Gabriella Papadakis-Guillaume Cizeron, de leurs débuts à Clermont au titre olympique, 20 ans de complicité en or

Sur la glace, ils ne faisaient qu’un, tant leur symbiose était parfaite. Une description qui appartient définitivement au passé, puisque Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont annoncé, mardi 3 décembre, la fin de leur carrière. Leur association dans la danse sur glace a duré plus de 20 ans. Ensemble, ils ont gravi toutes les marches, des championnats juniors jusqu’aux Jeux olympiques, où ils ont décroché l’or en 2022, à Pékin. Sans jamais renier leurs idéaux. “Ils voulaient être eux-mêmes, avec leur liberté d’esprit et leur besoin d’innover.résume Romain Haguenauer, leur entraîneur depuis 2012.

Leur histoire commence en 2003 à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Gabriella Papadakis avait alors huit ans, Guillaume Cizeron, neuf ans. À la suggestion de la mère de Gabriella, alors entraîneure, les deux jeunes patineurs en herbe tentent de faire équipe sur la glace. La combinaison des deux fonctionne immédiatement.

« Quand on en constitue un couple, on les choisit déjà en fonction du niveau de patinage, pour qu’ils s’accordent. Nous les choisissons aussi pour la qualité du patinage, c’est-à-dire la manière de patiner”, expliquait en 2008, à 3 Auvergne, Catherine Papadakis, mère de Gabriella et coach du couple depuis leurs débuts jusqu’en 2014. «Ils avaient un énorme potentiel. Malgré leurs différences, que ce soit la manière de patiner, leurs critères physiques et morphologiques, ils se sont tout de suite complétés, c’était naturel. Ils ont additionné leurs qualités », elle se souvient aujourd’hui de franceinfo : le sport.

Dès les catégories jeunes, le couple excelle. Champions de France juniors 2008, 2009, 2010, 2011 et 2013, ils survolent les compétitions mais regardent déjà plus loin. En 2011, ils quittent Clermont pour Lyon, pour rejoindre Muriel Boucher-Zazoui, qui a notamment marqué la carrière d’autres grands couples : Anissina-Peizerat, Delobel-Schoenfelder et Péchalat-Bourzat. Cinquième aux championnats du juniors l’année suivante, le jeune tandem fait forte impression. En 2013, ils franchissent une nouvelle étape en devenant vice-champions du monde juniors.

A Lyon, ils ont également rencontré Romain Haguenauer, alors chef de la division France. Il les connaît depuis qu’ils ont 12 et 13 ans, mais il ne les a pris sous son aile à plein - qu’en 2012 et est toujours avec eux aujourd’hui. « J’ai tout de suite été impressionné par leur technique, la qualité de leurs genoux. » se souvient Romain Haguenauer auprès de franceinfo : sport. Il parle “alchimie” entre les deux patineurs. “Gabriella avait une expression qu’on voit rarement, et une facilité à s’adapter à Guillaume. Elle aurait pu le suivre les yeux fermés. Ils ont gagné beaucoup de - grâce à cette qualité », il pointe. Les points forts de Guillaume étaient, déjà à l’époque, «un toucher glacé, une souplesse et une puissance incroyable. Il était déjà capable de se déplacer deux fois plus vite que n’importe qui d’autre, sans effort apparent.

Le trio s’assemble parfaitement. « Il a toujours cru en nous, en nos capacités. Il a toujours eu une vision de la manière dont nous pourrions nous développer. C’était quelqu’un qui savait nous guider”a concédé Guillaume Cizeron à l’AFP.

En 2014, Romain Haguenauer quitte Lyon pour Montréal (Canada). À peine adultes, Gabriella et Guillaume décident alors de le suivre, pour faire de la capitale québécoise leur nouveau « chez-soi », malgré les “désaccord” de Catherine Papadakis, exclue de la préparation du couple.

“Ma décision personnelle a été très influencée par le fait que je les entraînais, et je suis arrivé à un moment où j’ai senti que le système en France me limitait personnellement et allait certainement limiter le développement de ce jeune couple très talentueux. “

Romain Haguenauer, entraîneur de Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron

sur franceinfo : le sport

Le choix est payant. Alors âgés de 19 et 20 ans, ils remportent leur premier titre européen en janvier 2015, suivi deux mois plus tard d’un premier titre mondial. « Nous ne nous y attendions vraiment pas. Nous sommes nous-mêmes impressionnés »a admis Guillaume Cizeron après cette première médaille mondiale. « Je redoute un peu l’année prochaine parce que, finalement, ça va être dur de faire la même saison. » » s’est aventurée Gabriella Papadakis. L’année suivante sera cependant une copie conforme, avec le doublé Europe-Coupe du Monde. Au total, le couple a remporté cinq titres européens consécutifs entre 2015 et 2019 et cinq titres mondiaux, en 2015, 2016, 2018, 2019 et 2022.

Pour Romain Haguenauer, cette expatriation outre-Atlantique a été révélatrice, notamment pour Gabriella. Nouveau pays, nouvelle méthode de formation. “Je pense qu’elle s’est ouverte à ce moment-là, il observe. Elle a découvert une autre elle-même et son monde. Gabriella est une personne avec une histoire à raconter et cela a contribué à ce qu’elle devienne championne du monde à 19 ans, plutôt qu’à 29 ans comme la plupart des couples de danseurs.

