « appliquerait la loi martiale jusqu’à ce qu’elle soit levée par le président ».