Travailler 7 heures de plus par an sans être rémunéré, une mesure qui divise

Travailler 7 heures de plus par an sans être rémunéré, une mesure qui divise
Travailler 7 heures de plus par an sans être rémunéré, une mesure qui divise

Financer les dépenses liées aux personnes âgées dépendantes et handicapées. Vingt ans après l’instauration d’une première journée de solidarité, le Sénat – à majorité de droite et du centre – a approuvé (par 216 voix contre 119), la proposition de la rapporteuse générale de la commission des affaires sociales, Élisabeth Doineau (centriste). Union). La mesure consiste à demander aux salariés de travailler sept heures supplémentaires dans l’année, sans rémunération.

Retraites, journée de solidarité… Le Sénat saisit le budget de la Sécurité sociale

En échange du bénéfice de ces heures supplémentaires » gratuit », les entreprises verront leur contribution de solidarité pour l’autonomie doubler, passant de 0,3 % à 0,6 %. Les employeurs verseront ainsi 2,5 milliards d’euros à la branche autonomie de la Sécurité sociale. Reste que la mesure est loin d’être adoptée. Et pour cause, il faut en débattre en commission mixte, où siègent les députés. Toutefois, au sein du gouvernement, les avis divergent.

Un gouvernement réservé et divisé

Dans un premier temps, le Premier ministre Michel Barnier s’est dit « très réservé » face à la proposition. Le locataire de Matignon n’est pas à l’aise à l’idée de faire travailler les gens sans les payer. Au sein de l’exécutif, les avis ne sont pas partagés.

« C’est une piste intéressante. Cela fait partie des discussions pour trouver des ressources supplémentaires pour nos comptes publics. a réagi Marc Ferracci, ministre de l’Industrie.

Même son de cloche chez Antoine Armand, ministre de l’Économie. Lui aussi estime que cette option mérite d’être étudiée. ” La question du temps de travail n’est pas un tabou et doit être posée. Cela devrait-il passer par un amendement au projet de loi de financement de la Sécurité sociale ? Aujourd’hui, la position du gouvernement est non. Que cela puisse être retravaillé avec les partenaires sociaux, je pense que cela pourrait être une bonne idée », a convenu le ministre des Comptes publics, Laurent Saint-Martin.

Astrid Panosyan-Bouvet, ministre du Travail, est plus prudente. Elle estime que cela doit faire l’objet d’une négociation avec les partenaires sociaux. Pour rappel, syndicats et patronat viennent de s’entendre sur l’emploi des seniors et la réforme de l’assurance chômage. Pas question de ruiner la confiance retrouvée et d’ajouter des irritants.

Et ce d’autant plus que le gouvernement s’apprête à lancer une consultation sur la réforme des retraites. L’ambition : bloquer le projet de loi du Nouveau Front populaire visant à abroger la réforme d’Emmanuel Macron, débattu le 28 novembre.

Un butin alléchant

Mais renoncer à 2,5 milliards d’euros est loin d’être négligeable. Pour rappel, le déficit de la Sécurité sociale dépasse cette année les 18 milliards d’euros. L’exécutif a toutefois accepté – pour s’assurer un soutien politique – de réduire certaines économies prévues (gel des retraites, notamment).

« De plus, le bill proposed by Élisabeth Doisneau is smartconfie un conseiller ministériel. Car ce ne serait pas un jour de moins, mais des heures travaillées en plus. Ce qui revient au même, mais évite de s’en prendre aux sacro-saints jours fériés. ».

Les sénateurs prônent la flexibilité et laissent les employeurs en première ligne. Ces derniers auront le choix d’organiser des horaires de travail supplémentaires. En supprimant un jour de RTT par exemple. Les chefs d’entreprise pourront également demander une demi-heure de travail supplémentaire à certaines périodes de l’année. Quant au premier jour de solidarité, dont les modalités d’application ont été assouplies au fil du temps, la répartition de ces sept heures de solidarité sera définie par un accord d’entreprise, une convention ou un accord de branche.

Une augmentation des cotisations n’est jamais bien acceptée par les employeurs. Force est de constater que ce dernier est bloqué, dans la mesure où il réclame, depuis longtemps, que les Français travaillent davantage. Sans surprise, les syndicats s’y opposent résolument.

Enfin, dernier argument auquel l’exécutif n’est pas insensible : cette mesure figurait parmi les recommandations d’un récent rapport sénatorial sur la situation financière dégradée des Ehpad.

Reste à savoir si elle sera maintenue dans la version finale du projet de loi. Face à la multitude de conflits sociaux déjà en cours (agriculteurs, fonctionnaires, cheminots…), le gouvernement craint que ces 7 heures annuelles n’ouvrent l’épineux débat sur la durée moyenne de travail en . Un sujet extrêmement sensible depuis les 35 heures. Il craint que ce soit l’étincelle qui enflammera le pays.

 
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