« Le prochain passage important est le Pot au Noir. On voit que pour les premiers, il n’a pas l’air trop mal. Pour ceux qui sont derrière, cela risque d’être plus compliqué. Je dois vous avouer une chose : je n’ai jamais rien compris au Pot au Noir. Jean-Yves Bernot (météorologue) a essayé de me l’expliquer à plusieurs reprises et je n’ai jamais rien compris. Il parle de masses nuageuses, d’instabilité, de compactage, de plein de termes capillotractés avec des images satellites. J’ai toujours deviné un peu en utilisant les fichiers de prévisions de vent, en levant les yeux depuis mon ordinateur et en regardant les nuages.
“C’est un peu hasardeux”
Je ne suis pas une référence dans le Pot au Noir mais au sens large, c’est l’interface entre l’anticyclone des Açores dans l’hémisphère nord et son homologue de l’Atlantique Sud (anticyclone de Sainte-Hélène). Les deux forment une sorte d’engrenage qui s’accroche ensemble. Vous devez essayer de passer là où les dents sont formées. Dès que les engrenages sont écartés, il n’y a plus de vent. La zone la moins défavorable n’est jamais au même endroit, parfois elle erre, elle s’agrandit. De mon point de vue, c’est très difficile à prévoir et c’est un peu aléatoire. Il existe malgré tout un point statistique vers 27°-28° ouest.
En pratique, cela dépend de l’endroit où vous arrivez. La majorité de la flotte arrive par l’ouest : ce n’est pas très favorable pour atteindre la pointe brésilienne, ils navigueront plus près. Mais il semble que l’alizé soit plus à l’est qu’au sud-est et cela leur servira moins. Il faut aussi regarder le plan suivant. L’anticyclone de Sainte-Hélène est très, très sud. C’est une trajectoire normale. Il y avait des trajectoires plus allongées et plus creuses que celle avant de se diriger vers l’est. Nous verrons dans les jours à venir.
Des perdants ? Il ne faut pas jeter le bébé avec l’eau du bain… Il est encore temps. Il leur reste encore six ou sept fois ce qu’ils viennent de faire. Ils ont connu un début de course plutôt tranquille sauf peut-être à la pointe de l’Espagne. Ils connaissaient cela comme un pré-Pot au Noir. Cela ne devrait pas être terrible pour les premiers. Il devrait les laisser passer. C’est une belle introduction. Nous avons connu des atmosphères plus stressantes. Parmi les décevants, je mets un petit ticket sur Malizia mais Boris (Herrmann) est un diesel et je ne serais pas surpris si on le voyait revenir alors qu’il est un peu plus fort dans les mers du Sud. Il n’y a personne éliminé pour le moment, il est quand même bien regroupé même si Sam Goodchild fait un superbe début de course avec un bon départ, des options juste attaquées mais pas trop. Pour le moment, il semble s’en contenter. Ce n’est pas une surprise pour moi : il faisait partie des grands favoris, mais juste derrière le trio de grands favoris sur le papier (Thomas Ruyant, Yoann Richomme et Charlie Dalin). Il n’y a pas de brebis perdue, tout est en ordre pour le moment.