Il s’agit d’un nouvel adversaire officiel de Kyiv. Les Houthis du Yémen combattent en Ukraine aux côtés de la Russie via une société impliquée dans le trafic d’armes, affirme l’ONG d’investigation suisse Inpact («Enquêtes avec impact»), confirmant l’enquête du Financial Times publiée ce week-end. Selon Lou Osborn, membre de l’ONG, les contrats entre ces mercenaires, souvent sans le sou, et l’armée russe passent par une société, basée au sultanat d’Oman, liée au parlementaire yéménite Abdul-Wali Abdo Hassan Al. – Jabri, du côté des Houthis. “Il est impliqué dans le commerce d’armes entre la Russie et les Houthis», a-t-elle assuré ce mercredi 27 novembre.
Washington accuse depuis des mois Moscou de vouloir fournir des armes aux Houthis yéménites, rebelles alliés de l’Iran qui perturbent depuis un an le commerce international en attaquant des navires en mer Rouge. Moscou et Téhéran, unis notamment par leur inimitié à l’égard de Washington, se sont de facto considérablement rapprochés. Contactés par l’AFP mardi, les Houthis n’ont pas répondu. S’exprimant sous couvert d’anonymat, un diplomate ukrainien a déclaré que même si les Russes n’ont pas encore “pas de limite“, ils n’ont pas “aucune preuve».
En décembre 2023, le Premier ministre népalais, Pushpa Kamal, a confirmé le départ d’une partie de ses ressortissants – plus de 1 000, a-t-on appris en mars – dans les rangs de l’armée russe. Quelques mois plus tard, en février 2024, le quotidien indien L’Hindou a à son tour informé qu’une centaine de soldats indiens avaient été enrôlés par la Russie dans son centre de recrutement de Moscou au cours de l’année écoulée. Enfin, le 12 novembre, les États-Unis confirment la rumeur qui circulait depuis plusieurs semaines, selon laquelle plus de 10 000 recrues nord-coréennes seraient bel et bien « engagé dans des opérations de combat » aux côtés de Moscou dans la région russe de Koursk.
Deux conflits parallèles qui résonnent
Sur la mer Rouge, les rebelles yéménites ciblent depuis des mois les navires commerciaux qu’ils jugent liés à Israël, aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Ils disent agir en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza, dans le contexte de la guerre entre Israël et le mouvement islamiste palestinien Hamas.
En janvier, une délégation officielle des Houthis s’est rendue à Moscou pour discuter de la «il faut redoubler d’efforts pour faire pression» sur les Etats-Unis et Israël afin de mettre fin à la guerre dans la bande de Gaza, selon un porte-parole rebelle. Ce dernier, Mohammed Abdelsalam, avait précisé sur X (anciennement Twitter) que sa délégation avait été reçue par le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Mikhaïl Bogdanov.
En septembre, les États-Unis ont accusé Moscou de discuter de transferts d’armes avec ceux qui contrôlent désormais une grande partie du territoire yéménite, au terme d’une guerre civile qui dure depuis plus de dix ans. Selon Lou Osborn, “Certains combattants sont recrutés à Amman, en Jordanie, alors qu’ils travaillent dans des restaurants» et sont dépourvus d’une réelle expérience militaire.
«On leur promet 10 000 $ dans un premier temps puis 2 500 $ par mois. Mais à leur arrivée, ils sont accueillis par l’armée russe et sont payés 260 dollars par mois. dit-elle en faisant référence à quelques centaines de personnes. Les combattants transitent par le sultanat d’Oman avant d’être envoyés en Russie. Mardi 26 novembre, Inpact ne disposait pas d’informations complémentaires sur leur éventuelle formation avant d’être envoyé au front et sur la gestion de la traduction linguistique.