Les calculatrices s’échauffent, les esprits s’échauffent. Les grands financiers des communes de France s’arrachent les cheveux pour construire leur budget après les annonces d’économies faites par le gouvernement.
Il fallait trouver cinq milliards d’économies pour les collectivités criant à l’étranglement financier, alors qu’elles doivent boucler le dernier budget avant la campagne des municipales.
Jeudi 21 novembre 2024, les maires de France guettaient les annonces du Premier ministre à l’issue du congrès à Paris. Le maire de Poitiers était là. Au retour, vendredi, Léonore Moncond’huy partage “sa déception” et un sentiment « d’injustice ».
« Il n’a pas réussi à faire passer le message de l’injustice »
« Malgré quelques messages d’amour adressés aux communes, il n’a pas réussi à lever le message d’injustice partagé par la plupart des maires. Ces mesures sont paradoxales, elles veulent limiter la dette de l’Etat mais elles vont augmenter la nôtre pour tenir nos engagements. »
Toucher aux impôts ?
Actuellement, pour la Ville de Poitiers, les mesures annoncées représentent environ 2,5 millions d’euros en moins des mesures directes et 4 millions d’euros en incluant les mesures indirectes. Un grand trou qui appelle des choix drastiques, difficiles et exaspérants.
Augmenter les impôts locaux ? “J’espère ne pas avoir à le faire, l’hypothèse budgétaire sur laquelle nous travaillons ne prend en compte aucune évolution de la fiscalité cette année”indique le maire. Le plan d’économies importantes du gouvernement sur plusieurs années ne garantit pas que nous n’aurons pas à y recourir les années suivantes.
L’enveloppe globale des subventions aux associations sera de “sanctuaire”, ce qui n’exclut donc pas des arbitrages différenciés selon les structures.
“Allez à l’essentiel”
Si les grands projets lancés ne subiront ni arrêt ni retard, les nouveaux projets seront scrutés. La mairie souhaite toucher le moins possible aux investissements.
Qui va souffrir ? Au service du public ! « Nous n’en supprimerons rien mais il faudra aller à l’essentiel. Nous ne pourrons pas prendre note de ce qui fonctionne et l’étendre. Des vacances pour tous, on n’augmentera pas le budget, c’est dommage car ça cartonne ! »
La baignade à Tison ne peut pas être étendue. La Ville pourrait cesser d’assurer certains équipements compte tenu des prix exorbitants. Il faudra réduire certains événements ou ne pas en lancer de nouveaux.
Attentif vous votez final votre budget
Rien n’est encore définitivement gravé dans le marbre. En effet, le projet de loi de finances arrive ce lundi en débat au Sénat en séance publique. Les élus de droite et du centre, majoritaires, entendent atténuer le coup porté aux collectivités par des amendements.
Mais les contours de ce budget de l’Etat pour 2025 restent inconnus. Cela peut même amener le gouvernement à la merci d’une motion de censure.
Poitiers devra de toute façon voter son propre parti. Nous serons le 10 février 2025. Les grandes orientations budgétaires seront débattues le 16 décembre (1). Il est temps de faire des choix.
(1) Le conseil municipal de Poitiers mettra aux voix, le 16 décembre, la motion de l’Association des Maires de France dénonçant les coupes budgétaires imposées aux collectivités.
Les activités extrascolaires sont durement touchées
Il était menacé depuis longtemps. Le fonds de soutien aux activités périscolaires est désormais supprimé. À Poitiers, 600 000 € ont disparu.
« Pour maintenir le service actuel, cela signifie qu’il faudra compenser à hauteur de ce montant le désengagement de l’État. Nous ne pourrons donc pas apporter d’améliorations au service, la priorité sera de préserver le service tel qu’il existe déjà”, explique le maire de Poitiers.
Le Fonds vert avait permis de verdir les écoles. C’est prévu. « Pour nous, cela signifie réduire ou reporter les projets de rénovation énergétique des écoles. »