C’est un tournant dans leur carrière. « Lors de ce titre, ils sont passés d’inconnus à champions du monde » confesses Romain Haguenauer about “l’un de ses couples les plus faciles à former.

L’année 2022 fait tomber de nouvelles barrières. Ils ont remporté un cinquième titre mondial un peu plus d’un mois après avoir finalement conquis l’Olympe de Pékin. L’exploit est historique. Avant eux, seuls les danseurs sur glace d’URSS, Lioudmila Pakhomova et Aleksandr Gorchkov, avaient réalisé ce doublé. Ce titre olympique est aussi une revanche sur eux-mêmes, quatre ans après les JO de PyeongChang en 2018. Arrivés favoris, ils ont alors vu leurs espoirs s’effondrer dans le programme court, au moment même où le tour de cou de la tenue de Gabriella s’est détaché, perturbant leur performance. qui termine à la deuxième place.

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Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, champions olympiques de danse sur glace, lors de la cérémonie de remise des médailles aux Jeux olympiques de Pékin (Chine), le 14 février 2022. (CHINA NOUVELLE / SIPA)

Vice-champions olympiques, derrière leurs rivaux et partenaires d’entraînement Tessa Virtue et Scott Moir, ils ont été profondément marqués par cette déception. A Pékin, ils l’ont effacé avec l’or et le meilleur score total de l’histoire (226,98 points). « Nous voulions réécrire ce chapitre de notre carrière» a déclaré Guillaume Cizeron après avoir finalement remporté l’or olympique. Nous n’avions jamais été aussi stressés de toute notre vie. Mais en même -, nous avons vécu l’un des plus beaux moments de notre carrière. Nous savions que nous pouvions faire confiance à notre entraînement et que nous pouvions nous faire confiance sur la glace. Il y a eu toutes ces 17, 18 années de partenariat.

Ensemble, ils traversent plus de vingt ans de leur vie, allant de l’enfance à l’adolescence, les changements corporels qui les aliènent parfois, la séparation d’avec leur famille… « Ce qui est exceptionnel, c’est de pouvoir trouver son partenaire très jeune, c’est-à-dire qu’il y a un ‘match’ presque parfait à huit-neuf ans, et qu’il dure toute votre carrière.souligne Romain Haguenauer. A vingt ans, ils avaient déjà plus de dix ans d’expérience ensemble. Cela compte sur la glace pour les automatismes.

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Le couple de danseurs sur glace Papadakis-Cizeron, lors de leur programme libre aux Championnats du monde de patinage artistique, à Montpellier, le 26 mars 2022. (KAZUKI WAKASUGI/SIPA)

Le couple de danseurs sur glace Papadakis-Cizeron, lors de leur programme libre aux Championnats du monde de patinage artistique, à Montpellier, le 26 mars 2022. (KAZUKI WAKASUGI/SIPA)

« Ils n’ont pas besoin de se parler pour se comprendre, et ça fait toute la différence. De plus, je ne connais personne d’autre dans l’industrie qui n’ait pas changé de partenaire. observé sur franceinfo : sport Annick Dumont, entraîneure française de patinage artistique et consultante pour France Télévisions, en 2022 au moment du titre olympique.

Ils doivent cette longévité à une vision artistique commune. « Ce sont certes des concurrents, mais gagner nn’était pas leur objectif premier, livre Romain Haguenauer. Ils n’ont jamais fait de concessions, se disant « on ne va pas faire ça parce qu’on risque de ne pas gagner ». L’envie d’essayer de nouvelles choses a toujours pris le pas sur la stratégie consistant à marquer plus de points. C’est rare, car on parle encore d’un sport olympique.»

« Ils ont toujours été un cran au-dessus des autres et hors du moule. Ils ont toujours gardé leur unicité, c’est pourquoi ils ont été, à mon avis, sous-estimés pendant des années. Cela a pris du -, mais ils ont fini par être reconnus.

Catherine Papadakis, mère de Gabriella et ancienne coach du couple

sur franceinfo : le sport

Depuis 20 ans, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron ont contribué, au-delà de leurs réalisations, à faire évoluer leur discipline. « Ils ont réussi à montrer qu’en patinage, on peut faire les choses les plus simples, ou qui paraissent les plus simples, et les rendre magiques. Et qu’il ne faut pas multiplier les difficultés acrobatiques, ni, j’exagère volontairement, se déguiser en clown avec des plumes et des paillettes”, Romain Haguenauer slice.

Pour lui, ils ont même « a ramené la pureté du patinage alliée à celle de danser pour gagner, avec la réglementation actuelle. En 2015, ce fut une véritable révolution. Cela a apporté un vent de fraîcheur à ce patinage qui a toujours eu tendance à rester dans une zone « un peu kitsch » ». Catherine Papadakis, qui se félicite de leur avoir inculqué « liberté de mouvement »loin de “formatage” le patinage, abonde : «Ils ont apporté une touche incomparable de glace, d’harmonie, de recherche artistique et de détente dans le patinage». Après s’être retirés des compétitions en 2022, Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron raccrochent définitivement les patins, ce dernier laissant derrière lui l’un des sillons les plus gracieux du patinage mondial.

 
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