C’est un privilège qui pose question. Ou quand un président profite de ses derniers mois de mandat pour gracier son propre fils. Pire, le président en question avait promis de ne pas s’immiscer dans le processus judiciaire. Dimanche 1er décembre, Joe Biden est finalement revenu sur sa parole en accordant une grâce « totale et inconditionnelle » à son fils, Hunter. Ce dernier, qui attendait sa condamnation dans des affaires de détention illégale d’armes à feu et de fraude fiscale, n’est donc plus concerné par les procédures judiciaires en cours, mais aussi à venir.
Cette annonce intervient dix jours avant que la peine requise contre Hunter Biden, 54 ans, ne soit prononcée. L’ancien avocat, sujet à toxicomanie, avait menti sur un formulaire d’acquisition d’un revolver, dans l’État du Delaware, en 2018. Il avait également été visé par la justice californienne pour fraude fiscale, après avoir évité le paiement d’environ 1,4 million d’euros en 2018. impôts, entre 2016 et 2019. Charge pour laquelle le fils du président des États-Unis a plaidé coupable, jeudi 5 septembre. Il encourt jusqu’à 25 ans de prison.
“Hunter a été choisi parce qu’il est mon fils”
« Aucune personne raisonnable examinant les faits dans les affaires Hunter ne peut parvenir à une conclusion autre que celle-ci : Hunter a été choisi uniquement parce qu’il est mon fils – et c’est faux. »a toutefois justifié Joe Biden, dans un communiqué. L’élu démocrate de 82 ans était en route pour l’Angola lorsqu’il a fait cette annonce.
Son rival, et successeur à la présidence des Etats-Unis, Donald Trump n’a pas tardé à critiquer ce choix, sur son réseau Truth Social, le soir même : « La grâce accordée à Hunter par Joe inclut-elle les otages (du 6 janvier), emprisonnés depuis des années ? Quel abus et quelle erreur judiciaire ! »
Le principal intéressé, Hunter Biden, a de son côté affirmé qu’il « consacrer la vie (qu’il a) reconstruite à aider ceux qui sont encore malades et qui souffrent »dans un message adressé aux médias américains. Ses avocats ont soutenu que c’était uniquement parce qu’il était le fils du président qu’il avait été traduit en justice. Son cas a longtemps été une épine dans le pied de la famille Biden, notamment en cette année électorale où les républicains ont accusé le plus jeune fils du président de bénéficier d’une clémence excessive.
Joe Biden avait pourtant assuré à plusieurs reprises qu’il n’accorderait pas de grâce présidentielle à son fils. Pas plus tard qu’en septembre, la Maison Blanche l’a réaffirmé. « Dès le jour où j’ai pris mes fonctions, j’ai dit que je n’interférerais pas dans le processus décisionnel du ministère de la Justice, et j’ai tenu parole même si j’ai vu mon fils être si brutalement poursuivi en justice. sélectif et injuste »a-t-il insisté, malgré le revirement soudain symbolisé par sa décision.
“Ils ont essayé de me briser”
S’il a joué sur l’empathie pour justifier sa décision, rappelant que lui et sa femme, Jill, vivent dans le deuil depuis la mort de leur fils aîné, Beau, d’un cancer du cerveau en 2015, Joe Biden s’attaque également à un “schème” politique. « Les accusations portées contre lui n’ont émergé qu’après que plusieurs de mes opposants politiques au Congrès les ont incités à m’attaquer et à s’opposer à mon élection.dit-il. En essayant de briser Hunter, ils ont essayé de me briser, et il n’y a aucune raison de croire que cela s’arrêtera là. »
Surprenant quand on regarde le profil du procureur spécial qui a enquêté sur les deux affaires. Doté d’un statut garantissant son autonomie, David Weiss est resté à distance de toute force politique, y compris la Maison Blanche, dans le cadre de ces dossiers. Le timing de l’annonce ne laisse cependant guère de doute sur la crainte de voir la justice devenir indépendante lors du second mandat de Donald Trump.
Plus largement, cette décision ne manque pas de soulever de nouvelles questions sur l’indépendance du système judiciaire américain. Quelques heures seulement après l’annonce de Joe Biden, son rival républicain a annoncé la nomination de Kash Patelin à la tête de la police fédérale, le FBI. Fidèle parmi les fidèles au sein du mouvement Maga (pour « Make America great Again »), proche des mouvements complotistes et prêt à démanteler la justice, Kash Patelin s’inscrit dans la lignée des récentes nominations de Donald Trump, qui a promis de reprendre le contrôle de la justice pour y parvenir. ses objectifs.
Dans le même temps, les poursuites pénales contre le président nouvellement élu sont au point mort depuis que la Cour suprême a rendu un arrêt historique sur l’immunité présidentielle. Ce qui lui garantit qu’il ne purgera probablement jamais de peine de prison, malgré sa condamnation pour falsification de documents comptables et pour son rôle dans la tentative de coup d’État avec la prise du Capitole en janvier 2021. De plus, Donald Trump a promis de gracier tout le monde. reconnu coupable d’avoir envahi le Capitole. La justice américaine n’a donc pas fini d’être malmenée par le pouvoir politique.
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